Pléthore: Les femmes font leur cinéma

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PléthoreLes femmes font leur cinéma

Devant et derrière la caméra, elles semblent s'être donné rendez-vous sur grand écran ce mercredi.

par
Fred Ferrari

Hasard du calendrier, ce ne sont pas moins de quatre films, comiques, tragiques, et pas nécessairement militants féministes, qui sortent ce mercredi 24 mars avec pour point commun d'être réalisés et interprétés par des femmes, sur des thèmes qui les touchent.

Serait-ce parce qu'on n'est jamais aussi bien servi(e) que par soi-même? Toujours est-il que si le public féminin leur semble acquis d'avance, les hommes ont tout à gagner à fréquenter ces films pour comprendre un peu mieux le sexe dit faible...

Excision: le combat d'une Africaine

Le nom de Waris Dirie vous dit-il quelque chose? Ce mannequin d'origine somalienne fut la première Africaine à signer un contrat d'exclusivité avec une marque de cosmétiques.

Elle fut aussi ambassadrice de bonne volonté de l'ONU contre l'excision. Car elle-même a été victime de cette atroce mutilation, qu'elle a dénoncée haut et fort. C'est de son histoire que s'inspire «Fleur du désert»: comment elle fuit un mariage traditionnel forcé, comment elle grandit au noir dans les cuisines d'une ambassade à Londres, comment elle fut repérée par un photographe et comment elle prit son destin en main.

Il y a une scène emblématique dans «Fleur du désert»: Waris consulte un gynécologue qui lui propose de soulager sa souffrance, tandis que l'infirmier africain chargé de la traduction la blâme d'oser se montrer à un inconnu et de renier les traditions ancestrales. Une séquence, et celle, poignante, de l'excision finale, qui font oublier que le film carbure parfois un peu trop aux bons sentiments.

«Fleur de désert»

De Sherry Hormann. Avec Liya Kebede,

Sally Hawkins, Timothy Spal

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Patty perd son chien et trouve un gamin

C'est une drôle d'histoire que celle de Patty, artiste de cirque ambulant à la chevelure rouge pétant. Partie à la recherche de son chien fugueur, elle revient à la maison – une roulotte – avec une enfant de 2 ans abandonnée par sa mère. Au lieu d'appeler la police, Patty se prend d'affection pour la petiote. Ce qui devient évidemment problématique quand la maman réapparaît... C'est un drôle de film que «La Pivellina», tourné caméra à l'épaule au plus près des personnages et de leur quotidien.

Il en émane une impression d'authenticité rarement vue depuis la grande époque du néoréalisme italien. Et qui, malgré quelques baisses de régime, donne une épaisseur attachante au sentiment de maternité qui s'empare de Patty au fil du film.

«La Pivellina»

De Tizza Covi et Rainer Frimmel. Avec Patrizia Gerardi, Asia Crippa

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Mère contre filles

Les filles de Pilar lui en font voir de toutes les couleurs. Et réciproquement. Nuria fait sa diva qui panique à l'idée de ne pas trouver la robe idéale pour monterles marches à Cannes. Aurélia, comédienne de théâtre, souffre de vivre dans l'ombre de sa sœur. Et Christal, la parfaite femme au foyer, rêve d'aventure(s). Toutes vont péter les plombs le jour où leur mère leur présente le nouvel homme de sa vie... Pour son premier film, Yasmina Reza alterne les maladresses et les moments de grâce, provoquant tour à tour énervement et amusement.

«Chicas»

De Yasmina Reza. Avec Carmen Maura, Emmanuelle Seigner, Valérie Dréville, Christelle Tual

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Les jeunes des cités n'ont d'yeux que pour Paris

Ah, Paname! Ses soirées paillettes, ses plans drague au champagne, ses fringues griffées... Ely et Lila, meilleures amies du monde, en rêvent, elles qui végètent à Puteaux, une banlieue à dix minutes de métro de la capitale. D'ailleurs, elles dépensent toute leur énergie, à défaut d'argent, pour s'immiscer dans les boîtes et jouer les pique-assiettes. Mais quand les mensonges prennent le pas sur leur amitié, le rêve tourne au vinaigre...

Sûr, «Tout ce qui brille» et son portrait de nanas complètement superficielles, romantiques, bavardes et futiles irriteront terriblement les spectateurs masculins. N'empêche que le film séduira les plus réticents grâce à la vitalité de ses personnages principaux. Coréalisé par Géraldine Nakache (la compagne de Manu Payet, qu'on verra très bientôt dans le rôle de la compagne hystérique de Michael Youn dans «Coursier»), le film décrypte sur le mode de la comédie les codes propres à la ville et à la banlieue, sans juger ni les uns ni les autres. Et pour une fois qu'il n'est pas question de gangs, de drogue et de violence quand on parle des cités...

«Tout ce qui brille»

De Géraldine Nakache et Hervé Mimran. Avec Leïla Bekhti et Géraldine Nakache **

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