Suisse romande«Les clients sont encore plus nombreux, j'ai peur»
Beaucoup de salariés n'ont pas la possibilité de bosser à domicile, même hors secteurs de la santé et de l'alimentation. Certains vont au travail la boule au ventre.
- par
- Francesco Brienza

Des employés dans l'automobile vont au travail avec la peur au ventre.
Tandis que les rues du pays se vident, certains secteurs d'activités restent en éveil. C'est le cas de ceux qui répondent aux besoins de première nécessité, mais pas que. Une zone grise existe, et celle-ci effraie bon nombre de salariés. Un exemple: l'ordonnance fédérale dit que les points de ventes des opérateurs de télécommunications peuvent rester ouverts. «Cette exception parle des opérateurs, mais notre employeur profite du flou pour nous forcer à venir au travail, s'offusque un employé d'une chaîne de magasins qui vend des téléphones portables. Mais nous ne sommes pas un opérateur, et toutes les autres enseignes d'électronique sont fermées!»
Le flou pénalise tout le monde
Même procédé dans bon nombre de concessions automobiles. L'état d'urgence autorise les ateliers de réparation de moyens de transport à travailler. Or, plusieurs grands groupes sont ouverts pour la vente et l'après-vente, s'offusque un employé de l'ouest lausannois. «J'ai très peur de me rendre au travail, écrit-il. Les clients, qui profitent d'être eux-mêmes en congé, sont encore plus nombreux à venir au garage, aussi pour des futilités. Et ils ne respectent pas les distances de sécurité.»
Dans la construction aussi, le flou est de mise. En Suisse, les gros chantiers se comptent en centaines. Pour l'heure, le manque d'informations pèse sur tout le monde. «Les salariés ont peur pour leur santé s'ils viennent, et pour leur job s'ils ne viennent pas», illustre un responsable syndical du secteur.
Mais les patrons n'y voient pas plus clair: «Nous sommes les oubliés du coronavirus, lâche le directeur d'une PME de 50 ouvriers. Rien n'est prévu pour nous si on se met à l'arrêt, et notre caisse de compensation nous a prévenus: aucun retard ne sera toléré dans les paiements.» Selon nos informations, la question des grands chantiers est à l'étude au sein des autorités. La situation pourrait donc évoluer prochainement.