Brésil: Les électeurs votent pour le changement

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BrésilLes électeurs votent pour le changement

Le premier tour de la présidentielle brésilienne, pour lequel le candidat de l'extrême droite est favori, se déroule dans le calme.

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Des spécialistes estiment que le président brésilien n'est pas à l'aise en public, que son discours et sa gestuelle le traduisent. (Samedi 18 mai 2019)

Des spécialistes estiment que le président brésilien n'est pas à l'aise en public, que son discours et sa gestuelle le traduisent. (Samedi 18 mai 2019)

Keystone
Le nouveau président brésilien a confirmé jeudi le transfert prochain de l'ambassade du Brésil à Jérusalem. (3 janvier 2018)

Le nouveau président brésilien a confirmé jeudi le transfert prochain de l'ambassade du Brésil à Jérusalem. (3 janvier 2018)

AFP
Jair Bolsonaro, ici avec son épouse, s'est engagé, lors de son investiture, à lutter contre la corruption. (Mardi 1er janvier 2019)

Jair Bolsonaro, ici avec son épouse, s'est engagé, lors de son investiture, à lutter contre la corruption. (Mardi 1er janvier 2019)

AFP

Les Brésiliens ont voté dimanche pour le premier tour de la présidentielle, portés par l'espoir d'un changement dans ce pays en crise, où une vague de «dégagisme» pourrait propulser au second tour le candidat d'extrême droite, Jair Bolsonaro.

A 17H00 (20H00 GMT), la grande majorité des bureaux de ce pays-continent avaient fermé. Ceux de l'Etat d'Acre, dans un autre fuseau horaire, devaient fermer deux heures plus tard. Les premières estimations sont attendues vers 19H00 (22H00 GMT).

Des quartiers chics de Sao Paulo aux favelas de Rio de Janeiro, 147 millions de Brésiliens ont voté dans le calme, dans ce pays où le vote est obligatoire, même si la forte affluence dans certains bureaux a généré quelques incidents.

Tous ont exprimé l'espoir que ce scrutin apporte le «changement» dans un Brésil rongé par une crise économique et politique aigüe, une violence endémique et d'innombrables scandales de corruption. Et pour nombre d'entre eux, le candidat de l'extrême droite, Jair Bolsonaro, 63 ans, est l'homme de la situation.

«Le Brésil veut du changement», a déclaré à l'AFP Roseli Milhomem, dans un bureau du centre de Brasilia, où elle a voté pour l'ex-militaire. «On en a assez de la corruption».

A Rocinha, une immense favela de Rio, Antonio Pereira Moraes, 49 ans, a aussi voté pour l'ex-militaire : «Le Brésil a besoin d'un changement, il y a beaucoup de choses à faire que les autres n'ont pas faites, surtout dans le domaine de la santé», dit-il.

Ex-capitaine de l'armée, Jair Bolsonaro, devenu un phénomène électoral depuis qu'il a frôlé la mort dans un attentat le 6 septembre, a voté en début de matinée à Rio. «Ca va se terminer aujourd'hui», a-t-il assuré devant des journalistes. «Le 28 (octobre, date du deuxième tour), on va à la plage!». Un scénario qui fait trembler les démocrates dans le grand pays latino-américain, mais que certains analystes n'excluent plus.

«Tellement déçue»

Même sur la place Sao Salvador, un des fiefs de la gauche à Rio, certains électeurs affichaient leur enthousiasme pour Jair Bolsonaro. «Notre pays a besoin de changement, ça ne peut plus continuer comme ça», affirme Terezinha Diniz.

Député pendant 27 ans, ce catholique pro-arme qui admire le président américain Donald Trump n'a jamais été impliqué dans une affaire de corruption et ses électeurs se recrutent dans toutes les couches sociales, et parmi les jeunes.

Bolsonaro, qui a cultivé une image «d'outsider» malgré sa longue carrière politique, a aussi prospéré sur un fort sentiment anti-PT, le Parti des travailleurs de l'ex-président de gauche Lula. Une partie de la population juge le PT responsable de tous les maux du pays, où la crise économique a fait près de 13 millions de chômeurs.

Denise Rangel, secrétaire de 59 ans, qui avait voté pour Lula en 2002, veut désormais faire barrage au PT qui l'a «tellement déçue». «Je ne suis pas une électrice convaincue de Bolsonaro, mais je suis convaincue que le PT ne peut pas revenir au pouvoir», déclare-t-elle.

«Patriarcal»

Le candidat du PT, Fernando Haddad, 55 ans, principal rival de Bolsonaro, a voté à Sao Paulo, ville dont il fut maire, entouré de militants chantant à plein poumon pour couvrir un concert de casseroles. «Le Brésil court un grand risque de fouler au pied 30 ans de conquêtes» sociales et démocratiques, a-t-il averti.

«Ca serait une catastrophe si (Bolsonaro) passait», estime José Dias, un électeur de gauche, dans un bureau de vote du nord de Brasilia. «Beaucoup de jeunes votent pour lui, ils ne savent pas ce qu'a été la dictature» (1964-85).

Camila Silva, 18 ans, habitante de Rocinha, ne veut pas non plus du candidat d'extrême droite.«Comme femme, comme Brésilienne, j'espère qu'il ne va pas gagner» confie la jeune femme, qui vote pour la première fois et craint les propositions «patriarcales» du favori.

A la veille du scrutin, les instituts Ibope et Datafolha ont accordé à Bolsonaro, du Parti social libéral (PSL), 40 et 41% des intentions de vote, devant Haddad, (25%) qui a remplacé l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva - emprisonné pour corruption et inéligible.

Le duel qui se profile au second tour pour succéder au très impopulaire Michel Temer sera le résultat d'une attraction des électeurs vers les extrêmes, concomitante à l'effondrement du centre, notamment le grand parti PSDB de Geraldo Alckmin. Ciro Gomes (PDT, centre gauche) n'a que 13 à 15% des intentions de vote, alors qu'il est le mieux à même de battre Bolsonaro au 2e tour.

Les élections des gouverneurs et des assemblées des 27 Etats, des 513 députés de la Chambre basse et des deux tiers des 81 sénateurs ont également eu lieu dimanche. Elles ne devraient toutefois pas transformer radicalement le paysage politique. (nxp/afp)

Des militaires reçus avec des flèches par des Indiens

Des militaires brésiliens qui apportaient dimanche une urne électronique ont été accueillis avec des flèches par des Indiens, a annoncé le Tribunal régional électoral de l'Etat du Mato Grosso (centre-ouest). Les Indiens protestaient contre le fait qu'un bureau de vote soit installé au sein même de leur village. Ils ont accepté de baisser les armes après la médiation de la Fondation Nationale de l'Indien (Funai), organisme public qui dépend du ministère de la Justice.

(NewsXpress)

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