Syrie«Les Etats doivent accueillir plus de réfugiés»
Filippo Grandi, nouveau chef du HCR, souhaite une action plus forte des pays.

Filippo Grandi, nouveau responsable du HCR.
Les gouvernements doivent proactivement accueillir davantage de réfugiés, a lancé jeudi le nouveau chef du HCR. Une conférence est prévue fin mars à Genève. Face à la décision suédoise de fermer ses frontières, Filippo Grandi appelle à une action coordonnée de l'UE.
«Nous devons encourager les gouvernements à faciliter le départ des réfugiés de pays qui entourent» des zones de conflit, a indiqué le nouveau Haut Commissaire de l'ONU aux réfugiés lors de sa première intervention devant la presse à Genève. Notamment depuis les Etats limitrophes de la Syrie où l'afflux a été considérable.
Le chef du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) souhaite davantage de réinstallations vers des Etats tiers, de visas humanitaires ou encore de regroupements familiaux. Un moyen surtout d'éviter le flux important de migrants en Méditerrannée organisé par des trafiquants. «Les criminels font le travail à notre place ni nous ne le faisons pas correctement», a insisté M. Grandi qui ajoute que le HCR doit aussi améliorer son dispositif.
Ban Ki-moon prévu à Genève
Une conférence entre gouvernements sur les réfugiés syriens aura lieu le 30 mars à Genève. Elle doit être ouverte par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. L'objectif est que les Etats s'engagent à accueillir des personnes qui ont dû fuir le conflit.
Le Canada a déjà accepté 10'000 réfugiés et va encore en acheminer 15'000 autres se trouvant en Jordanie, au Liban et en Turquie. Trois pays auxquels M. Grandi va réserver dans les prochaines semaines sa première visite de terrain. Les Etats-Unis ont aussi prévu un quota minimal pour 10'000 Syriens. De son côté, la Suisse s'était engagée à accueillir un contingent de 3000 réfugiés syriens.
Plusieurs autres réunions importantes sur la Syrie doivent avoir lieu. Des discussions entre parties au conflit sont elles attendues dès le 25 janvier à Genève. Suivies par une réunion des donateurs début février à Londres. Un sommet plus global sur les mouvements de masse, en marge de la prochaine Assemblée générale de l'ONU en septembre à New York.
UE ciblée par Grandi
M. Grandi souhaite une meilleure répartition de la charge des réfugiés et des migrants. «Nous voyons que c'est un problème à l'intérieur de l'UE. Mais le problème est plus grand encore dans le monde entier». L'Europe doit montrer l'exemple à d'autres régions qui la regardent et ont été exemplaires dans la gestion des réfugiés, selon lui.
La Suède, qui reçoit de nombreux réfugiés, et le Danemark ont annoncé en début de semaine le rétablissement de leurs contrôles aux frontières. Sans contester leur droit à prendre de telles mesures, M. Grandi met en cause la responsabilité de l'UE.
«Puisque l'UE n'a pas réussi à répondre de manière coordonnée, les Etats ont réagi unilatéralement. Mais ça ne fonctionne pas», a également souligné l'Italien qui a succédé en début d'année au Portugais Antonio Guterres.
Autre appel lancé à nouveau aux gouvernements
Il s'oppose par ailleurs à une révision de la Convention sur les réfugiés de 1951, demandée par le Danemark. La «remettre en discussion signifie remettre en discussion des principes fondamentaux» qui ont permis de sauver des millions de personnes.
Au-delà des situations d'urgence, M. Grandi fait de la situation des réfugiés à plus long terme l'une des priorités du HCR. «Les conflits durent plus longtemps et les exils également». En une dizaine d'années, le nombre de réfugiés dans le monde a triplé, a-t-il relevé.
Conséquence, les financements sont plus difficiles à trouver. En 2015, les besoins évalués par le HCR n'ont été honorés qu'à 50%. L'arrivée massive de migrants en Europe a toutefois contribué à sensibiliser récemment les gouvernements qui ont rallongé leurs enveloppes, a affirmé M. Grandi qui les a appelés à nouveau à contribuer davantage à l'institution. (nxp/ats)