Elections cantonales genevoisesLes Verts font reculer Pierre Maudet et Anne Hiltpold
Après le premier dépouillement des bulletins, les résultats du premier tour du Conseil d'Etat sont connus. La PLR Anne Hiltpld passe en quatrième position, derrière le Vert Antonio Hodgers. Jusqu'alors cinquième, Pierre Maudet recule d'une place, devancé par l'écologiste Fabienne Fischer.
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Bière et fatigue à l'«after» des Verts
Un jeune Vert raconte son engagement au moment de la cloture des résultats du premier tour. Confidences dans son stamm, lors d'un rare moment de détente en pleine campagne.
Devancés par les Verts, Pierre Maudet et Anne Hiltpold reculent d'une place
Après le premier dépouillement des bulletins, les résultats du premier tour de l'élection au Conseil d'Etat sont connus. Si aucun nouveau visage n'a fait son entrée parmi les sept premiers, l'ordre des candidats a changé en faveur de la gauche. La PLR Anne Hiltpld passe en quatrième position, derrière le Vert Antonio Hodgers. Jusqu'alors cinquième, Pierre Maudet recule d'une place, devancé par l'écologiste Fabienne Fischer. Le MCG Philippe Morel reste en huitième position.

Pour l'UDC, la droite est «bête»
Le candidat Michael Andersen a des mots durs envers Le Centre, coupable d'avoir refusé une grande alliance de droite au premier tour.
Le PLR appelle à une alliance large «du Centre à l'UDC» pour le 2e tour

Pour Bertrand Reich, président du PLR, arrivé en 1e position en perdant toutefois six sièges au Grand Conseil, c’est un peu mi-figue mi-raisin: «Nous avons atteint notre objectif qui était de rester le premier parti du canton, mais nous sommes déçus des circonstances, relate-t-il. Un quart de notre députation, dont des poids lourds, ne se représentait pas. On s’attendait donc à un tassement, mais pas de cet ordre. On voit clairement que le parti de M. Maudet a mangé des voix.» Quant au 1er tour du Conseil d’Etat, «on est très heureux du résultat: Nathalie Fontanet est arrivée première, et la 3e place d’Anne Hiltpold, c’est incroyable qu’elle soit d’entrée sur le podium.» Pour le 2e tour, Bertrand Reich souhaite réunir la droite largement: «On tend la main aux autres partis, du Centre à l’UDC, y compris le MCG.» Avec le parti de Pierre Maudet? «Je ne crois pas qu’il soit demandeur.»
Verts: «Malgré la tempête populiste, la gauche s'est maintenue»

Présidente des Verts, arrivés 3es en maintenant leur quinze sièges au Grand Conseil, Delphine Klopfenstein Broggini salue un résultat «bienvenu»: «On voit que finalement, malgré la tempête populiste, les forces de gauche se sont maintenues. Ce qui est inquiétant est de voir la composition du Parlement, notamment sur les thématiques pour lesquelles nous nous engageons, le climat et le social. Mais on constate qu’on se stabilise toujours plus, avec un électorat fidèle. Notre potentiel est de limiter l’abstentionnisme, notamment chez les jeunes, car c’est leur avenir.» Pour le Conseil d’Etat, la présidente des Verts se dit également satisfaite de voir les quatre candidats de la gauche dans les sept premiers: «Avec les socialistes et notre parti, c’est une union de valeur, pas de pacotilles.»
Le Centre dépité
Très déçu du score du Centre, son candidat au Conseil d'Etat Xavier Magnin tente d'expliquer la défaite des siens (9 sièges/-3, juste au-dessus du quorum). «D'un côté, les Genevois ont toujours été attirés par les nouveaux partis, c'est le cas depuis des décennies. De l'autre, on assite à Genève mais aussi en Suisse et ailleurs à une polarisation de la politique, avec une droite dure de plus en plus présente, ce qui ne fait pas le jeu des partis centristes comme le nôtre.» Quant à son avenir au Conseil d'Etat, Xavier Magnin estime ne pas être en position de force pour le second tour: «Ma candidature doit être rediscutée.»

