Les tattoos éphémères ne le sont pas vraiment: clientèle fâchée

La société Ephemeral promettait une disparition de ses tatouages après 15 mois, avant de reporter l’échéance à 2 ans.

La société Ephemeral promettait une disparition de ses tatouages après 15 mois, avant de reporter l’échéance à 2 ans.

Ephemeral
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Toujours visibles après 2 ansLes tattoos éphémères ne le sont pas vraiment: clientèle fâchée

Ephemeral, chaîne de salons de tatouage américaine, rembourse ses clients parce que son encre ne s’efface pas aussi vite que promis.

par
Emmanuel Coissy

«Je me sens un peu bête d’avoir confié ma peau à une start-up.» Heather Plunkett a 36 ans et elle travaille dans la pub à Brooklyn. En 2021, elle a dépensé un peu plus de 500 dollars (env. 470 francs) pour trois tatouages éphémères dans le premier salon Ephemeral qui avait ouvert à New York en mars de cette année-là. L’encre était censée disparaître après 9 mois et, au plus tard, 15 mois après. Près de 2 ans après, les trois dessins sont encore visibles. La New-Yorkaise fait partie des clients fâchés contre la chaîne qui gère six salons à travers le pays et qui en ouvrira un septième à Washington en mars prochain.

Ephemeral présente l’évolution idéale du tattoo: peu après avoir été réalisé (à g.), après 5 mois (au centre) et après 9 mois.

Ephemeral présente l’évolution idéale du tattoo: peu après avoir été réalisé (à g.), après 5 mois (au centre) et après 9 mois.

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Dans son édition dominicale, le «New York Times» a consacré un article à cette affaire. Le grand quotidien américain a été alerté par des publications sur les réseaux sociaux et par un article du «San Francisco Chronicle» qui relayaient les regrets de ceux qui avaient fait confiance à Ephemeral. L’article raconte que, début février, le PDG de l’entreprise, Jeff Liu, a envoyé un mail aux clients pour leur indiquer que la grande majorité des clients étaient satisfaits de la prestation: «70% des tatouages auront disparu après 2 ans et d’autres prendront plus longtemps pour s’effacer.» La société propose un remboursement aux mécontents dont l’encre sera encore visible après 3 ans. Heather Plunkett, citée au début de cet article, acceptera l’argent mais, aujourd’hui, elle aurait préféré ne pas s’être fait tatouer.

«On ne peut pas prévoir l’évolution d’un tatouage»

L’innovation vendue par Ephemeral est une encre mise au point par Brennal Pierre et Vandan Shah, ingénieurs chimistes diplômés de l’Université de New York, qui l’ont développée pendant 6 ans à partir de 2014. Selon le PDG de la chaîne, des tests, des études cliniques et l’assentiment des autorités sanitaires américaines (Food and Drug Administration) garantissent l’innocuité et la disparition de l’encre. Encore faut-il savoir quand…

«On ne peut absolument pas prévoir l’évolution d’un tatouage», explique John Swierk, cité par le «New York Times». Ce professeur adjoint de chimie à l’Université de Binghamton, dans l’État de New York, étudie les raisons pour lesquelles la lumière fait disparaître les tatouages. Selon lui, des facteurs tels que la génétique, le type de peau, l’emplacement du tatouage et l’exposition à la lumière peuvent affecter la façon dont chaque corps réagit à l’encre de tatouage. Ce sont autant de paramètres qui ne sont pas réglementés par la Food and Drug Administration.

Un lancement en fanfare

En 2021, l’ouverture du premier salon Ephemeral avait fait l’objet de nombreux articles dans la presse outre-Atlantique, y compris dans le «New York Times». Les médias avaient salué l’arrivée sur le marché d’un acteur qui assurait à ses clients de n’avoir aucun regret.

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