Sexualité – Les jeunes femmes sont les plus ouvertes sur les questions de genre

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SexualitéLes jeunes femmes sont les plus ouvertes sur les questions de genre

Une étude vient de paraître sur la perception par les Suisses de la masculinité et de la féminité. Hommes et femmes pensent très différemment.

Chez les jeunes, l’identité sexuelle divise souvent et les avis des femmes sont très différents de ceux des hommes.

Chez les jeunes, l’identité sexuelle divise souvent et les avis des femmes sont très différents de ceux des hommes.

Tamedia AG

Les questions de genre sont devenues un thème d’actualité en Suisse comme ailleurs dans le monde. Une première étude vient d’être menée auprès de 2700 personnes par l’institut de recherche Sotomo sur la perception des Helvètes sur la question. Et les résultats montrent que 99,6% des Suisses se considèrent clairement comme soit des femmes, soit des hommes. Seuls 0,4% des sondés ne se classent pas dans ce schéma binaire traditionnel et se considèrent explicitement comme non-binaires.

Mais il y a des nuances: ainsi seuls 14% des hommes s’estiment exclusivement masculins et 6% des femmes exclusivement féminines. Quelque 12% des hommes et des femmes se perçoivent par ailleurs aussi féminins que masculins. Pour 55% des sondés, le sexe est important pour sa propre identité. Quelque 60% des femmes considèrent que leur sexe détermine qui elles sont, contre seulement 49% des hommes.

Une majorité des sondés estiment que les différences entre les sexes ont des raisons aussi bien biologiques que sociales. Seuls 17% pensent que les différences de comportement sont innées. De même, 17% estiment qu’elles sont uniquement le résultat de conventions sociales. Les hommes, surtout les plus âgés, soulignent l’importance des facteurs biologiques.

Jeunes femmes plus ouvertes

Par ailleurs, seuls 18% des adultes sont encore convaincus du stéréotype qu’«il n’y a que la femme et l’homme», selon l’étude. Et 20% pensent que les catégories sexuelles binaires ne sont que le fait de la société. «L’idée dominante aujourd’hui est que la plupart des gens sont certes des femmes ou des hommes, mais qu’il y a aussi des personnes qui ne se laissent pas classer dans ce schéma binaire traditionnel», relève l’étude.

Le sondage montre également que les jeunes femmes en particulier sont flexibles sur la question. Pour la moitié de celles âgées entre 18 à 25 ans, il n’y a pas de démarcation nette entre les deux sexes. Il en va de même pour 57% de celles de la catégorie des 26-35 ans. Autre son de cloche en revanche pour les jeunes hommes: ils sont 76% et 73% respectivement dans ces tranches d’âge à estimer qu’il n’y a la plupart du temps, voire toujours, que des hommes et que des femmes.

Le genre reste important pour les jeunes hommes

«Les jeunes femmes pensent majoritairement que l’on peut changer de sexe et jouer avec les genres. Elles voient le genre comme quelque chose de flexible et de changeant», explique l’auteur de l’étude, Michael Hermann. En revanche, de nombreux jeunes hommes sont irrités par cette attitude et s’en démarquent, explique-t-il. Selon lui, le fait d’être un homme est important pour cette tranche d’âge qui refuse que les catégories de genre soient effacées. «Les jeunes hommes sont particulièrement nombreux à vouloir être sûrs de leur identité», souligne-t-il.

Pour Michael Hermann, «de nombreux jeunes gens propagent aujourd’hui une vision du monde ouverte et queer. Mais il y a aussi ceux qui se sentent provoqués par cette vision et qui la rejettent. Ils deviennent alors parfois homophobes et enclins à la violence.»

Changement de sexe bureaucratique

L’étude se penche également sur le changement de loi qui entrera en vigueur en 2022. Aujourd’hui, en Suisse, il faut se désigner comme homme ou femme dans les documents officiels. Dès le 1er janvier, les personnes pourront faire modifier rapidement et sans bureaucratie leur sexe et leur prénom enregistrés auprès de l’état civil. Une bonne moitié des personnes interrogées souhaiterait que cela change, l’autre moitié s’y oppose. De toute manière, de nombreuses personnes concernées auront honte de le faire, relativise Michael Hermann. En effet, les participants à l’étude sont majoritairement d’avis que rien ne demande autant de courage qu’un changement de sexe.

À noter encore qu’une majorité des sondés n’accepte pas l’étoile de genre (écrire «travailleur*euses», par exemple) et d’autres formes d’écriture similaires: seuls 7% les utilisent. Le masculin générique, soit l’utilisation de la forme masculine pour désigner également les femmes comme c’est le cas en français, ne remporte pas les faveurs pour autant: il ne satisfait que de 27% des sondés.

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