Russie-GreenpeaceLes militants inculpés d'autres «crimes graves»
Le comité d'enquête russe prépare de nouvelles inculpations contre des membres de l'équipage du navire de Greenpeace, à bord duquel ont été découverts de la drogue et du matériel suspect.
«Il est clair que certaines personnes impliquées vont être inculpées d'autres crimes graves», a déclaré le comité d'enquête dans un communiqué. Il a ajouté que les inculpations pour piraterie, déjà formulées à l'encontre des 30 membres d'équipage de l'Arctic Sunrise, allaient devoir être «rectifiées».
«Des produits stupéfiants (apparemment du pavot et de la morphine) ont été saisis à bord», a-t-il précisé. Il a indiqué rechercher d'où venaient et à quoi étaient destinés ces produits.
Ces accusations sont «tout bonnement ridicules», a assuré Nathalie Favre, porte-parole de Greenpeace Suisse, contactée par l'ats. «Le bateau battait pavillon hollandais, et selon les lois néerlandaises certains médicaments doivent être à bord en cas d'urgence», a-t-elle expliqué, ajoutant que «les autorités russes veulent semer le doute, décrédibiliser».
Les nouvelles allégations des autorités russes «cherchent à détourner l'attention de l'outrage international que constitue l'emprisonnement des militants», a écrit mercredi Greenpeace International dans un communiqué. L'organisation précise qu'un médecin qualifié se trouvait à bord de l'Arctic Sunrise, avec plus de dix ans d'expérience dans les hôpitaux russes.
Le navire de Greenpeace mouille dans la rade du port russe de Mourmansk et a été placé sous scellés judiciaires. Selon Nathalie Favre, le cabinet fermé à clé contenant les médicaments a dû être ouvert de force: «et maintenant les Russes disent que c'est de la drogue», a-t-elle déploré. «Avant de quitter la Norvège, l'Arctic Sunrise a pourtant été contrôlé de fond en comble avec des chiens.»
«Technologies duales»
Le comité d'enquête ajoute avoir saisi à bord divers équipements et documents. «Il est d'ores et déjà établi qu'une partie des équipements saisis relève de technologies duales et pouvaient n'être pas utilisés seulement à des fins écologistes», note le porte-parole dans le communiqué. Le terme de technologies duales désigne habituellement des technologies à la fois civiles et militaires.
L'enquête est également «en train d'identifier les individus qui ont volontairement éperonné les embarcations des gardes-côtes, portant ainsi atteinte à la vie et à la santé des représentants de la force publique», souligne le comité d'enquête.
Commandos russes
L'Arctic Sunrise avait été arraisonné en mer de Barents (Arctique) après que deux membres de l'équipage, équipés de canots pneumatiques, ont abordé une plate-forme pétrolière russe et tenté de l'escalader, selon eux, pour y implanter une banderole dénonçant les risques écologiques. L'action a été menée par une Finlandaise et un Suisse. Celui-ci escaladait la plate-forme lorsqu'il a été arrêté.
Les membres de Greenpeace ont été interceptés le lendemain par des commandos de gardes-côtes, eux-mêmes équipés de canots pneumatiques, et qui ont tiré des coups de semonce. Ils ont été incarcérés à Mourmansk et dans la région. Greenpeace Suisse n'a pas pu dire si le Suisse de 28 ans était concerné par les inculpations à l'étude. (ats/afp)
Opération de Greenpeace à Paris
Une dizaine de militants de Greenpeace ont manifesté mercredi matin devant le siège français du géant russe de l'énergie Gazprom pour réclamer la libération de 28 militants et de deux journalistes emprisonnés en Russie depuis fin septembre, a constaté l'AFP. Deux banderoles ont été déployées devant le siège de Gazprom, sur les Champs Elysées, à partir de 08H30 (06H30 GMT), demandant en anglais la libération des «défenseurs du climat».
Les forces de l'ordre, arrivées sur place une demi-heure plus tard, ont finalement interpellé les militants, dont deux étaient suspendus à plusieurs mètres de haut par des cordages, peu avant 12H00 GMT, a indiqué Greenpeace. Tous sont repartis libres après un contrôle d'identité, selon l'ONG.