ConsommationLes barbus mettent les marques de rasoirs à poil
La mode de la grosse barbe fournie pèse sur les ventes de rasoirs. Les barbiers et les chirurgiens, eux, se frottent les mains.
- par
- Marine Guillain

Un mannequin au défilé Yohji Yamamoto en janvier.
Toujours plus d'hommes délaissent leur lame au profit d'un menton bien velu. Cette tendance se répercute sur le marché des produits d'hygiène. Les ventes de rasoirs Gillette, marque contrôlée par Procter & Gamble (P&G), ont chuté de 7,8% lors des trois derniers mois de 2013, par rapport à la même période de 2012, rapportait le magazine spécialisé «Les Echos» au début du mois. La société Energizer, qui commercialise Schick, accusait une baisse de ses ventes annuelles de 10% en juin dernier. En novembre, le patron du groupe évoquait une faiblesse des ventes de rasoirs «sans précédent.»
Pour s'adapter à la demande, P&G a lancé un modèle destiné à couper, raser et styler les contours de la barbe. Du côté de Philips, si les ventes de rasoirs classiques sont restées stables, on nous confirme que l'homme achète davantage de produits styling combinés.
«Mes journées sont pleines, je ne m'arrête jamais»
Pendant que l'industrie du rasoir tremble, d'autres ont le sourire aux lèvres. C'est le cas des barbiers, qui ont vu leur nombre de clients augmenter drastiquement ces dernières années. A Genève, les artisans contactés s'accordent à dire que le business est lucratif, grâce à une tendance qui monte et à une faible concurrence. Ils reçoivent entre cinq et dix clients chaque jour, bien davantage qu'il y a un an. «Mes journées sont pleines, je ne m'arrête jamais», assure Ali, barbier chez Oh my Cut. Marcello, du salon de coiffure Le Barbier, affirme que les coupes de barbes représentent 20% de son chiffre d'affaires.
Un marché à fort potentiel
L'autre secteur qui se réjouit du grand retour de la barbe est celui de la chirurgie esthétique. Plusieurs hommes souhaitent combler des trous ou réparer les effets d'une épilation au laser. Pour étoffer leur pilosité faciale, ils recourent à la transplantation de cheveux sur le visage. «La greffe de barbe est en augmentation, elle représente quelque 20% de nos interventions», indique Frédéric Villard, spécialiste de la greffe de cheveux au centre Hair-for-Life à Genève.
Selon le médecin, il s'agit d'un marché à fort potentiel. Il s'adresse à une population jeune et est appelé à se développer, «avec la mode de la barbe naissante, intensément pratiquée dans le show biz». La greffe de barbe prend entre 3 et 5 heures et est facturée environ 1000 fr. de l'heure.
Andreas Krämer est propriétaire du centre de consultation Hairforlife, à Zurich: «Nous n'étions pas contactés plus d'une fois par mois il y a deux ans, estime le spécialiste. Aujourd'hui, nous avons entre une et deux demandes de renseignements par semaine.»