GenèveLes happy hours pourraient subsister dans les bistrots
Supprimée dans le projet d'origine, la pratique des prix cassés pendant une heure ou deux réapparaît dans la réforme de la loi sur le débit de boissons, débattue ce jeudi.
- par
- David Ramseyer

La loi sur lalcool est aussi en révision au niveau fédéral.
Le vote a été sans appel: «Oui» à l'unanimité moins une abstention. Avec sa proposition, le socialiste Thomas Wenger a fait un carton en commission. «C'est un bon compromis entre convivialité, prix attractifs et prévention d'une consommation excessive d'alcool», se réjouit le député. Selon lui, il faut maintenir les happy hours dans les bars ou restaurants, mais à certaines conditions: seuls la bière, le vin et le cidre bénéficieraient de prix réduits, pas les alcools forts. Ces offres ne seraient valables que pour deux heures maximum, entre 17h et 20h, et devraient inclure au moins trois autres boissons non alcoolisées. L'amendement sera débattu ce jeudi au Grand Conseil. Les députés genevois sont appelés à réformer de fond en comble la loi sur la restauration et le débit de boisson, dont la première version excluait les happy hours.
Fidéliser les clients
Ces dernières sont une sacro-sainte tradition dans certains pubs de la ville. «C'est une façon de fidéliser notre clientèle alors que le secteur de la restauration souffre économiquement», note Jean-Denis Scheibenstock. D'après ce propriétaire, la pratique n'engendre que très peu d'excès. «Les gens viennent à la sortie du bureau, ils ne sont pas là pour se saouler à bon prix mais juste pour passer un moment convivial.»
Le président de la Société des cafetiers est moins convaincu. Même si «ça va dans le bon sens», Laurent Terlinchamp estime hypocrite de réglementer les happy hours: «On n'a pas à choisir à la place du client ce qui est bon à boire selon un horaire défini.» Le projet socialiste gêne encore beaucoup plus… une autre socialiste: Laurence Fehlmann-Rielle. La secrétaire générale de la Fédération genevoise pour la prévention de l'alcoolisme juge que «la pratique est une incitation à la consommation. Il faut la supprimer purement et simplement!»
Eau gratuite
En marge de cet amendement, le PS propose aussi d'obliger les établissements à servir un verre d'eau gratuit aux clients qui consomment une autre boisson ou de la nourriture.
Le Département cantonal de l'économie n'a pas souhaité s'exprimer sur ce dossier avant le débat en plénière ce jeudi.
Le goût de bouchon s'est bien atténué
La réforme de la loi qui régit restos, bars et night-clubs avait suscité un tollé général en 2013. Proposé par le Conseiller d'Etat Pierre-François Unger, les restrictions d'horaires pour les bars, la suppression des happy hours et l'obligation de patentes pour les buvettes avaient fâché tous les acteurs du dossier, pour des raisons parfois très différentes. L'an dernier, le magistrat Pierre Maudet a repris le dossier et proposé un amendement général. La nouvelle mouture est un meilleur compromis, plus clair, estime la plupart des observateurs. Elle prendrait mieux en compte le bien-être du voisinage et améliorerait les conditions de travail des employés. Le projet soumis ce jeudi généralise les heures d'ouverture des bars jusqu'à 1h en semaine au lieu de minuit, et 2h jeudi vendredi et samedi. Des dérogations seront possibles. La fermeture des discos est fixée à 8h du matin. Enfin, les tenanciers de buvettes seront soumis à des règles moins restrictives que prévues. L'obligation de proposer au moins un vin genevois à la carte des restaurant est en revanche conservée.