Indochine«Le public nous attend, on se doit d'être inspirés»
Le groupe français Indochine sortira le lundi 11 février 2013 «Black City Parade». Le chanteur, Nicola Sirkis, et le guitariste, Boris Jardel, parlent de ce 12e album, d'une seule voix.
- par
- Julien Delafontaine
Sorti en 2009, «La République des Meteors» s'est vendu à 300'000 exemplaires. Il a été présenté lors d'une tournée de 80 concerts rassemblant plus de 800'000 spectateurs. Il a également donné naissance au DVD «Putain de stade». «Black City Parade» portera-t-il à nouveau Indochine vers les sommets? Le groupe français a tout fait pour, en tout cas.
Indochine, comment est né «Black City Parade»?
A là fin de la gigantesque tournée «Meteor», on avait besoin de faire une pause pour laisser revenir l'inspiration. On s'est reposés, l'envie est revenue et on s'y est remis. Mais pour y arriver, on a dû se poser beaucoup de questions. On a étudié les choses positives et négatives qui nous entourent.
Comment le décrivez-vous?
Cet album est un parcours de quatorze mois avec des humeurs, des réflexions sociologiques, médiatiques et sentimentales. Il est lumineux comme une banque suisse... Plus sérieusement, il est gris, froid et urbain. Mais comme une ville peut être lumineuse quand il fait froid. En fait, il est archilumineux, malgré le fait qu'il s'appelle la parade de la ville noire.
Vous avez enregistré «Black City Parade» dans plusieurs villes. Pourquoi?
C'était une façon de sortir de la routine. Les trois derniers albums, on les a enregistrés et composés à Paris et à Bruxelles. Là, on voulait vraiment changer d'univers. On est allés, entre autres, à Berlin et à New York. Comme l'album a pris beaucoup de temps, Nicola a aussi écrit des textes à Tokyo. Par hasard, d'ailleurs. Il y a trouvé l'inspiration lors d'un voyage avec sa fille qu'il avait promis d'amener là-bas pour ses 10 ans.
Y a-t-il des villes où vous êtes allés et n'avez pas été inspirés ?
Non. En revanche, il y a des villes qui figurent sur l'album dans lesquelles nous ne sommes pas rendus. Comme Belfast ou à Québec. On n'a pas besoin d'y aller pour ressentir des choses. Le Printemps d'érable nous a marqués, car cette grève étudiante a été très peu développée médiatiquement en Europe. Ils ont pourtant fait, là, leur Mai 68, les Québécois.
Votre dernier disque est sorti il y a quatre ans...
Faire un album pour faire un album n'était pas le propos. Indochine est un groupe qui pourrait faire des tournées juste avec ses hits. On aurait pu ainsi simplement sortir un best of. Mais on a cette chance que le public attend encore des nouvelles chansons de nous. On a donc des devoirs. On se devait d'être inspirés et de ne pas simplement faire un album de plus.
Comment retrouve-t-on l'inspiration après toutes les belles choses que vous a apportées «La République des Meteors»?
On a dû redescendre de notre piédestal après la tournée, abolir nos privilèges et repartir de zéro. Cela prend un peu de temps parce que pendant deux ou trois ans on s'était complètement occupé de nous. Mais ça nous a permis de rester humbles et, ensuite, de trouver vraiment les bonnes raisons d'y croire encore. Si «Black City Parade» existe, c'est que l'on y croit toujours.
Est-ce facile de quitter un piédestal?
Il suffit de rentrer chez soi. Chez nous, nous ne sommes pas entourés d'une cour. Dans la vie de tous les jours, on passe très souvent inaperçus. On se met dans le moule de la société, du système, et on y voit les failles ou les intérêts. On n'est pas comme des vieilles ou des jeunes divas entourées de manucures ou de mignons ou de mignonnes comme certains. Non. Nous on a nos enfants, nos vies. Quand on parle de piédestal, cela ne veut pas dire que l'on avait pris le melon, mais simplement qu'en tournée on est très choyés, très protégés. On n'a par exemple pas le droit d'aller faire du ski parce qu'il ne faut pas que l'un de nous se casse une jambe.
Avec votre statut de star, comment arrivez-vous encore à vous inquiéter des problèmes de la société?
On n'est pas coupés de la société. On est un groupe de rock. On vit dans cette société, on connaît ses problèmes. On a des amis qui n'ont rien à voir avec ce métier et qui rament dans la crise. Non, on n'est pas coupés, on n'est pas dans notre château, bien au contraire.
Comment le groupe travaille-t-il?
On dévoilera tout cela dans un documentaire qui sortira au mois de juin. Pour la première fois, on a effectivement décidé d'être suivis par des caméras du début à la fin de la réalisation de ce disque. Pour résumer notre façon de travailler: Nicola a la mainmise sur l'écriture des textes et sur le «final cut». Il a cette légitimité, car il est le membre fondateur. Pour le reste, même si Oli et Nicola forment un noyau dur créatif, chaque membre apporte son truc. C'est un vrai travail de groupe.
Vous avez annoncé une tournée exceptionnelle avec ce disque...
Notre volonté est de démontrer que l'on a encore les moyens physiques et logistiques de faire des choses incroyables. Lors de la tournée précédente, on était passés à Genève et à Paléo avec tout notre matériel scénique. Il y a en revanche beaucoup de villes en France où cela n'a pas été possible et on avait dû improviser. Là, on a donc décidé de faire une tournée en trois dimensions. On commencera avec de petites et moyennes salles avec un matériel adapté à leurs tailles. Puis on poursuivra avec plus de matériel dans de grandes salles comme l'Arena le 12 décembre. On terminera avec les festivals et les stades. C'est une longue étude logistique pour savoir ce qu'on pourra faire, où et comment.
Quid de la mise en scène de vos concerts?
Pour la première fois, il va se passer quelque chose de très fort. Les gens vont être très surpris. Pas par le gigantisme ou le bling-bling du truc – on ne va pas arriver en hélicoptère ou traverser un mur – mais il va y avoir un moment gracieux et majestueux dans cette tournée ou tout le monde sera concerné.
Vous avez toujours autant de plaisir à partir en tournée?
C'est la partie la plus réjouissante lors de la sortie d'un disque. On retrouve le contact avec le public. Même si on a tous des enfants et que de devoir quitter sa famille, ce n'est pas facile. Mais on a cette chance de pouvoir choisir quand on veut être en route et on joue au maximum trois soirs par semaine. Pour plusieurs raisons, la principale étant nos enfants. Mais on ne veut pas non plus faire de l'abattage. Si tu donnes quatre ou cinq concerts par semaine, il y en a forcément un où tu es moins bon, et c'est injuste pour le public.
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