Les étrangers victimes de clichés durant la campagne

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Les étrangers victimes de clichés durant la campagne

Les étrangers ont été largement stéréotypés durant la campagne des élections fédérales.

Généralement dans le rôle de coupables, plus rarement dans celui de victimes, regrette la Commission fédérale contre le racisme (CFR).

Présentée mardi à la presse à Berne, une étude de l'Université de Zurich a mis en évidence le large recours à des simplifications pour parler des étrangers durant la campagne électorale. Les chercheurs se sont basés sur les articles et reportages de sept quotidiens, quatre journaux dominicaux, deux hebdomadaires et les journaux télévisés des trois régions linguistiques, mais aussi sur les annonces de fin juin à fin octobre.

L'UDC est responsable des trois quarts des stéréotypes négatifs. En cause: l'amalgame entre délinquants et étrangers ou musulmans et mal intégrés. A ses côtés figurent aussi dans une moindre mesure l'hebdomadaire alémanique «Weltwoche» et la «NZZ am Sonntag».

Coupable ou victime

Ces généralisations ont pour effet de créer une distance entre les étrangers et le reste de la population. Dans de rares cas, elles ont favorisé une empathie vis-à-vis des étrangers, perçus alors comme des victimes, note l'étude. Reste que quasiment à aucun moment, l'étranger n'est vu comme un simple voisin, un collaborateur ou un collègue.

Près de huit fois sur dix, les stéréotypes négatifs ont été corrigés par les autres partis ou les médias, surtout romands, constatent les chercheurs du Département de recherche d'opinion publique et société de l'Université de Zurich

La majeure partie de la presse romande a réagi aux amalgames en affirmant que c'était l'UDC elle-même qui représentait le problème. Le PS est le deuxième groupe, notamment à travers la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey, à avoir rejeté les stéréotypes. Au final, on constate surtout que les étrangers n'ont pas eu voix au chapitre.

Tableau dichotomique

«Durant la campagne, nous avons assisté à un discours noir et blanc, d'exclusion qui affaiblit les minorités et la démocratie», analyse Boël Sambuc, vice-présidente de la CFR. En parallèle au populisme politique, on a vu arriver un populisme médiatique ou quand les médias préfèrent simplifier qu'analyser.

Pour le chercheur Kurt Imhof, le phantasme, la peur a pris le pas sur la réalité. Il n'y a donc que peu de contre-discours possible, relève Mme Sambuc. Passer sous silence les propos de l'UDC serait une solution, mais constituerait un risque financier trop grand pour les médias, admet-elle.

Il faut surtout davantage débattre du fond et donner la parole «aux cibles, pour ne pas dire victimes», préconise la vice- présidente de la CFR. Les journalistes doivent mettre en avant les destins individuels, les témoignages afin que l'étranger redevienne «le sujet de l'article et non l'instrument», a conclu le président de la CFR Georg Kreis.

Méthodologie

Les chercheurs ont étudié les articles parus dans les journaux suivants: «Le Temps», «Le Matin», «Le Matin Dimanche», «Berner Zeitung», «Blick», «Neue Luzerner Zeitung», «Neue Zürcher Zeitung», «Tages-Anzeiger», «NZZ am Sonntag», «SonntagsBlick», «SonntagsZeitung», «Weltwoche» et «WochenZeitung» (WoZ). Ont aussi été analysés les journaux télévisés (»19:30», «Tagesschau», «10 vor 10» et «Telegiornale sera») et toutes les annonces électorales publiées dans ces médias.

De manière générale, les hebdomadaires à tendance idéologique ont davantage utilisé soit des stéréotypes négatifs (»Weltwoche»), soit des références à ces stéréotypes pour les contrer (»WoZ»). Les journaux dominicaux comportent également une part plus élevée de généralisations ou de réactions aux généralisations.

(ats)

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