Aviation Les passagers sont dupés sur les temps de vol
Les compagnies aériennes annoncent des durées de trajet exagérées afin de masquer leurs retards.
- par
- Sophie Pieren

Malgré cette astuce, un vol sur cinq atterrit encore en retard.
Dans les années 1960, il fallait cinq heures pour relier New York à Los Angeles. Il en faut plus de six aujourd'hui. Le trajet Berlin-Londres dure, lui, en moyenne vingt minutes de plus qu'il y a dix ans. Les avions ne volent pourtant pas moins vite qu'à l'époque, bien au contraire. Alors, que se passe-t-il donc?
Ces temps de trajet qui s'allongent – du moins sur le papier – sont en réalité dus à une pratique surnommée «padding» («rembourrage» en français). Celle-ci consiste à annoncer des vols plus longs que ce qu'ils durent en réalité. Objectif: donner une illusion de ponctualité aux passagers. En effet, grâce à cette stratégie, l'avion atterrit selon l'horaire affiché même s'il ne décolle pas dans les temps.
Les compagnies aériennes évitent ainsi les conséquences de retards à répétition, notamment en matière d'image ou de dédommagement des passagers. Rappelons que dans l'Union européenne, les voyageurs ont droit à une indemnité en cas de retard de plus de trois heures. En plus de duper le consommateur, cette pratique – que les compagnies reconnaissent à demi-mot – a pour conséquence de démultiplier les émissions de CO2. Car si l'avion décolle à temps, le pilote doit ralentir pour arriver à l'heure prévue. Résultat: «Le padding, c'est plus de carburant consumé, plus de bruit et plus d'émissions de dioxyde de carbone», constate le consultant en aviation Michael Baiada à la BBC.