Santé: Les hôpitaux se débarrassent des patients

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SantéLes hôpitaux se débarrassent des patients

Avec l'introduction du nouveau système tarifaire, les patients sont plus vite transférés dans les cliniques de réhabilitation. Qui doivent engager du personnel pour stabiliser les malades.

par
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Certains patients doivent d'abord être stabilisés avant de commencer la réhabilitation.

Certains patients doivent d'abord être stabilisés avant de commencer la réhabilitation.

Depuis le début de l'année, les hôpitaux suisses sont soumis à un nouveau système de financement: le forfait par cas. Ainsi, chaque séjour hospitalier est classé dans un groupe de pathologie et indemnisé de manière forfaitaire sur la base de critères définis. Le but: traiter les patients le plus efficacement possible tout en garantissant une qualité élevée. Reste que ce nouveau financement augmente la pression économique sur les hôpitaux, qui sont incités à renvoyer les patients plus rapidement à la maison.

Dans ce contexte, le «Tages-Anzeiger» a enquêté pour savoir si ce nouveau système avait des incidences sur la prise en charge des patients. Les premiers résultats démontrent que les malades sont en effet transférés plus rapidement dans les cliniques de réhabilitation. «Beaucoup de patients sont emmenés dans les cliniques de réadaptation dans un état critique», confirme Fabio Mario Conti, président de l'Association suisse des cliniques de réadaptation et médecin chef de la clinique Hildebrand à Brissago (TI). Avant, ces patients auraient été hospitalisés pendant une durée de cinq à sept jours avant d'être transférés en réhabilitation. Maintenant, cette durée serait de trois à quatre jours seulement. «De plus en plus souvent, les malades ne sont pas aptes à commencer avec la réadaptation. Ils doivent d'abord être stabilisés», ajoute Fabio Mario Conti. La conséquence: les cliniques se transforment en hôpitaux et doivent engager des médecins et des infirmiers pour les cas médicaux les plus lourds.

Le nombre d'antidouleurs prescrits a aussi fortement augmenté

Ce qui pose également problèmes aux cliniques, ce sont les coûts supplémentaires ainsi générés, et qui ne sont pas remboursés. «Les caisses maladie refusent souvent de rembourser les frais supplémentaires engendrés», confirme Matthias Mühlheim, directeur de la clinique de réhabilitation Rheinfelden (AG). «Les économies qui devaient être réalisées en diminuant la durée des séjours en hôpitaux disparaissent dans les cliniques», a-t-il ajouté. Car, pour le moment, ces dernières ne sont pas soumises au même système tarifaire que les hôpitaux, mais dépendent des caisses maladie.

En Allemagne, où ce système a été introduit en 2004, certaines tendances problématiques ont émergé depuis. «Avec le système de financement forfaitaire, l'état de santé des malades est moins bon quand ils arrivent en clinique», affirme le professeur Wilfried von Eiff, économiste de la santé. Dans une étude réalisée à ce sujet, Wilfried von Eiff a démontré qu'entre 2003 et 2010, le nombre de patients opérés à la hanche et n'ayant pas pu participer au programme de réadaptation dans la première semaine, en raison de trop fortes douleurs ou de plaies mal cicatrisées, avait passé de 5,6% à 39,4%. La quantité d'antidouleurs prescrits a aussi fortement augmenté. En 2003, 4% des patients en réhabilitation prenaient ces médicament. En 2010, ils étaient 32%.

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