SuisseL’hiver trop doux chamboule les cycles de la nature
Les températures clémentes de fin d’année ont impacté la faune et la flore. Les oiseaux d’eau ne migrent plus chez nous, les ruches sont déjà animées et le noisetier fleurit précocement.

- par
- Francisco Carvalho da Costa ,
- Christine Talos

En hiver, la cigogne blanche ne quitte plus la Suisse pour la France ou l’Espagne.
C’est l’un des innombrables effets du réchauffement climatique: certains oiseaux d’eau migrent de moins en moins en Suisse pendant la saison froide. «Les lacs en Europe du Nord et en Sibérie ne gèlent plus. Ils ont donc toutes les ressources nécessaires pour survivre à l’hiver», explique Livio Rey le porte-parole de la Station ornithologique suisse. Jusqu’ici, près de 500’000 oiseaux d’eau se réfugiaient chaque année en Suisse. Cet hiver, ils ne sont plus que 400’000 «et ce chiffre risque encore de baisser à l’avenir», déplore Livio Rey.
A contrario, d’autres espèces qui avaient l’habitude de descendre vers le sud sont devenues sédentaires. C’est le cas notamment de la cigogne blanche et du milan royal: «Une partie de la population ne quitte plus la Suisse pour la France ou l’Espagne», précise Livio Rey. La société Cigogne Suisse recensait 300 cigognes blanches en 2017 à cette période de l’année en Suisse. Elles sont plus de 700 aujourd’hui.
Il y a de la vie dans les ruches
Les oiseaux ne sont pas les seuls impactés par les températures clémentes. Les abeilles, de leur côté, ont interrompu leur phase d’hibernation et déjà entamé la période de pollinisation. «C’est une situation inquiétante», déplore Laurent Gogniat, responsable du domaine nature du département jurassien de l’environnement.» D’autant qu’une rechute de température n’est pas à exclure. «Si cela devait arriver, les abeilles retourneront hiberner, mais ces interruptions de cycle ne sont pas souhaitables.»
La saison des pollens a débuté
La flore s’est aussi adaptée au nouveau climat helvétique. Certains arbres ont déjà débuté leur floraison, présageant une saison longue et intense pour certains types de pollen. C’est notamment le cas du noisetier, qui pour fleurir, n’a besoin que d’un peu de soleil et de températures supérieures à 5°C. L’arbre vient donc d’entamer sa phase de pollinisation, un mois plus tôt qu’attendu.
Cela n’est pas sans conséquences pour les personnes sensibles au rhume des foins. «Le temps des souffrances commence déjà, 30 jours plus tôt que la moyenne», note Bettina Jakob, porte-parole du Centre d’Allergie Suisse.
En Suisse romande, la concentration est déjà particulièrement forte à Genève, selon la carte des données polliniques en temps réel. La région autour de Payerne est également touchée.
Roxane Guillod, également porte-parole du Centre d’Allergie Suisse précise que la végétation suisse risque de changer durablement «Certaines plantes allergènes de la Méditerranée pourraient devenir, à terme, indigènes en Suisse. C’est le cas de l’olivier, du cyprès et de la salicorne».
20% des Suisses touchés
Pour rappel, environ 20% des Suisses sont touchés par une allergie au pollen aujourd’hui contre seulement 1% en 1920. Une tendance à la hausse qui n’a pas fini d’augmenter selon le Centre d’Allergie Suisse.
Du coup, pas d’autre choix pour les personnes sensibles que de se rabattre sur les médicaments antihistaminiques et d’éviter autant que possible d’être exposées à ces pollens en s’informant des prévisions polliniques, via par exemple l’app «Pollen-News».