Conseil national: Les cours de répétition à l'étranger passent à la trappe

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Conseil nationalLes cours de répétition à l'étranger passent à la trappe

Aucun soldat de milice ne sera tenu d'effectuer des cours de répétition à l'étranger. Cette révision de la loi sur l'armée lancée en 2008 est désormais enterrée.

Le Conseil national l'a torpillée mercredi par 108 voix contre 63.

La gauche et l'UDC se sont à nouveau alliées, cette fois pour mettre définitivement fin à un débat lancé par Samuel Schmid lorsqu'il était encore conseiller fédéral. L'ancien ministre de la défense souhaitait pouvoir obliger certains militaires à suivre une formation hors des frontières. Actuellement, ce n'est possible que pour les forces aériennes.

Alliance gauche/UDC

Pas question, ont répondu en coeur le camp rose-vert et la droite nationaliste. Cette idée est aberrante, a lancé Hans Widmer (PS/LU). Rendre obligatoires de tels cours de répétition n'est pas nécessaires. Et si l'armée ne peut pas former de manière adéquate ses troupes en Suisse, elle doit revoir ses objectifs.

De conserve avec l'UDC zurichois Ulrich Schlüer, le socialiste a estimé qu'instaurer une telle obligation n'était pas compatible avec le caractère de milice de l'armée. «Comment veut-on que des soldats en cours de répétition à l'étranger rentrent chaque week- end à la maison pour y gérer leurs affaires», a-t-il lancé.

Qui plus est, le Conseil fédéral a toujours promis, et notamment en 2001 avant la votation sur l'envoi de soldats à l'étranger pour des missions de paix, que l'engagement de militaires hors des frontières ne se ferait que sur base volontaire, a rappelé Josef Lang (Verts/ZG). Il y a un consensus à ce propos au sein de la population et il nous faut l'appui de cette dernière si l'on veut remettre l'armée sur pied, a martelé Ulrich Schlüer.

Cette résolution l'a emporté face à la proposition de la conférence de conciliation d'accepter le projet défendu par le Conseil fédéral et acceptée trois fois par le Conseil des Etats. Se rallier en échange au refus de National de déléguer au gouvernement la compétence de prolonger un engagement de promotion de la paix ou d'un service d'appui de l'armée ne peut être considéré comme un compromis, a estimé la majorité.

Ueli Maurer minorisé

Le conseiller fédéral Ueli Maurer n'a pu compter que sur le soutien du PLR et du PDC. On confond instruction et engagement militaire, a-t-il critiqué en vain. Le Conseil fédéral ne souhaite qu'envoyer des soldats dans des places d'armes à l'étranger pour pouvoir mener des exercices au niveau d'une troupe.

Car la Suisse manque de places d'entraînement et de tir assez grandes pour des exercices de combats interarmes. L'obligation aurait concerné en premier lieu les troupes blindées ou d'artillerie. Les jours de services n'auraient été effectués - partiellement ou entièrement - hors des frontières que si le but de l'instruction ne pouvait être atteint en Suisse.

Révision enterrée

En enterrant la révision de la loi sur l'armée, le National a également fait passer par pertes et profits les points sur lesquels les deux Chambres s'étaient jusqu'ici accordées. Elles avaient ainsi accepté l'obligation de servir à l'étranger pour les militaires professionnels et le personnel du Département fédéral de la défense.

Concernant l'aval à l'envoi de soldats à l'étranger pour des missions de promotion de la paix, le Parlement n'aurait dû se prononcer que si l'engagement armé comprend plus de 30 militaires (seuil fixé à 100 actuellement) ou dure plus de trois mois (trois semaines). Le gouvernement aurait en outre pu attendre jusqu'à la deuxième session suivant sa décision pour demander l'aval des Chambres. (ats)

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