Credit SuisseL’État va-t-il sauver votre argent? La crise en questions et réponses
La deuxième banque suisse a fait paniquer les marchés financiers mercredi, en pleine spirale infernale de manque de confiance. On fait le point sur la situation.
- par
- Yannick Weber
C’était la panique dans la finance mercredi: Credit Suisse n’arrive pas à freiner l’effondrement du cours de son action. À la clôture de la Bourse, le titre avait perdu 24% en un jour. Même la Première ministre française, Elisabeth Borne, a estimé que le problème devait être «réglé par les autorités suisses». La Bourse a fermé pour la nuit, la frénésie est en pause: c’est le moment de faire un point de la situation à tête reposée avec des questions… et des réponses là où il y en a.
Pourquoi c’est la chute?
Credit Suisse a été secoué par plusieurs scandales et affaires ces dernières années. Les montants retirés par les clients ont commencé à dépasser les nouvelles arrivées. Et la machine s’emballe dans un engrenage. Il faut ensuite faire cesser les départs des clients. Ce qui n’est pas encore le cas. Le plan de restructuration ne rassure pas non plus tout le monde, un des actionnaires principaux vient de claquer la porte.
Le plus important pour une banque n’est pas l’argent. C’est la confiance. La Bourse dévisse quand les investisseurs paniquent, craignant une issue funeste pour l’entreprise. Mais il faut différencier le cours de l’action et la santé réelle de la société. «Une chute en Bourse n’est pas synonyme de faillite, soyons clairs», rappelle «Le Temps».
Credit Suisse peut-il et va-t-il faire faillite?
En théorie, non. Les experts notent que Credit Suisse reste sur des bases structurelles plus solides que la Silicon Valley Bank qui vient de faire faillite. Credit Suisse assure que sa restructuration va bon train. En revanche, il a dû admettre que les sorties de fonds continuaient, bien qu’à un rythme plus lent que l’an dernier. La banque est considérée comme «too big to fail» et la Confédération a des plans de sauvetage prêts à être dégainés si nécessaire.
Il ne faut en tout cas pas être superstitieux. Les comparaisons avec la crise de 2008 se multiplient et, sur Twitter, des internautes voient un mauvais présage. Jadis, c’est la faillite de Lehman Brothers qui avait provoqué la crise. Le président actuel du conseil d’administration de Credit Suisse ne se nomme pas autrement qu’Axel Lehmann. Il n’y a toutefois aucun lien de parenté ni de passé professionnel commun.
Credit Suisse doit-il être aidé?
Oui, mais pas forcément sous la forme où on l’entend. Le CEO Ulrich Körner a dit mardi qu’une aide de l’État n’était «pas à l’ordre du jour». Mais là, il parlait d’argent. La banque a ensuite demandé un signe de «soutien» de la BNS. Ce qu’elle a fait mercredi soir, annonçant que «Credit Suisse satisfaisait aux exigences en matière de capital et de liquidités imposées aux banques d’importance systémique. En cas de besoin, la BNS mettra des liquidités à la disposition du Credit Suisse»
Une fusion avec UBS a aussi été mentionnée. Mais le CEO d’UBS a dit mardi que sa banque se concentrait sur sa propre croissance. Quant à l’actionnaire principal, la Saudi National Bank, elle a dit mercredi qu’elle n’allait «absolument pas» soutenir Credit Suisse en y injectant plus de fonds.
Votre argent est-il en sécurité?
Cela dépend de combien vous avez. En Suisse, les dépôts dans les banques sont assurés, mais la garantie ne va que jusqu’à 100’000 francs. Si une banque fait faillite, chaque client récupère ses avoirs jusqu’à ce montant. Dans le cas de la Sillicon Valley Bank, la Banque centrale américaine a décidé de garantir l’intégralité des dépôts des clients de la banque, au-delà du seuil garanti aux États-Unis, qui est de 250’000 dollars.
Mais ce choix n’est pas anodin. L’économiste Myret Zaki l’a vertement critiqué. Une intervention si forte, en faisant«marcher la planche à billets», peut entraîner de l’inflation. En Suisse, on garantit jusqu’à 100’000 francs «et c’est tout, peu importe la noblesse de votre rôle dans le monde», dit-elle.
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