SuisseLes «nègres» toujours plus utilisés par les étudiants
Faire écrire un travail universitaire est une pratique toujours plus répandue en Suisse. «Du plagiat» pour l'Université de Zurich.
- par
- nsa/dmz
Les mémoires de bachelor ou de master prennent de manière générale beaucoup de temps à être rédigés. De quoi donner aux étudiants alémaniques l'idée de les faire écrire par quelqu'un d'autre. C'est ce qu'on appelle faire appel à un «nègre» ou «ghostwriter».
Thomas Nemet, directeur de l'agence ACAD Write, est le grand gagnant de cette tendance. Son entreprise propose depuis plusieurs années toutes sortes de textes et d'aides à tous niveaux, de l'essai à la thèse de doctorat, le tout de manière anonyme. Basée en Suisse, elle travaille pour des étudiants locaux, mais aussi allemands, autrichiens, américains, canadiens, britanniques et australiens. Aucun service en français n'est pour le moment proposé.
En dix ans d'existence, l'agence a réalisé pas moins de 8600 travaux. «L'an passé, la demande a augmenté d'environ 30%. Et un client sur dix est Suisse», explique-t-il. Les préoccupations morales ne sont pas un problème: «C'est comme ça que marche le capitalisme. Si vous avez de l'argent, tout est plus facile. C'est pareil pour l'éducation.»
«Du plagiat»
Selon Thomas Nemet, les travaux effectués par ses «nègres» ne sont quasiment jamais détectés. «Dans la plupart des universités, les profs ne sont pas capables de reconnaître un étudiant à son style d'écriture.» Et le ghostwriting rapporte: un travail de master, par exemple, peut rapporter jusqu'à 10'000 francs à l'agence. La plupart des demandes proviennent d'étudiants en sciences économiques ou humaines. «Notre offre ne fonctionne pas pour les branches scientifiques, poursuit le directeur, car les travaux sont liés à des expériences et des observations que nous ne pouvons pas faire». Et les clients ne sont pas que des privilégiés: «Nous ne travaillons pas que pour des enfants gâtés qui vont faire la fête à Zermatt. Beaucoup sont des jeunes qui travaillent en dehors des études et qui manquent de temps.»
Pour Bettina Jacob, porte-parole de l'Université de Zurich, cela ne fait aucun doute: une oeuvre écrite par une autre personne que «l'auteur» est assimilée à du plagiat. «Si nous nous en rendons compte, la sanction peut aller d'un blâme à l'exclusion.» Mais Thomas Nemet assure qu'aucun de ses clients ne s'est fait attraper. Et qu'aucun d'entre-eux n'a obtenu une note insuffisante. Ce que nuance Bettina Jakob: «Chez nous, un cas a donné lieu à des mesures disciplinaires.»