Affaire Migros / Piller«Les coopérateurs sont clairement manipulés»
Environ 124'000 personnes ont reçu, mardi, le matériel de vote concernant la révocation de l'administration de la coopérative Migros Neuchâtel-Fribourg.
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Damien Piller n'abandonne pas le combat.
«Souhaitez-vous révoquer avec effet immédiat l'ensemble des membres de l'administration de la Société coopérative Migros Neuchâtel-Fribourg (MNF)?» C'est la question posée aux 124'000 coopérateurs de ces deux cantons, qui ont reçu mardi le matériel de vote envoyé par Migros. Le délai de réponse a été fixé au 16 novembre.
Le descriptif des événements ayant conduit à cette demande de révocation est plutôt succinct. Il fait mention du refus de démissionner du président Damien Piller et des ses collègues de l'administration, à la suite d'accusations de gestion déloyale notamment, et d'une rupture de confiance entre celle-ci et la direction de la MNF.
Néanmoins, il était étonnant de constater dans ce texte que l'administration n'a pas émis de recommandation de vote, contrairement aux autres parties prenantes. «On reconnait bien là les méthodes de la Fédération des coopératives Migros (FCM). Ce matériel est clairement destiné à manipuler les coopérateurs. Bien sûr que mon client et les autres membres de l'administration recommandent de voter non», dénonce Philippe Leuba, avocat de Damien Piller.
Les résultats du vote pourraient être invalidés
De plus, l'homme de loi souligne plusieurs irrégularités. «Normalement, ce genre de vote est organisé par l'administration. Mais vu qu'elle ne peut, logiquement, pas le faire elle-même, il revenait à un juge de s'en occuper. Pas à un organe de révision. Deuxièmement, le courrier d'explications peut être assimilé à de la propagande, alors qu'il devrait être neutre. Et, troisièmement, le bulletin de réponse ne comporte aucune forme d'identification. Il est donc possible, voire facile, de truquer le scrutin. Pour toutes ces raisons, on ne peut exclure que Damien Piller fasse recours, si les résultats du vote lui sont défavorables.»
L'avocat a en outre demandé et obtenu, le même jour, des mesures super-provisionnelles auprès d'un juge pour que lui soit concédé un droit de réponse à la dernière publication de «Migros Magazine». «Dans ce journal, il est écrit que MNF a versé 1,7 million de francs à deux sociétés appartenant à Damien Piller, sans contrepartie équivalente. Mais cela n'a jamais été prouvé et mon client n'a même pas encore été entendu par la police. Sa présomption d'innocence a donc été bafouée», décrit Philippe Leuba. A noter qu'une plainte pénale pour atteinte à l'honneur sera également déposée durant la semaine.
Il n'envisage pas de démissionner
Depuis que l'affaire a éclaté il y a quatre mois, elle a connu de nombreux rebondissements. D'un côté, la direction de la MNF et la FCM ont déposé des plaintes contre Damien Piller, notamment pour gestion déloyale. Ce dernier en a fait autant, contre inconnu, pour atteinte à l'honneur. De plus, alors que deux expertises avaient déjà décortiqué les transactions entre les sociétés de construction dont l'avocat fribourgeois et la coopérative qu'il préside, une troisième expertise a encore été rédigée. Loin d'apaiser les esprits, ce document a provoqué de nouvelles confrontations par presse interposée. «Cette histoire est difficile à vivre pour Damien Piller. En plus du sentiment d'injustice, il perd beaucoup de temps et d'énergie, alors qu'il a de nombreux projets en cours. Mais il n'envisage pas de démissionner, car cela pourrait être interprété comme un aveu», évoque l'avocat de Damien Piller.