Témoignage d'un pilote: Le scénario du crash de l'A320 était prévisible

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Témoignage d'un piloteLe scénario du crash de l'A320 était prévisible

«J'espère que, après une pause pipi, je ne me retrouverai jamais devant une porte verrouillée», s'était inquiété un pilote néerlandais.

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jd
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20.05 Le président de l'ordre allemand des médecins estime que la la compagnie Lufthansa a «failli» en ne contrôlant pas Lubitz.

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AFP/Christof Stache
04.04 Des proches de victimes du crash de la Germanwings sont outrés par le faire-part de remerciements des parents du copilote Andreas Lubitz. Ils y clament leur amour pour leur défunt fils et leurs «peur et incompréhension» sans pour autant évoquer directement le drame ni les 149 victimes.

04.04 Des proches de victimes du crash de la Germanwings sont outrés par le faire-part de remerciements des parents du copilote Andreas Lubitz. Ils y clament leur amour pour leur défunt fils et leurs «peur et incompréhension» sans pour autant évoquer directement le drame ni les 149 victimes.

23.03 A la veille de l'anniversaire du crash de la Germanwings, des proches des 149 victimes se sont réunis mercredi à Barcelone et à Düsseldorf, points de départ et destination de l'avion que le copilote avait précipité sur une montagne en France.

23.03 A la veille de l'anniversaire du crash de la Germanwings, des proches des 149 victimes se sont réunis mercredi à Barcelone et à Düsseldorf, points de départ et destination de l'avion que le copilote avait précipité sur une montagne en France.

Albert gea

Il y a deux mois, le pilote de ligne néerlandais Jan Cocheret avait remis en question les mesures de sécurité mises en place dans les avions après les attentats du 11-septembre. Ce pilote chevronné, qui compte plus de 35 ans d'expérience, avait notamment soulevé le problème du verrouillage du cockpit, qui a permis à Andreas Lubitz de précipiter un A320 de la compagnie Germanwings dans les montagnes françaises, mardi dernier.

Dans un article publié par un journal spécialisé, dont des extraits ont été retranscrits sur le site du «Journal du Dimanche» (JDD), Jan Cocheret s'interrogeait sur le «système ultra-sécurisé de fermeture de porte». «Il n'est plus si difficile pour un pilote de prendre le pouvoir dans le cockpit et de laisser son collègue dehors», expliquait-il dans l'article. «Il suffit d'attendre qu'il ou elle aille aux toilettes et il ne pourra plus jamais ouvrir la porte pour revenir», donnait-il justement comme exemple. Quant au code secret permettant d'accéder à l'intérieur du cockpit, le pilote néerlandais mentionnait aussi la possibilité pour celui aux commandes de «désactiver cette option».

Beaucoup de cas de burn-out

Les malheureuses prédictions du pilote néerlandais ne s'arrêtaient pas là. Dans le même article, Jan Cocheret avait aussi évoqué les problèmes psychologiques des pilotes. «Je me demande régulièrement qui est à mon côté dans le cockpit. Comment être sûr que je peux lui faire confiance? Peut-être vient-il de se passer quelque chose de terrible dans sa vie qu'il est incapable de surmonter? J'espère que, après une pause pipi, je ne me retrouverai jamais devant une porte de cockpit verrouillée.»

A la lecture de ce témoignage, on attribuerait presque des dons de voyance à Jan Cocheret. Mais les troubles psychologiques sont en fait monnaie courante dans ce métier, explique Sami Mekhloufi, médecin du travail à l'aéroport Saint-Exupéry de Lyon, dans un autre article du «JDD», publié dimanche. «Moi qui reçois chaque année près de 400 pilotes, ­copilotes ou personnel navigant sur des courts et moyens courriers, je dois voir une dizaine de personnes au bout du rouleau, de burn-out «avoués» par an. La moitié concerne les pilotes», explique-t-il.

«Dans cette profession, on croise énormément de gens ­séparés, avec des problèmes familiaux et des soucis personnels», poursuit-il. «En dix ans, j'ai été confronté à trois suicides de pilote pour des raisons familiales. Ces personnes ne s'étaient jamais plaintes. J'ai discuté avec leurs amis, aucun ne soupçonnait un tel passage à l'acte», conclut Sami Mekhloufi. (jd/20 minutes)

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