Les banques suisses ont pulvérisé de nouveaux records en 2006
Les banques suisses achèvent une année 2006 exceptionnelle.
L'UBS et le Credit Suisse (CS) vont présenter des bénéfices cumulés de certainement plus de 20 milliards de francs. La croissance devrait se poursuivre en 2007, mais à un rythme moins effréné.
Les résultats annuels ne seront dévoilés qu'en février prochain, mais les comptes des deux grandes banques après neuf mois ne laissent planer aucun doute. Le bénéfice net de l'UBS s'affichait à 8,85 milliards de francs à la fin septembre (& 17,3 % sur un an) et celui du CS à 6,65 milliards (& 40 %).
Uniquement en se maintenant au niveau bénéficiaire de leur dernier trimestre 2005, l'UBS devrait présenter un profit net 2006 de près de 11,5 milliards de francs et le Credit Suisse un gain de 8,6 milliards.
Une vigueur généralisée
Ces chiffres seront donc en hausse d'au moins 20 % sur 2005 pour l'UBS (sur la base des activités poursuivies) et de 29 % pour le CS. Mieux, la vitalité des deux mastodontes helvétiques constitue tout simplement la règle.
L'ensemble des banques cantonales affichait par exemple une hausse de leurs résultats nets de presque 18 % après six mois, à près de 1,4 milliard de francs. Les Raiffeisen se dirigent exactement dans le même sens. Dans la gestion de fortune: Vontobel, Julius Bär et Sarasin montrent des performances plus que solides.
Le fisc et les actionnaires ressortent grands gagnants. Mais l'emploi n'est pas en reste. La branche a engagé à tour de bras cette année. Par rapport à la fin 2005, l'UBS comptait ainsi 700 collaborateurs en plus à la fin novembre (à plus de 26 700) uniquement en Suisse, selon son rapport financier sur neuf mois.
Autre exemple: les Raiffeisen ont gonflé leurs effectifs de 205 postes en équivalents plein temps entre janvier et septembre. Et le mouvement devrait globalement se poursuivre, même si le rythme des recrutements va probablement ralentir.
La tendance reste positive
«Le secteur est toujours bien orienté, mais le mot prudence est peut-être prononcé plus souvent qu'il y a un an dans les milieux bancaires», assure Steve Bernard, directeur de la fondation Genève Place Financière. Michel Wiederkehr, analyste chez Bordier & Cie, est lui aussi plutôt optimiste.
«Les perspectives sont bonnes dans le domaine des fusions et acquisitions et dans le crédit, vu que les taux demeurent bas, ce qui favorise également les émissions d'emprunts», explique-t-il. «Il n'y a pas de dégradation des résultats à attendre en Europe à court terme», assure M. Wiederkehr.
Pas de dégradation, certes, mais un ralentissement est inéluctable. «Les arbres ne poussent pas jusqu'au ciel», commente sobrement Michel Dérobert, secrétaire de l'Association suisse des banquiers privés. Il a le sentiment que le sommet du cycle boursier se profile désormais à l'horizon.
M. Dérobert rappelle que, rétrospectivement, les banquiers se sont avérés un peu trop prudents dans leurs attentes pour 2006. «Il y a des chances pour que ce soit l'inverse cette année, c'est-à- dire que la branche soit un peu trop optimiste par rapport à ce que sera l'avenir», poursuit-il.
L'inconnue américaine
Une fois de plus, le sort de la conjoncture mondiale dépend largement des Etats-Unis. Si le président de la Banque nationale suisse (BNS), Jean-Pierre Roth, dit y percevoir un atterrissage en douceur, de nombreux économistes se montrent beaucoup plus circonspects et attendent confirmation.
Une récession provoquerait une correction sur toutes les Bourses occidentales. Dans la gestion de fortune, une baisse généralisée des cours signifie mécaniquement une certaine contraction de la masse sous gestion, et des commissions perçues. Reste que l'Europe a un temps de retard dans le cycle par rapport aux Etats-Unis, une situation qui conforte les banquiers suisses dans leur optimisme prudent. (ats)