Les saveurs de la cuisine maltaise transporte les voyageurs

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Malte est une destination de vacances estivales à découvrir pour ses spécialités culinaires. Producteurs, commerçants et cuisiniers sont les défenseurs d’un patrimoine riche.

Emmanuel Coissy
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Emmanuel Coissy

Il est 20 heures, Ivan Galea coupe l’herbe dans l’oliveraie Girgenti. Celle-ci se cache à la campagne, aux abords de Siggiewi, ville à 10 kilomètres au nord de La Valette, la capitale de Malte. La météo de la fin du mois de mai fait la joie de l’oléiculteur. La température, 23°C l’après-midi, n’est pas excessive pour la saison. Quelques rares gouttes de pluie chargées de poussière du Sahara sont tombées, la veille. Le Maltais, âgé de 50 ans, s’est prémuni contre le manque d’eau avec un collecteur qui la conduit depuis les collines qui surplombent sa propriété. Là, s’épanouissent les fruits qui, pressés, donnent chaque année 50 litres d’une huile d’olive de qualité supérieure.

Ivan Galea, gynécologue et oléiculteur, avec un jeune olivier donnant la bidni, une variété d’olive originaire de Malte. 

Ivan Galea, gynécologue et oléiculteur, avec un jeune olivier donnant la bidni, une variété d’olive originaire de Malte. 

Emmanuel Coissy

La production est confidentielle: elle est écoulée chez les gens du coin. Ça fait 7 ans que cet ex-gynécologue, il enseigne désormais à l’université pour avoir plus de temps à consacrer à son oliveraie, s’adonne à sa passion pour les olives. Parmi elles, la bidni, une ancienne variété endémique réintroduite en 2006, qu’il chérit particulièrement. Avec la Perla Maltese, olive de table blanche produite notamment dans le nord de l’île, la bidni reflète la spécificité de la cuisine maltaise.

Des olives de table, chez un marchand.

Des olives de table, chez un marchand.

Emmanuel Coissy

Ambassadeur des saveurs

Le goût maltais est cousin du sicilien. La république, ex-colonie britannique, est voisine de l’île italienne qui est son principal fournisseur de denrées alimentaires. «Nous valorisons un patrimoine: notre terroir», assure Karl Mallia en travaillant la pâte à pain. Le cuisinier privé, âgé de 50 ans, a parcouru le monde au service d’une riche clientèle. Il est rentré au pays, voilà 8 ans, avec la ferme intention de perpétuer les traditions maltaises. Il anime des cours de cuisine pour les voyageurs, dans l’oliveraie Girgenti: «Ce sont les recettes de ma mère».

Le chef Karl Mallia cuit et prépare la ftira maltaise, un sandwich garni de produits locaux.

Le chef Karl Mallia cuit et prépare la ftira maltaise, un sandwich garni de produits locaux.

Emmanuel Coissy

Le soir de notre venue est consacré à la ftira. La maltaise et la gozitaine (de Gozo, petite île au nord ouest de Malte). La première est un sandwich en forme de couronne garnie de tomates, d’olives, de thon, de câpres, selon sa préférence. La seconde est une sorte de pizza garnie, à choix, de sauce tomate, de crudités, de pomme de terre, de saucisse locale, de fromage de brebis. Les deux, agrémentées d’un filet d’huile d’olive, constituent, un en-cas à la mi-journée. «La chaleur du four en briques oscille entre 250°C et 280°C, explique Karl Mallia. Il est moins chaud qu’un four à pizza. La consistance de la pâte est différente, la saveur du plat aussi.»

La ftira gozitaine est la cousine de la pizza.

La ftira gozitaine est la cousine de la pizza.

Emmanuel Coissy

Poisson frais et marais salants

Malte raffole de la boulangerie. À tous les coins de rue, dans les bars et les cafés, on mange des pastizzi. Ces friands en pâte feuilletée sont fourrés à la ricotta ou à la purée de petits pois. Les mets traditionnels sont caractérisés par leur sincérité. C’est le cas de la fenkata, le plat national, un ragoût de lapin mariné dans du vin rouge, sauté à l’ail.

Un pastizz, friand fourré à la ricotta ou à la purée de pois.

Un pastizz, friand fourré à la ricotta ou à la purée de pois.

Emmanuel Coissy

Le poisson fait naturellement partie des spécialités. La pêche et la pisciculture sont une industrie essentielle et exportatrice. La dorade et le bar sont essentiellement exportés en Italie. Par ailleurs, on estime que 46% des exportations européennes de thon rouge au Japon proviennent des eaux maltaises. En 2017, 13 pays méditerranéens ont signé la Déclaration de Malte pour lutter contre la surpêche.

La société Azzopardi est active dans l’aquaculture, la vente (ici, la poissonnerie de St Paul’s Bay) et l’exportation jusqu’au Japon.