Arrivée à Uni-Mail des candidats au Conseil d'Etat du Centre, avec Xavier Magnin (à gauche) et Delphine Bachmann (à droite)
©photos:Christian BONZON/20Minutes
L'écart s'est creusé entre Carole-Anne Kast et Philippe Morel
En huitième position pour l'instant, le candidat du MCG, Philippe Morel, a vu l'écart se creuser légèrement avec la septième place de Carole-Anne Kast. Il dispose de 28'494 suffrages, soit 996 de moins de la socialiste, et 1027 de moins que la Verte Fabienne Fischer. En neuvième position se trouve Delphine Bachmann (Le Centre, 25'939 suffrages), et en dixième position Lionel Dugerdil (UDC, 22'416). Xavier Magnin, du Centre, est onzième avec 22'368 suffrages.
Nathalie Fontanet tout juste pas élue dès le 1er tour
A 18 heures, les résultats du vote par correspondance ainsi que ceux d'une partie des bureaux de vote sont connus. L'ordre des candidats est inchangé depuis 13 heures: Nathalie Fontanet caracole en tête, mais manque pour l'instant d'un cheveu une élection dès le premier tour. Elle dispose de 46'851 suffrages, alors que la majorité absolue se situe à 47'491 suffrages. La PLR dispose de 10'000 voix d'avance sur le second, le socialiste Thierry Apothéloz. Suivent, dans l'ordre: Anne Hiltpold (PLR), Antonio Hodgers (Les Verts), Pierre Maudet (Libertés et justice sociale), Fabienne Fischer (Les Verts) et Carole-Anne Kast (PS).
«Faire gagner la doite, pas des individus»
Comme la plupart des candidats de droite au Conseil d'Etat, l'UDC Lionel Dugerdil appelle à une grande alliance face à la gauche. «L'objectif numéro 1, c'est de faire basculer le gouvernement à droite, peu importe le nom des élus.» Mais dans cette union encore bien hypothétique, le vigneron de Satigny estime que «l'UDC doit primer sur Le Centre, par exemple, vu les résultats au Grand Conseil», où le parti argarien a gagné 5 sièges (13 sièges) tandis que le parti centriste en a perdu 3 (9 sièges).

Cyril Mizrahi (PS): «On cherchera des majorités au coup par coup»
Le député socialiste Cyril Mizrahi se déclare «triste que les querelles de l'extrême-gauche fassent perdre une dizaine de sièges au bloc de gauche». Il s'attendait donc à ce que le PS et les Verts se trouvent minorisés. «On ne pouvait pas compenser» le fait que les composantes d'Ensemble à Gauche n'atteignent pas le quorum. «On verra les résultats du Conseil d'Etat, cela peut rééquilibrer. Et ensuite, nous chercherons des majorités au coup par coup. Le MCG et Le Centre, des fois, votent avec nous. Et je ne sais pas comment cela va être avec le parti de Pierre Maudet.» En outre, «on se prépare à récolter des signatures», c'est-à-dire à lancer référendums et initiatives.
«Les gens ont pardonné à Pierre Maudet»
Pour Pascal Sciarini, politologue à l'UNIGE, la grande surprise de la journée est le bon score de Pierre Maudet et l'entrée de son parti Libertés et justice sociale au Grand conseil. Il l'attribue à une sorte de vote contestataire.
Alberto Velasco (PS): «Moi, je suis content»
La gauche très minoritaire au Parlement n'inquiète pas le député socialiste Alberto Velasco. «Moi, je suis content. Le PS et les Verts n'ont que 32 sièges, mais Pierre Maudet vient avec une politique radicale, parti qui a toujours défendu le logement et la santé. Le MCG défend la fonction publique, et voilà. On va juste devoir laisser tomber la fiscalité. Mais sinon, Pierre Maudet ne va pas s'aligner sur le PLR, sinon il est mort. Il faudra donc faire de la politique intelligente, stratégique. Si la gauche comprend la nécessité de nouer des alliances ponctuelles, ça ira. Quels sont les problèmes des Genevois? La santé, le logement, le travail. Nous pouvons nous mettre d'accord là-dessus.»

Pierre Maudet: «J’y ai toujours cru»
Le grand gagnant du jour, Pierre Maudet, dit être «avant tout heureux de la réussite collective» de son parti Libertés et justice sociale, qui va entrer au Grand Conseil avec dix candidats: «Personne ne nous créditait du quorum, c’est une bonne surprise, je me suis battu pour, dit-il. Nous avons réussi une très belle campagne. J’y ai toujours cru. En étant tous les jours sur le terrain, je me suis rendu compte qu’il y avait une vraie attente. Nos propositions, comme la caisse cantonale publique ou le crédit d’impôt de 2000 francs par personne, sont très concrètes et réalisables en cinq ans. Et les gens me créditent de faire ce pour quoi je me suis engagé.» L’ex-magistrat PLR, en 5e position dans la course au Conseil d’Etat, pense avoir de «bonnes chances» de siéger à nouveau à l’Exécutif. Quant à son affaire et à sa condamnation, qui ont marqué la législature qui se termine, «je regarde devant, pas derrière, affirme-t-il. J’en conclus la même chose que le peuple, manifestement.»
Parti de Maudet élu: «Le signal est qu'on doit faire de la politique autrement»

