ClimatLes grands patrons prêts à défier Trump
De nombreuses multinationales américaines ont exprimé leur déception après l'annonce de Trump sur l'accord de Paris jeudi.
De l'industrie pétrolière à l'automobile, plusieurs multinationales américaines ont exprimé leur déception après le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris et leur détermination à poursuivre leurs efforts pour réduire les émissions de CO2.
Patron emblématique du constructeur de véhicules électriques de luxe Tesla, Elon Musk n'a pas attendu bien longtemps avant de juger sur Twitter que la décision du président Trump n'était «pas bonne pour l'Amérique ou pour le monde».
Quelques minutes après l'annonce présidentielle, l'entrepreneur milliardaire très impliqué dans l'énergie solaire en a profité pour annoncer qu'il claquait la porte des différents cénacles qui conseillaient Donald Trump.
«Par question de principes, j'ai donné ma démission du conseil du président suite au retrait de l'accord de Paris», a tweeté un peu plus tard à son tour Bob Iger, le PDG de Disney, qui comprend non seulement les studios Walt Disney mais aussi les célèbres parcs d'attraction et les chaînes de télévision ABC et ESPN.
Numéro un américain de l'automobile, General Motors a, de son côté, assuré que sa position sur le changement climatique «n'avait pas changé». «Nous défendons publiquement l'action et la prise de conscience sur le climat», a indiqué un porte-parole à l'AFP.
Le patron de General Electric mécontent
Patron du conglomérat industriel General Electric, Jeff Immelt a lui aussi exprimé son mécontentement sur Twitter et exhorté les milieux d'affaires à prendre la tête du combat pour le climat, pour pallier l'inaction des autorités. «Je suis déçu par la décision aujourd'hui (jeudi) sur l'accord de Paris. Le changement climatique est réel. L'industrie doit maintenant prendre la tête et ne plus dépendre du gouvernement», a-t-il tweeté.
«Au vu des tendances qui ont cours dans le monde, nous devons investir afin de rejeter moins de carbone dans l'atmosphère. Je pense que les Etats-Unis doivent montrer la voie. Donc les leaders ne quittent pas la table, ils y restent. C'est pourquoi je suis déçu», a lancé de son côté Andrew Liveris, le PDG du groupe d'agrochimie américain Dow Chemical en attente d'un feu vert sur sa fusion avec le rival DuPont. Cette transaction, qui doit créer le numéro deux mondial des semences et le numéro trois des produits phytosanitaires, a déjà obtenu l'approbation sous conditions de la Commission européenne.
Groupement des plus grands patrons américains, la Business Roundtable s'est gardée de critiquer aussi frontalement la décision de Donald Trump mais elle a toutefois tenu à souligner que les conséquences du changement climatique «étaient potentiellement graves et très étendues».
Même les grandes majors pétrolières américaines, qui auraient a priori le plus à perdre de la transition énergétique, ont fait entendre leur désapprobation et apporté leur soutien à l'accord de Paris, qui vise à contenir le réchauffement climatique.
ExxonMobil défend l'accord
Contacté par l'AFP, ExxonMobil continue ainsi de défendre cet accord signé en 2015 par 195 pays qui constitue «un important pas en avant pour relever le défi mondial de la réduction des émissions», a indiqué un porte-parole à l'AFP.
Le numéro un du secteur américain juge également ce compromis «crucial» parce qu'il inclut les grands pays émergents comme la Chine ou l'Inde, répondant à l'argument de Donald Trump selon lequel cet accord serait d'abord néfaste pour les Etats-Unis.
Son rival Chevron campe sur la même ligne et soutient lui aussi un accord qui constitue un «premier pas vers un cadre international» de réduction des émissions, assure à l'AFP une de ses porte-parole, Melissa Ritchie.
Accroc majeur
Sans surprise, les entreprises du secteur technologique, traditionnellement très engagées sur le climat, ont elles aussi critiqué la décision de Donald Trump, assurant qu'elle «scellait un revers pour le leadership américain dans le monde», selon l'expression du Information Technology Industry Center (ITI) qui regroupe notamment Apple, Ebay ou Yahoo.
La finance n'est pas en reste: Lloyd Blankfein, le PDG de la banque d'affaires Goldman Sachs, s'est servi pour la première fois de son compte twitter, ouvert en 2011, pour affirmer que «la décision d'aujourd'hui est un revers pour l'environnement et pour le leadership des Etats-Unis dans le monde». Plusieurs anciens dirigeants de la banque font pourtant maintenant partie de l'équipe économique de Donald Trump.
Après la querelle sur l'immigration, cette levée de boucliers quasi-unanime marque un nouvel accroc dans la lune de miel qui s'était nouée entre Donald Trump et les milieux d'affaires, séduits par la promesse présidentielle de baisses d'impôts massives et de dérégulation.
Mais elle n'est pas tout à fait surprenante. Après avoir pendant des années freiné les négociations sur le réchauffement, les grandes entreprises américaines se sont ainsi lentement converties au combat climatique, dans un souci d'image autant que de rentabilité.
La donne a changé
La donne économique a, de fait, radicalement changé. De grands investisseurs se détournent des énergies fossiles et les entreprises sont pressées de toutes parts d'adapter leur modèle de croissance à un monde délesté du carbone
«Les entreprises s'engagent davantage sur le climat sans tenir compte de la décision (de Donald Trump) parce que cela leur permet d'économiser de l'argent, de réduire les risques et surtout parce ce que ça leur ouvre des opportunités massives», a affirmé à l'AFP Kevin Moss de l'organisation environnementaliste World Resources Institute.
Le consensus n'est toutefois pas totalement entier au sein du «Corporate USA». Ardent critique des règlementations environnementales de l'ère Obama, le puissant lobby patronal de l'US Chamber of Commerce a ainsi adopté un ton très conciliant après l'annonce du retrait américain.
«Nous avons hâte de travailler avec le président, le Congrès et toutes les parties prenantes pour fournir les innovations et les technologies qui permettront à l'Amérique de remplir ses objectifs environnementaux», a déclaré à l'AFP un porte-parole de ce groupement qui dit représenter 3 millions de grandes entreprises et de PME. (nxp/afp)
Bloomberg promet 15 millions
Le milliardaire américain Michael Bloomberg promet d'apporter 15 millions de dollars (14,5 millions de francs) pour soutenir les efforts de l'ONU contre le changement climatique. La résistance s'organise aux Etats-Unis après l'annonce de Donald Trump de retirer son pays de l'accord de Paris sur le climat.