Genève: Les coûts sécuritaires du foot jugés exorbitants

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GenèveLes coûts sécuritaires du foot jugés exorbitants

En 2019, une quinzaine d'événements sportifs ont coûté en moyenne 100'000 fr. en heures de présence policière.

par
Maria Pineiro
La sécurité du match Servette Bâle de novembre 2019 a occasionné 900 heures de travail à la police genevoise.

La sécurité du match Servette Bâle de novembre 2019 a occasionné 900 heures de travail à la police genevoise.

Keystone/Salvatore di Nolfi

«Astronomique» et «exorbitant». C'est ainsi que les députés socialiste Sylvain Thévoz et écologiste Marjorie de Chastonay qualifient les coûts d'encadrement sécuritaire du match de football opposant Servette à Bâle au Stade de Genève en novembre 2019. a facture de 135 000 fr. a été prise en charge à hauteur de 101 250 fr. par l'Etat, le club jouissant d'une ristourne de 75%, a révélé le Conseil d'Etat au Parlement. Ils ont été révélés à la faveur d'une réponse à une question écrite urgente (QUE) au Conseil d'Etat.

Les frais occasionnés par cette rencontre ne sont pas une exception. Ainsi en 2019, 15 des 52 matches de hockey et de football joués dans le canton ont nécessité plus de 200 heures de travail à la police cantonale (soit le cumul du temps de travail de tous les fonctionnaires de police engagés sur l'événement) pour un total de 1,6 million de fr., soit une moyenne de plus de 100'000 fr. par épisode. «En 2019, les rencontres encadrées par moins de 200 heures sont intégralement prises en charge par la collectivité, explique Laurent Paoliello, porte-parole du Département de la sécurité. Par contre, si le total dépasse les 200 heures, le club doit s'acquitter de 25% de l'intégralité des frais de sécurité.» Ce système a changé depuis le 1er janvier (lire encadré)

Quelles sanctions?

Pour les deux élus de gauche, l'importance des montants liés à la sécurité des matches démontre que l'Etat fait fausse route dans sa lutte contre les hooligans. Sylvain Thévoz estime que les autorités doivent travailler «plus étroitement avec les clubs et les groupes de supporters afin de changer les mentalités et le sentiment d'impunité de quelques individus». Marjorie de Chastonay va plus loin, s'interrogeant sur la possibilité de limiter l'exonération, voire de retirer la licence des équipes qui ne seraient pas à même d'assurer la sécurité autour des matches. Elle reconnaît tout de même que le maintien de l'ordre est bien de la compétence de l'Etat. Christo Ivanov, député UDC, prône quant à lui plus de pédagogie et de sévérité. «Les personnes interdites de stade devraient être mieux contrôlées afin qu'elles ne suivent pas les déplacements de leurs clubs. On pourrait imaginer des pointages dans les postes de police pour s'en assurer les jours de match.»

Tous relèvent que les troubles à l'ordre public sont le fait d'une minorité, qui pénalise les supporters non-violents. «Notre rôle est de permettre à tout un chacun, familles, jeunes et moins jeunes, de pouvoir assister aux rencontres en toute sécurité», souligne Laurent Paoliello en relevant la très bonne collaboration entre les forces de l'ordre et les clubs de football. «Ces derniers sont également les victimes de ces comportements inadmissibles. Il serait injuste de les sanctionner.»

Nouveau système

La répartition des frais entre organisateurs et Etat a changé depuis le 1er janvier 2020. Rien ne change concernant les matches ne nécessitant pas plus de 200 heures de travail pour la police. La ristourne est toujours d'actualité, mais sera adaptée au bénéfice de l'événement. Au-delà, les organisateurs ne devront plus s'acquitter que des heures qui dépassent ce quota. "Ce changement constitue également une aide aux petits clubs qui pourront désormais organiser des événements de plus grande ampleur sans craindre des frais qu'ils ne pourraient pas assurer", souligne Laurent Paoliello.

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