Les FARC vont libérer des otages mais disent «non» à Uribe

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Les FARC vont libérer des otages mais disent «non» à Uribe

La guérilla colombienne des FARC a annoncé mardi qu'elle allait libérer trois de ses otages dont Clara Rojas, l'assistante d'Ingrid Betancourt.

Les rebelles ont toutefois opposé une fin de non-recevoir aux dernières propositions du président colombien Alvaro Uribe.

Le secrétariat des Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC), l'organe dirigeant de la guérilla marxiste, a fait ces déclarations dans un communiqué de l'agence de presse cubaine «Prensa Latina», daté de Bogota et diffusé à La Havane.

Les rebelles ont affirmé qu'ils allaient relâcher Clara Rojas et son jeune fils Emmanuel, conçu en captivité avec un guérillero, ainsi qu'une parlementaire libérale, Consuelo Gonzalez. «L'ordre de les libérer en Colombie a déjà été donné», a affirmé la guérilla dans son communiqué.

Avocate de 44 ans, Clara Rojas était la directrice de campagne de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, candidate des Verts à la présidentielle en Colombie, quand elles ont été enlevées le 23 février 2002 par les FARC près de Florencia, à 600 km au sud de Bogota.

Chavez averti

A Montevideo, où il participait à une réunion du Mercosur, le président vénézuélien Hugo Chavez a confirmé l'authenticité du communiqué, qu'il a lui-même reçu, et déclaré qu'il réfléchissait à la manière de procéder. «J'étais alerté sur une possible libération d'un groupe de personnes», a-t-il précisé.

Selon les FARC, il s'agit d'»un geste de reconnaissance envers les familles des otages», le président vénézuélien et la sénatrice colombienne d'opposition Piedad Cordoba, anciens médiateurs dans le dossier des otages, dont la mission a été annulée fin novembre par Bogota.

Les trois otages devraient être remis à Hugo Chavez ou à la personne de son choix, selon «Prensa Latina».

Espoir pour Ingrid

Pour sa part, la mère d'Ingrid Betancourt a réagi en demandant aux FARC de penser aussi à sa fille. «Qu'ils prennent en compte le fait que ma fille souffre tellement. Qu'ils fassent quelque chose pour Ingrid», a déclaré par téléphone Yolanda Pulecio, à la télévision publique vénézuélienne VTV.

«Je ressens beaucoup d'émotion pour les familles de Clara et Consuelo», a-t-elle ajouté, en affirmant que ces libérations étaient dues «en grande partie à la médiation» vénézuélienne.

Le fils d'Ingrid Betancourt, Lorenzo Delloye, a salué sur VTV le «pas vers un accord humanitaire» de la guérilla et souligné le rôle «très important» du Venezuela. «Désormais, le gouvernement de Colombie doit répondre favorablement», a-t-il dit, tout en appelant la communauté internationale à «faire pression» sur Bogota.

A Paris, le président français Nicolas Sarkozy s'est «réjoui» de l'annonce, espérant qu'elle permettra «d'amorcer un mouvement conduisant (...) à la libération d'Ingrid Betancourt» mais en «attend la confirmation».

«Menteur»

Parallèlement à l'annonce de ces libérations, les FARC ont rejeté catégoriquement le plan proposé par le président Uribe, portant sur la création d'une «zone de rencontre» pour engager des négociations sur un échange entre otages et rebelles emprisonnés.

Les rebelles ont jugé «improvisée» et «inacceptable» cette proposition pour «dialoguer avec ce menteur de haut commissaire colombien pour la paix (Carlos) Restrepo dans des lieux éloignés, clandestins et inhospitaliers, dans un délai de 30 jours».

Le 7 décembre, le gouvernement colombien avait annoncé la création «d'une zone de rencontre» pour négocier avec les FARC un échange dit humanitaire entre 500 guérilleros et un groupe de 45 otages, dont trois Américains et la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt.

Les FARC ont remercié M. Chavez pour «l'effort colossal accompli comme médiateur» et estimé que l'annulation de sa mission par le président Uribe avait été «un acte de barbarie diplomatique». (ats)

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