Centres-villes romands«Les commerces surestiment leur clientèle venue en voiture»
Des sondages sur le terrain dans six villes de Suisse romande montrent que les clients qui viennent à pied sont le premier contingent d’acheteurs.

Les clients piétons sont souvent sous-estimés par les commerçants, qui misent beaucoup sur une bonne offre de stationnement.
Yverdon (VD), Carouge (GE), Fribourg, Vevey (VD), Bulle (FR) et Lancy (GE): six villes romandes ont été passées au crible par une étude de la HEIG-VD et l’association Mobilité piétonne Suisse. Les enquêteurs ont interrogé commerçants et clients. Les résultats, qui viennent d’être publiés, l’affirment sans détour: «Les commerces surestiment presque systématiquement l’importance de leur clientèle venue en voiture.»
Ils surestiment aussi la part des clients qui viennent de l’extérieur de la commune, alors que les indigènes sont plus nombreux. Corollaire, presque partout, les clients venus à pied sont sous-estimés. À Bulle, par exemple, les commerçants estiment à 10 à 20% la part de leurs clients piétons, alors qu’ils sont en réalité 39%. À Fribourg, boulevard de Pérolles, ils sont 57%, 45% à Vevey et 42% à Yverdon. Seuls les commerçants de Carouge ont tapé dans le mille et correctement estimé que 20% de leurs clients viennent en voiture.
Les automobilistes n’achètent pas plus
Les auteurs de l’enquête ont aussi planché sur le volume des achats. Ils se sont rendu compte que les clients qui viennent à pied sont plus rentables que ceux en voiture car, d’une part, ils fréquentent plus souvent le centre-ville et, d’autre part, parce que «le volume d’achats transporté n’est pas plus important chez les automobilistes, contrairement à la perception dont certains commerces nous ont fait part».
L’enquête plaide pour des rues piétonnes. «Sans surprise, ce sont les rues piétonnes à Carouge, Vevey et Yverdon-les-Bains qui sont jugées le plus positivement» par les personnes interrogées. Attention toutefois: les enquêteurs reconnaissent qu’ils n’ont parlé qu’aux personnes qui se trouvaient dans les rues commerçantes étudiées. «Les personnes qui accèdent directement à un centre commercial depuis un parking n’ont pas été interrogées», lit-on dans l’étude.
Des «crispations» sur les parkings
Les auteurs ont remarqué que des «crispations» existent au sujet des parkings, comme à Vevey ou à Carouge. Ils jugent pourtant l’offre «relativement convenable» dans cinq des six villes. Et, «plus que la quantité de places disponibles, ce sont plutôt la gestion du stationnement ou la signalisation qui font l’objet de critiques». Seule Vevey est critiquée, notamment pour la disponibilité des places à proximité des rues commerçantes. Mais pour les enquêteurs, la place de la voiture peut être réduite. «Au regard de nos résultats, les pratiques ou les législations qui, notamment dans le canton de Genève, imposent un maintien du nombre total de places de stationnement, vont à l’encontre des souhaits de la majorité des acteurs consultés.»