Laurent Seydoux, candidat sur la liste de Pierre Maudet, Libertés et justice sociale (LJS), se réjouit de l’entrée du groupe au Grand Conseil: «C'est une surprise pour les journalistes ou les politologues, mais pas pour nous, déclare-t-il. Nous avons mené une campagne de terrain durant six mois, avec une équipe soudée et un travail de fond. C’est évident qu’on a besoin d’une locomotive comme Pierre Maudet, mais les candidats sont importants aussi. Pour nous, le signal est qu’on doit faire de la politique autrement. Notre projet n’était pas une liste d’idées, mais des projets concrets. Et d’atteindre le quorum montre que nous avons dépassé le cercle de notre mouvement.»
Marc Wuarin (Vert'libéraux): «les discours à la française plaisent»
«On se réjouit de cette progression qui confirme la dynamique du parti au niveau national», fait contre mauvaise fortune bon cœur Marc Wuarin, coprésident des Vert'libéraux. Il admet néanmoins que ce dimanche, il ressent «d'abord de la déception. Je suis inquiet parce que je vois que les positions modérées décroissent.» Il déplore qu'«à Genève, les discours à la française plaisent, avec une vision de la politique où, quand on a la majorité, on vient écraser l'autre. À long terme, c'est délétère.» Marc Wuarin ne baisse cependant pas les bras. «Là, nous nous sommes vus avec plusieurs jeunes du parti: on est tous motivés pour lancer des initiatives.»

Montée en puissance du MCG et de l'UDC au Parlement: «Ça me fait froid dans le dos»
«Je ne m'attendais pas à une victoire pareille de l'extrême droite. Ça me fait froid dans le dos», confie Françoise Nyffeler Batou, candidate EàG-SOL.DAL.PdT au Conseil d'État. «C'est un vote de crise. Les gens ne veulent pas de changement car ils ont peur. Mais il faudra que Genève bouge. Malheureusement, ça ne passera pas par le Grand Conseil.» Parallèlement à la montée en puissance de la droite et de l'extrême droite au Parlement, la gauche radicale, elle, n'a pas atteint le quorum et disparaît.

L'union de la gauche donne espoir à Hodgers
Le conseiller d'État vert Antonio Hodgers estime que la gauche pourrait garder sa majorité au Conseil d'État, à l'issue du second tour, le 30 avril. «Entre le PS et nous, l'alliance est solide, elle porte des valeurs communes; tandis que la performance des partis populistes rend la configuration à droite fragile et éclatée.» Cela dit, Antonio Hodgers relève comme bien d'autres que le nouveau bulletin de vote, avec une croix à inscrire à côté des noms des candidats plutôt que de choisir des listes, diminue le poids des alliances.
Michel Matter (Vert'libéraux): «La déception est immense»
«La déception est immense. On n'est pas loin, mais la porte du Grand Conseil est restée fermée», regrette Michel Matter, conseiller national des Vert'libéraux. Mais l'optimisme demeure, «car la progression, elle, est énorme (ndlr: +4,77% par rapport à 2018), et elle s'observe partout en Suisse». Il assure que son parti «va continuer à être un acteur de la vie politique, à déposer des initiatives et à faire signer des référendums». Alors qu'il n'a manqué que 0,6% aux Vert'libéraux pour passer l'épaule, il juge que «clairement, il y a eu un éparpillement des voix au centre. Ainsi, personne n'avait vu arriver la liste de Pierre Maudet.»

Extrême gauche pas élue: «on doit en tirer les enseignements»

Candidat pour la Liste d’Union populaire, l’une des deux formations en lice d’extrême gauche, qui ont toutes deux échoué à atteindre le quorum, Olivier Baud n’est pas surpris: «C’est ce qu’on prévoyait, dit-il. Avec les deux listes ensemble, je pense qu’on aurait eu le quorum. On doit en tirer tous les enseignements pour les élections dans cinq ans. L’objectif est de reconstituer la gauche radicale.» Au Grand Conseil, souligne-t-il, plusieurs projets avaient pu être ou sont portés par la gauche avec le soutien de l’extrême gauche, «ce ne sera plus le cas. Nous aurons une grande activité référendaire, ainsi que des initiatives, car des Genevois ne seront plus représentés au Parlement.»
Delphine Bachmann (Le Centre): «Le contexte était compliqué»
Présidente du Centre, Delphine Bachmann juge «décevante» la baisse de son parti, qui a perdu trois sièges par rapport à 2018 et se maintient juste en dessus du quorum avec 7,77% des suffrages. «Le contexte était un peu compliqué avec l'éparpillement des partis se disant centristes.» Ainsi, paradoxalement, même si Le Centre perd des plumes, «la position centriste attire probablement beaucoup plus d'électeurs que par le passé». Elle déplore cependant que «les arguments populistes portent plus que les arguments raisonnables» et observe que «les phrases chocs marchent mieux en période de crise». Elle juge ainsi que le salut passe par «la mise en avant de projets concrets», notamment dans les communes.
