
Le lac Tremblant, à proximité du parc national du Mont-Tremblant, durant la saison des couleurs.
Reportage au QuébecLes vacanciers dorment dans le parc près des ours et des loups
Les parcs nationaux et régionaux du Québec préservent la nature et hébergent des visiteurs. Un moyen de les sensibiliser au respect de la faune et de la flore.

- par
- Emmanuel Coissy
«La saison des couleurs dure deux ou trois semaines. Il y a davantage de précipitations, mais quand même quelques jours où le ciel est bleu.» Catherine Lapalme sillonne le parc national du Mont-Tremblant comme si elle était dans son jardin. Elle rappelle aux indisciplinés qu’ils ne doivent pas s’éloigner des sentiers balisés afin de préserver la flore. La zone naturelle protégée où travaille la garde de parc naturaliste, âgée de 28 ans, s’étend sur 1510 kilomètres carrés. Sa fréquentation a considérablement augmenté durant la pandémie. Les Montréalais roulent deux heures en direction du nord pour s’évader dans ses bois. Une distance assez courte pour les Québécois habitués aux grands espaces. En dehors de la surveillance, la mission de Catherine Lapalme et de ses collègues consiste à entretenir le parc, ce qui n’est pas une mince affaire après le derecho (tempête d’une rare violence) qui a frappé l’est du Canada en mai dernier, arrachant des arbres et causant pour 636 millions de francs de dégâts dans le pays. Autre aspect du travail: instruire les visiteurs et les sensibiliser aux merveilles de la nature.

Catherine Lapalme, garde de parc naturaliste au parc national du Mont-Tremblant.
«Ici poussent des essences tempérées et boréales. Il y a une grande diversité: des bouleaux jaunes, des blancs et des érables à sucre dont les feuilles virent au rouge. Cette année, l’apogée de la saison des couleurs s’est produit durant la première semaine d’octobre.» L’experte est aussi diserte quand elle évoque la faune: «Une quarantaine d’espèces de mammifères, surtout des petits, vivent ici. Ce grand territoire sauvage est l’habitat idéal des loups. Six meutes évoluent dans le parc. Les ours noirs, eux, on ne les voit pas. Ils vivent la nuit et sont peureux. Comme ils ont un excellent odorat, ils approchent uniquement les campeurs qui ont entreposé de la nourriture dans leur voiture ou laissé traîner des déchets. Une fois que l’ours a goûté à la nourriture humaine, il y revient. L’animal devient alors problématique. On doit donc l’effrayer ou le capturer, puis l’évacuer 60 kilomètres plus loin. Au bout du compte, c’est lui qui paie le prix du mauvais comportement des humains. Beaucoup de gens viennent pour la première fois dans un parc. Souvent, ils ont peur des animaux sauvages et nous leur apprenons le bon comportement à adopter avec eux.»

La chute du Diable, grande attraction du parc national du Mont-Tremblant, à laquelle on accède au cours d’une randonnée.
Bien sûr, les coupes forestières, la chasse, le trappage et la pêche sont proscrits (lire la première partie de notre reportage, «Des vacances loin du monde au pays des trappeurs»). En revanche, il est possible de dormir sur place. Sous tente, dans une yourte, un chalet ou une maisonnette aux façades vitrées. Des offres analogues sont proposées au parc régional Montagne du Diable, situé un peu plus au nord-ouest, moins connu et, de fait, beaucoup moins fréquenté.

La saison des couleurs entre dans sa phase finale. À la mi-octobre, la plupart des érables ont déjà perdu leur feuillage rouge.
Quatre activités durant un séjour en automne

Les chiens de traîneau sont aussi actifs quand il n’y a pas de neige, grâce au canicross. La pratique est proposée par Aventures Plein Air qui gère un chenil de 127 nordiques, au bord du lac Morency, dans la région des Laurentides.

La location d’un véhicule tout-terrain dans certains hôtels permet de rouler librement sur les sentiers forestiers les plus cahoteux. Ci-dessus, un quad de l’Auberge du lac Taureau, dans la région de Lanaudière.

Les adeptes de la lenteur arpentent les bois à cheval (uniquement au pas). Le centre Nature Kanatha-Aki, à Val-des-Lacs dans les Laurentides, propose une telle expérience à proximité d’un élevage de bisons.

Vu le nombre incalculable de lacs et les grandes distances à avaler au cours d’un voyage, l’hydravion est un moyen de transport pratique, au Québec. Des compagnies aériennes telles qu’Air Mont-Laurier (photo) et Hydravion Aventure proposent aussi le survol d’un lieu de villégiature.
Bonnes adresses
L’hôtel Sacacomie (4 étoiles), en Mauricie, surplombe l’un des plus beaux lacs du Québec. Dans les jardins du spa, des bassins d’eau chaude à remous permettent de se délasser en admirant le panorama.
L’hôtel Mont-Tremblant (3 étoiles), dans la ville éponyme, accueille ses hôtes dans un bâtiment édifié en 1902. Infrastructures simples et fonctionnelles. Son restaurant, Au Coin, est une bonne table qui sert une cuisine sincère.
Chez Hippolyte est le restaurant de l’Auberge du lac Morency, dans la région des Laurentides. L’établissement propose une cuisine bistronomique. Les patrons, œnophiles avertis, ont constitué une belle carte des vins, notamment italiens et québécois.

Le voyage a été offert par Bonjour Québec et Air Canada pour réaliser ce reportage. En collaboration avec ses partenaires de Star Alliance, la compagnie aérienne propose cet automne jusqu’à 30 vols par semaine entre la Suisse et le Canada. Au départ de Genève, Air Canada propose, six fois par semaine, un vol sans escale à destination de Montréal.