VaudL’école à visée inclusive frustre les profs
Depuis 2019, les écoles vaudoises sont tenues de mettre en place des mesures d’inclusion. Un sondage auprès des enseignants fait état de retours «préoccupants».

Le «Concept 360» vise à mieux accompagner et intégrer les élèves qui ont des besoins spécifiques (photo d’illustration).
L’objectif est noble: encourager l’inclusivité des écoles afin de favoriser l’égalité des chances. Cette volonté de l’Etat de Vaud se traduit par l’incorporation dans les classes ordinaires d’élèves «à besoins particuliers». Si les enseignants ont d’abord salué ce modèle éducatif, certains d’entre eux dénoncent aujourd’hui un alourdissement de leur cahier des charges et un manque de soutien de la part du Canton. En témoignent les résultats «préoccupants» d’une enquête présentée vendredi, par un regroupement de syndicats de l’enseignement obligatoire. Sur les presque 2000 membres du corps professoral interrogés, 79% considèrent que leur charge de travail a considérablement augmenté depuis la mise en place du «Concept 360», le dispositif qui vise à maximiser l’inclusivité dans les classes vaudoises.
Un problème de diagnostic
Le problème principal réside dans le diagnostic nécessaire à l’obtention d’aides supplémentaires. «Officiellement, 3,6% des élèves sont considérés comme ‘’à besoins particuliers’’. Dans la réalité, on estime qu’ils sont 15 à 20%», explique Julien Eggenberger, président du Syndicat des services publics (SSP). Cette différence s’explique par «la lourdeur des démarches» à entreprendre pour obtenir un diagnostic et, par conséquent, des aides. Par ailleurs, les moyens mis à disposition pour la prise en charge des élèves à besoins particuliers sont jugés insuffisants. Près de trois quarts des répondants affirment avoir demandé des prestations sans les obtenir. Autant d’éléments qui aboutissent à une dégradation des conditions d’enseignement. «Au final, ceux qui souffrent le plus sont les élèves», rappelle Julien Eggenberger.
Les syndicats réunis vendredi comptent interpeller le Conseil d’Etat afin de lui présenter plusieurs revendications portant sur ces problèmes. Questionné par nos soins, le Département de l’enseignement et de la formation professionnelle (DEF) n’a pas souhaité réagir aux résultats de l’enquête publiée vendredi. «L’école à visée inclusive fait l’objet, en ce moment même, d’une vaste analyse orchestrée par le Canton. Cette étude se veut globale et nous attendons donc les résultats de celle-ci avant de tirer des conclusions», explique Sacha Horovitz, communicant au DEF.