Euro 2016Les tops et les flops du tournoi de la Nati
La Suisse a encore été éliminée trop tôt, lors d'une grande compétition internationale. Retour sur ce que la Nati a réussi, mais aussi sur ce qui lui a encore manqué.
- par
- Robin Carrel
Avant ce 8e de finale, je vous disais que si la Suisse n'avait rien à faire en quart de finale de cet Euro 2016. Force est de constater que je me suis presque trompé. Les Helvètes ont livré une prestation qui aurait pu, qui aurait sand doute dû, leur valoir une place au prochain tour. Mais voilà, il paraît que «c'est le football». Retour sur deux semaines de compétition pour la Nati, avec ce qui a plu et ce qu'il faudra améliorer.
Les tops
Enfin des émotions
Les joueurs comme leurs fans ont dû attendre 315 minutes avant d'enfin vibrer dans ce tournoi. Loin d'être exceptionnels pendant trois matches et demi, les Suisses se sont enfin lâchés à la mi-temps de la partie face à la Pologne. Même si on peut regretter le manque d'ambition de la phalange de Vladimir Petkovic après avoir égalisé en 8e de finale, on a tout de même le droit de saluer l'excellente deuxième mi-temps réussie et l'envie enfin (re)trouvée des joueurs à la croix-blanche. Il faut construire là-dessus en vue des qualifications pour la Coupe du monde en Russie. Car il n'est pas certain que les suiveurs de la Nati supportent encore longtemps une telle frilosité.
Fabian Schär
Quelques soucis à se mettre dans le tournoi, malgré un but contre l'Albanie. Puis des prestations de classe. Impérial de la tête, dur au duel, très intéressant dans la relance. On en a presque oublié que le défenseur formé à Wil avait passé une partie de la saison sur le banc d'Hoffenheim, largué loin des meilleurs en Bundesliga. A seulement 24 ans, le triple champion de Suisse avec Bâle a l'avenir devant lui. Et l'avenir de la Nati passe par lui.
Granit Xhaka
Son jeu n'est pas toujours bien compris. Mais si Arsène Wenger, réputé pour avoir les poches peuplées d'oursins, a choisi de miser plus de 40 millions de francs suisses sur lui, c'est loin d'être un hasard. De son poste de milieu défensif très reculé, il oriente le jeu, donne le tempo et distille des passes lasers aux quatre coins du terrain. C'est vrai qu'avec la Suisse, ça ne se voit pas vraiment. Mais imaginez-le avec des appels d'Alexis Sanchez, Danny Wellbeck, Alex Chamberlain et compagnie. La Premier League sera son jardin.
Haris Seferovic
Vous ne serez sans doute pas d'accord, mais c'est mon coup de coeur du tournoi. On peut en vouloir à un attaquant qui ne se crée pas d'occasions, mais c'est loin d'être le cas du joueur de l'Eintracht Francfort. Seferovic se démène pour le collectif, court partout, travaille comme un fou et arrive tout de même à se créer des situations de but. Il a été contré par des gardiens? Certes, mais avec un peu de réussite, il aurait facilement deux buts à son compteur. Pour ne rien arranger à ses stats, il a frappé la barre contre la Pologne et ça ne compte même pas comme tir cadré... En prime, le buteur de la finale qui a offert le titre mondial des M17 à son pays en 2009 a une mentalité irréprochable. Il parle toujours de travail. On aime.
Les flops
Stephan Lichtsteiner
Le capitaine de l'équipe de Suisse a fait tout sauf montrer le bon exemple. La latéral droit de la Juventus a globalement choisi un placement que lui seul semblait comprendre, obligeant le reste de sa formation à compenser ses errements à de nombreuses reprises. Il est l'auteur de la faute qui a permis aux Roumains d'ouvrir le score sur penalty lors du nul 1-1 au 2e match. C'est de son côté qu'est venu, encore, le second but encaissé dans le tournoi en 8e de finale contre la Pologne. Michael Lang, excellent avec Bâle et très intéressant les rares fois où il a eu sa chance en équipe nationale, devra-t-il attendre la retraite internationale de Lichtsteiner pour avoir droit à une concurrence saine?
L'animation offensive
Si le score est nul ou que la Suisse mène, n'attendez pas de la troupe de Vladimir Petkovic qu'elle tente quoi que ce soit. Contre la Pologne, ce fut patent. Les Helvètes dominent dans tous les compartiments du jeu, poussent, se créent des occasions et finissent par marquer. Juste après? Les Helvètes recommencent leur jeu de passes stérile qui a montré ses limites depuis si longtemps. La Pologne, qui avait pourtant deux jours de récupération en moins, ne demandait pas autre chose. En 4-4-2, ou avec Shaqiri en 9 1/2, la Nati avait pourtant dominé son sujet et s'était créée quantités d'occasions. Tant de frilosité est rageant, après une défaite à la loterie des tirs au but. La faute du coach? Le problème, c'est qu'il est obligé de faire avec le "matériel" qu'il a à disposition. Seul Vladimir Poutine peut naturaliser de nouveaux éléments quelques jours avant une grande échéance.
L'incapacité à passer un palier
Septante-huit ans sans gagner un match à élimination directe dans un tournoi majeur, ça commence à faire long. Et si tu n'es pas capable de battre la Pologne - qui plus est cette Pologne-là! - en 8es de finale d'un tournoi qui n'en avait jamais organisé jusque-là, c'est qu'il te manque pas mal de choses pour enfin peser sur la scène internationale. La Suisse manque toujours autant de joueurs de très haut-niveau. Pas de classe mondiale, elle n'en a pas. Simplement d'éléments qui jouent régulièrement dans de très grands clubs. Lichtsteiner? Eventuellement. Mais il joue sur le flanc d'une défense à cinq avec la Juve. Rodriguez? Il doit vite quitter Wolfsburg pour ne pas stagner. Shaqiri? Ses deux passages dans des équipes de pointe se sont soldés par des échecs. Xhaka? Il verra à Arsenal de quel bois il est fait. Sommer? Peut-être... Et c'est tout!