Législatives allemandesLes militants d'IG Metall déboussolés
Le syndicat IG Metall, le plus puissant d'Allemagne, a organisé samedi à Francfort un grand meeting de mobilisation avant les élections législatives du 27 septembre.
Mais, pour la première fois, il n'a pas donné de consignes de vote claires.
Dans un vacarme de sifflets et de musique, environ 45'000 personnes selon les organisateurs ont répondu présent à l'appel du puissant syndicat allemand de la métallurgie dans le stade de football Commerzbank Arena de Francfort.
«Nous voulons donner un signal, au milieu de la plus grande crise du monde moderne, pour une société juste», clame sur scène Berthold Huber, le président d'IG Metall, dont les 2,3 millions d'adhérents sont très convoités par les candidats aux législatives.
Echaudé par la désaffection de ses membres qui, déçus par le parti social-démocrate (SPD), son allié politique historique, ont rejoint la gauche radicale Die Linke, IG Metall n'appelle à voter pour personne, laissant ses militants dans le flou.
Entre la peste et le choléra
S'il appuie personnellement le candidat SPD Frank-Walter Steinmeier, M. Huber épargne plutôt les chrétien-démocrates (CDU) d'Angela Merkel. Il réserve ses piques aux libéraux du FDP, qu'il accuse d'être «soumis à la loi du marché» et de mettre en péril «l'Etat social».
«Nous avons le choix entre la peste et le choléra», estime Susanne Philipp, une employée dans la médecine dentaire âgée de 41 ans. Elle se dit «déçue» par le SPD, qui au sein d'une grande coalition avec la CDU depuis 2005 a poursuivi les mesures de flexibilisation du marché du travail entamées par l'ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder.
Mais la militante ne peut pas non plus se résoudre à voter Die Linke, qui concurrence le SPD en faisant écho aux revendications d'IG Metall, que ce soit sur l'abrogation du report de l'âge de la retraite à 67 ans ou celui du système d'indemnisation du chômage «Harz-IV», jugé trop faible.
«Die Linke défend la bonne cause, mais j'ai du mal à les imaginer au pouvoir. Et puis aucun autre parti ne veut faire alliance avec eux», remarque-t-elle.
Sensation de trahison
«Le SPD nous a trahis», estime Uwe Schoon, un ouvrier de Volkswagen de 33 ans portant un T-shirt jaune d'Opel, «par solidarité» avec les ouvriers du constructeur allemand en difficulté. Il s'agit surtout d'éviter une coalition CDU-FDP, qui serait «le pire qui puisse nous arriver», selon lui.
C'est aussi l'avis de la confédération syndicale allemande DGB, qui réunit entre autres IG Metall et le grand syndicat des services Verdi. «Les libéraux agiraient comme catalyseur néo-libéral», a déclaré cette semaine le président de la DGB Michael Sommer.
Mais tout en affichant d'une part son désir d'alliance avec le FDP, Mme Merkel soigne son image centriste. Elle a ainsi récemment salué les syndicats pour «leur rôle essentiel dans le succès des plans de relance» du gouvernement et promis de ne pas toucher à des garanties sociales comme la protection contre les licenciements ou les salaires minimum déjà instaurés dans certaines branches.
Die Linke en embuscade
Une stratégie payante jusque là si l'on en croit les derniers sondages: la CDU est en tête, avec 39% des intentions de vote, loin devant le SPD. En pleine ascension, le FDP progresse à 16% alors que les Verts (10%) sont talonnés par Die Linke qui se hisse à 9%.
Le meeeting de Francfort se termine en musique avec le chanteur irlandais Bob Geldof, connu pour ses concerts au profit de la lutte contre la pauvreté ou le sida. «Il y a une grande différence entre les problèmes du Tiers monde et les menaces qui pèsent sur l'Etat social allemand», a cependant souligné Ingrid Gier, porte-parole d'IG-Metall. (ats)