La société Azzopardi est active dans l’aquaculture, la vente (ici, la poissonnerie de St Paul’s Bay) et l’exportation jusqu’au Japon.

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Les poissons sont accommodés en soupe, l’aljotta, sorte de bouillabaisse servie dans un pot en céramique coiffé d’un chapeau en pâte feuilletée. On les sert aussi en roulade ou simplement grillés. Des pommes de terre rissolées et des légumes sautés composent généralement l’accompagnement.

Au détour d’une excursion gourmande à Gozo, il ne faut pas manquer la visite des marais salants du nord de la petite île. On débarque au cœur d’un paysage lunaire, frappé par les vents. Le spectacle est saisissant. Contrairement à d’autres secteurs, le sel ne craint ni les changements climatiques ni la surproduction.

Les marais salants exploités par la famille Cini, sur la petite île de Gozo.

Les marais salants exploités par la famille Cini, sur la petite île de Gozo.

Emmanuel Coissy

Au bonheur du vin

Les Maltais brassent et boivent de la bière blonde. Depuis les années 1950, le leader local commercialise aussi la Kinnie, un soda non alcoolisé (orange amère, herbes aromatiques, anis, ginseng). Les deux boissons sont très populaires. Le vin l’est aussi, en particulier le blanc. Étonnamment, la viticulture est une activité assez récente. Certains petits domaines indépendants méritent l’attention des gourmets. C’est le cas de Markus Divinus (5000 bouteilles par an réparties en 8 cuvées), dont les parcelles sont disséminées sur la grande île.

À Gozo (ci-dessus) comme à Malte, l’arrosage est un défi à cause de la rareté de l’eau claire. Plus de la moitié de celle consommée dans le pays est de l’eau de mer dessalée.

À Gozo (ci-dessus) comme à Malte, l’arrosage est un défi à cause de la rareté de l’eau claire. Plus de la moitié de celle consommée dans le pays est de l’eau de mer dessalée.

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Il y a 15 ans, Mark Borg, son propriétaire âgé de 45 ans, s’est lancé, en marge d’un job alimentaire. Tout a commencé dans son garage. Aujourd’hui encore, il se charge personnellement de la culture, de l’œnologie et de la vente. L’entreprise a grandi: elle s’impose désormais comme un fleuron de l’appellation Maltese Islands. Ses bouteilles sont à la carte des meilleurs restaurants du pays, dont six étoilés Michelin.

5000 bouteilles par an sortent du chai du domaine Markus Divinus.

5000 bouteilles par an sortent du chai du domaine Markus Divinus.

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Deux cépages indigènes, le girgentina et le gellewsa (prononcez: dgélosa), respectivement raisin blanc et noir, entrent dans des assemblages. Associé au sauvignon blanc, le girgentina produit un vin blanc lumineux. On retrouve aussi ce cépage, à raison de 1% seulement, dans la cuvée Adon. Ce rouge élégant, concentré et suave, contient du gellewsa (46%), de la syrah et du merlot. Il peut être bu dès 3 ans (à carafer) et au moins jusqu’à 15 ans. Seules 100 bouteilles de cette cuvée sortent du chai chaque année, ce qui justifie un prix élevé.

Aujourd’hui, Mark Borg ne travaille plus dans son garage et reçoit, sur réservation, amateurs et curieux dans un lieu charmant, à Dingli, sur la côte sud, où il sert des spécialités maltaises pour accompagner la dégustation. Comme il fait souvent beau, on trinque sur la terrasse, face aux pieds de vigne.

Le vigneron Mark Borg cultive un cépage indigène, le gellewsa (arrière-plan), qui apporte sa suavité à un assemblage rouge.

Le vigneron Mark Borg cultive un cépage indigène, le gellewsa (arrière-plan), qui apporte sa suavité à un assemblage rouge.

Emmanuel Coissy

Bonnes adresses

Neolitik Kitchen & Lounge

Cuisine méditerranéenne savoureuse (photo: la salade gozitaine). Décor soigné. Accueil chaleureux 

14 Triq is-Suq, Victoria, Gozo

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Nenu The Artisan Baker

Ce restaurant est une institution. À la carte, toutes les spécialités maltaises, dont le plat national la fenkata (photo ci-dessous), un ragoût de lapin.

4 Triq IL-Kbira, L-Imġarr

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Karlito’s Way 

Cours de cuisine privé de Karl Mallia, dans l’oliveraie Girgenti.

karlitosway.com

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Markus Divinus

Ce petit domaine viticole indépendant propose des cuvées élaborées avec des cépages indigènes.

Sqaq Ta' Żagħfrana Ħad-Dingli

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Zeri’s

Restaurant spécialisé dans le poisson et les fruits de mer du chef Marc Zerafa.

Church St, St Julian's

Le voyage a été offert par la Malta Tourism Authority pour réaliser ce reportage.

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