SuisseLes fonds de placement dits «durables» seraient un leurre
Greenpeace a passé au crible plus de 50 fonds proposés par les banques de détails sous un label rassurant qui seraient en fait pire que les fonds conventionnels.
- par
- Marion Emonot
Photo d’illustration. Ce projet d’architecture au Mexique a été récemment récompensé.
«On propose aux clients des produits de placement dont le nom et la description font penser à une influence positive sur l'environnement et la société, mais qui n'ont que rarement cet effet», estime l’experte des questions liées à la finance et au climat pour Greenpeace Suisse, Larissa Marti. Cinquante-et-un fonds ont été passés au crible par une société spécialisée dans les questions d’ESG (comprendre Environmental, Social et Gouvernance). Conclusion: les résultats sont «inquiétants».
Pour s’arroger le qualificatif de «durables», les directives actuelles des fonds de placement excluent certes des secteurs clairs comme l’armement ou l’industrie du ciment. Mais d’autres domaines plus complexes comme l’agriculture ne sont pas analysés plus précisément ni intégrés dans des réflexions sur la durabilité. Les fonds en question sont à peine mieux notés que les fonds de placement conventionnels. «En clair, cela signifie que les investissements dits durables actuellement proposés sont non seulement peu durables mais pire, qu’ils nuisent au climat», juge encore Larissa Marti.
Par conséquent, Greenpeace estime que les gestionnaires de fonds et les banques font du «Greenwashing», un néologisme qui fait référence au «lavage de cerveau» (brainwashing). L’ONG exige que des critères minimaux soient adoptés pour que les banques puissent s’octroyer le droit de dénommer leurs fonds «durables». La condition sine qua non serait le respect des Accords de Paris: au moins viser un produit qui s’engage à ne pas dépasser un réchauffement de 1,5°C.