Votations du 23 septembre : Le vélo s'impose dans la Constitution

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Votations du 23 septembre Le vélo s'impose dans la Constitution

Les pistes cyclables pourront être encouragées sur le même principe que les chemins pédestres. Les Suisses ont accepté dimanche par 73,6% des voix d'inscrire le vélo dans la Constitution fédérale. Aucun canton n'a refusé.

Les Romands ont été les plus fervents supporters de la petite reine. Les Vaudois sont les champions nationaux du «oui» avec 86,3%. Les Genevois suivent avec 83,1% devant les Neuchâtelois (82,3%) et les Jurassiens (81,6%). Le soutien atteint 76,3% à Fribourg, 74,4% en Valais et 72,2% à Berne.

La Suisse centrale s'est montrée plus frileuse. Obwald a les citoyens les moins convaincus du pays avec 57,2% de soutien suivis par Schwyz (62,5%) et Glaris (63,1%). Partout ailleurs, le vélo a séduit près ou plus de sept votants sur dix.

Au total, environ 1,475 million de personnes ont glissé un bulletin favorable dans l'urne. Le camp du «non» a réuni quelque 530'000 personnes.

Résultat attendu

Ce verdict n'est pas une surprise. Une large alliance incluant presque tous les partis politiques, des associations environnementales et même le TCS a roulé pour la bicyclette. Selon ces supporters, de meilleures voies cyclables amélioreront la sécurité des cyclistes et fluidifieront le trafic, ce sera bon pour le climat, la santé et même le tourisme en période de boom du VTT et des vélos électriques.

Au Parlement, l'UDC et quelques PLR étaient restés sceptiques. Cela coûtera cher et le délestage espéré pour les autres usagers de la route est illusoire car peu de gens pédalent sous la pluie ou dans le froid, ont-ils critiqué. Les opposants n'ont toutefois pas fait de campagne active contre la révision de la Constitution.

Coordination fédérale

Le premier coup de pédale avait été donné par l'initiative Vélo. Le texte a été retiré au profit d'une alternative concoctée par le Conseil fédéral et le Parlement. Grâce au «oui» sorti des urnes, la Confédération pourra, mais ne devra pas, coordonner la promotion du vélo.

Comme pour les sentiers pédestres, Berne pourra développer des standards nationaux et fournir des géodonnées pour les cartes et les applications mobiles. La planification, la construction et l?entretien des voies cyclables resteront du ressort des cantons et des communes. Un soutien fédéral ne pourra être que subsidiaire.

Le coût du changement constitutionnel s'annonce modeste. La Confédération compte créer un poste et demi de travail et dépenser 1,8 million de francs par an pour les efforts de coordination. Autant de coûts qui seront absorbés par le budget de l'Office fédéral des routes.

Réactions

Président de Pro Velo, Matthias Aebischer s'est dit étonné par l'ampleur du plébiscite de ses compatriotes. Ces 72% laissent sous-entendre que «même les automobilistes et les libéraux-radicaux ont accepté le texte», se réjouit-il. Le conseiller national socialiste a rappelé que le but des initiants était «que le vélo entre dans la Constitution». C'est chose faite.

Malgré l'importance du «oui», les instigateurs de l'initiative vélo ne regrettent pas leur décision d'avoir retiré leur texte à la faveur du contre-projet, a assuré la vice-présidente de l'ATE Lisa Mazzone. «Si nous avions maintenu notre initiative, nous nous serions heurtés à une campagne plus agressive de la part des opposants, ce qui aurait créé un climat et une configuration complètement différents.»

Leur victoire écrasante n'empêche d'ailleurs pas les initiants de garder la tête sur les épaules. De l'avis de Matthias Aebischer, on ne s'achemine pas vers des modèles d'autoroutes à vélo tels qu'en comptent le Danemark ou les Pays-Bas. Par contre, l'Allemagne est un modèle réaliste. «J'aimerais que de 8% (d'utilisateurs réguliers du vélo), nous passions à 16%» en terre helvétique.

Encore du pain sur la planche

A court terme, la priorité des partisans du contre-projet est sans suprise son application concrète. «Le vélo devra à l'avenir être pris en compte à part entière dans la planification» des infrastructures, tonne Lisa Mazzone.

La conseillère nationale verte rappelle que la future loi d'application ne concernera que la Confédération. Celle-ci pourra notamment «fixer des standards de qualité et de sécurité, mener des projets pilotes novateurs, etc.». L'ATE exige parallèlement qu'un réseau d'itinéraires supra-régionaux et, si nécessaire, de nouveaux instruments de coordination, soient créés.

Reste que pour que le contre-projet ait de l'effet, «il faut que les cantons et les communes fassent leur part», note l'élue écologiste. Les défenseurs de la petite reine ont donc encore du pain sur la planche. «Ce que nous avons réussi au plan national, il faut qu'il ait une conséquence sur le terrain; nous devons donc nous concentrer désormais sur les cantons et les communes.»

Fausse promesse

Les opposants au texte analysent différemment l'impact du scrutin de dimanche. L'UDC Manfred Bühler estime ainsi que le vote était «plutôt symbolique». Selon lui, ce contre-projet était en fait une fausse promesse, car les moyens alloués permettent tout au plus d'engager quelques collaborateurs administratifs.

Pour changer les choses, il faudrait investir dans des infrastructures, donc débloquer «des centaines de millions» par an. Dans cas, «il faudrait repasser par le Parlement», où les débats «risqueraient d'être houleux». Le conseiller national avertit qu'il ne serait «pas le seul à refuser qu'on coupe ailleurs, par exemple dans l'agriculture, ou qu'on introduise de nouveaux impôts».

Contrairement au Bernois, la Verte Adèle Thorens estime que la modestie des moyens financiers à disposition des pistes cyclables ne sera pas synonyme d'inaction. Selon la vice-présidente de Suisse Rando, le réseau helvétique de chemins pédestres est le parfait contre-exemple: il allie qualité et densité, ce malgré un budget relativement bas.

Même son de cloche du côté du PS: par rapport aux coûts du transport routier, des mesures efficaces en faveur de la circulation cycliste peuvent être mises en oeuvre avec des ressources très raisonnables, assure la conseillère aux Etats Géraldine Savary (PS/VD).

La sécurité avant tout

Ardent défenseur du trafic motorisé, le TCS fait partie du camp des heureux après le plébiscite du contre-projet vélo. Ce «oui» ne signifie pas qu'à l'avenir, tout tournera autour du vélo et plus rien autour de la voiture, insiste Peter Goetschi, son président central. «Il ne faut pas opposer ces deux moyens de transport.» Au contraire: la sécurité doit dans les deux cas être mise au centre.

Sans surprise, la sécurité figure aussi au centre des priorités du Bureau de prévention des accidents à l'issue du scrutin. S'il se réjouit de l'ancrage des voies cyclables dans la Constitution, le bpa rappelle que celles-ci ne représentent «pas toujours la solution la plus sûre». D'où la nécessité d'une «planification systématique du réseau».

(NewsXpress)

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