Casse à ParisLes tableaux volés sont invendables
Les cinq tableaux dérobés jeudi au Musée d'art moderne de Paris pourraient valoir quelque 280 millions de francs mais sont invendables vu leur notoriété, estiment les experts.
Tous les experts interrogés par l'AFP sont d'accord: «ces tableaux volés sont connus, répertoriés et ne pourront jamais aller sur le marché. Ils sont invendables».
Cinq tableaux de maître, de Pablo Picasso (»Pigeon aux petits pois»), Henri Matisse (»La pastorale»), Georges Braque (»L'olivier près de l'Estaque»), Fernand Léger (»Nature morte, chandeliers») et Amedeo Modigliani (»La femme à l'éventail») ont été volés dans la nuit de jeudi à vendredi, une personne s'étant introduite par une fenêtre du musée.
Vidéo de mauvaise qualité
Côté surveillance, le maire de Paris Bertrand Delanoë a reconnu jeudi qu'un «dysfonctionnement partiel» du système d'alarme dans une partie du musée avait été constaté fin mars. Mais, vendredi, Christophe Girard, adjoint au maire de Paris chargé de la Culture, a affirmé que ni la mairie, ni le directeur du musée n'en avaient été informés.
M. Girard a déploré que «malgré la présence de trois gardiens, une intrusion puisse se faire et qu'on puisse déjouer la vidéosurveillance». De source proche de l'enquête, ces images sont de qualité médiocre et difficilement exploitables.
Valeur des toiles discutée
Selon la mairie de Paris jeudi, «la valeur des toiles est estimée entre 90 et 100 millions d'euros» (environ 140 millions de francs).
«La somme de 100 millions d'euros me semble ridicule, même s'il est difficile de s'exprimer sans avoir vu les oeuvres. Les toiles volées sont des tableaux importants du début du XXe, de grands maîtres comme Picasso, Matisse ou Modigliani», a confié vendredi à l'AFP Agnès Sevestre-Bardé, experte en oeuvres d'art.
«A la louche, la valeur de l'ensemble des tableaux volés tournerait autour de 200 millions d'euros, en étant très raisonnable», estime un autre expert, Guy-Patrice Dauberville.
Pas d'assurance
Le patrimoine des musées n'est que très rarement assuré, sauf en cas de prêt, pour des raisons évidentes de limites budgétaires.
Les cinq tableaux ont rejoint la base de données d'Interpol, qui recense près de 35.000 objets disparus, diffusée auprès des polices des 188 pays qui y adhèrent.
(ats)