Brigandage de Chavornay (VD)Les policiers suisses font impression au procès de Lyon
Au second jour du procès des auteurs présumés de l’attaque d’un convoyeur de fonds dans le canton de Vaud, la genèse du crime a été exposée par les agents.
- par
- Richard Schittly

Les malfrats s’en étaient pris à un fourgon blindé de la société SOS Surveillance.
Après deux heures de déposition des policiers du canton de Vaud, ce jeudi, le président de la cour d’assises de Lyon sait parler suisse couramment. Il dit «brigandage», à la place de l’expression française «braquage» pour décrire l’attaque à main armée du fourgon blindé, le 8 février 2018 à Chavornay (VD). Surtout, au deuxième jour du procès, la justice lyonnaise découvre la genèse présumée du crime aux 25 millions de francs de butin, grâce à la longue et précise déposition de l’inspecteur principal.
Selon le policier cantonal, un groupe de malfaiteurs a préparé le coup plus d’un an à l’avance. Selon lui, l’idée serait venue de Yusuf K., convoyeur de fonds de la société ciblée, ayant connaissance des failles de sécurité de ses tournées, et des habitudes familiales de son collègue, dont la fille a été séquestrée. Le convoyeur se lie avec un ami de club de fitness, et avec Can S., loueur de voitures de luxe de Genève, pour rencontrer fréquemment Medhi A., de Vaulx-en-Velin (F).
«Dix-sept réunions conspiratives»
L’enquêteur suisse affirme que «dix-sept réunions conspiratives» se sont déroulées «dans les bureaux genevois» de Can S. Ce dernier a été récemment condamné à 11 ans de prison à Genève, pour sa participation au brigandage de Chavornay. La déposition est accablante au procès lyonnais de l’ancien convoyeur, qui nie farouchement avoir trahi son collègue. Pour ses avocats, les accusations venues de Suisse «ne reposent que sur des déclarations, sans preuve matérielle pour les confirmer».
«Le petit Suisse n’avait aucun intérêt à les mettre en cause. Il a pris des risques» estime par la suite un autre inspecteur helvétique. Ce second policier insiste: «je ne connais pas beaucoup de braqueurs qui ont préparé un coup pendant dix-sept mois. Le temps qu’ils y ont passé, c’est énorme.»
Le cerveau de l’attaque localisé en Tunisie
Rebondissement à Lyon. La cour d’assises est officiellement informée: le cerveau présumé du brigandage de Chavornay est détenu en Tunisie. Medhi A., 30 ans, originaire de Vaulx-en-Velin (F), y serait condamné à 10 ans de prison pour «faux», selon un rapport du magistrat de liaison français en poste à Tunis. Les renseignements diplomatiques sont très vagues. Pour les avocats de la défense, l’audition du principal accusé s’impose désormais. Selon l’enquête, le personnage a effectué les repérages au contact de complices suisses, et il a «organisé» l’attaque, coordonnée avec l’enlèvement de la fille du conducteur du fourgon. Les avocats plaident le renvoi du procès. «Une demande dilatoire pour retarder les échéances», conteste l’avocat général. La cour a décidé de poursuivre les débats, sans attendre une improbable extradition.
Deux répétitions générales avant l’attaque décisive
Selon la déposition des deux policiers suisses, hier à Lyon, deux tentatives de brigandages se sont produites en janvier et octobre 2017, contre des fourgons de la société SOS surveillance. Comme une répétition générale visant la même société en février 2018. La première fois, un trio sans arme a été mis en fuite, à Daillens (VD). La seconde, une équipe a tenté de détourner un fourgon en posant des panneaux de signalisation, sans succès.