Vaccin contre le coronavirusL’OFSP sous pression pour enfin autoriser la 3e dose
Depuis début septembre, 52 personnes sont mortes du Covid-19 alors qu’elles étaient vaccinées. Le monde politique exige des autorités de s’activer afin de formuler une stratégie claire en matière de troisième injection.
- par
- Daniel Graf/ofu

«Si ma mère avait reçu une 3e dose, elle vivrait encore.» Jack Schmidli en est convaincu. Sa maman est décédée lundi dernier du Covid-19 et ce malgré avoir été vaccinée au préalable. Selon la «Sonntagszeitung», elle était une des premières personnes en Suisse à avoir été vaccinée en décembre 2020. A l’heure actuelle, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) recommande un rappel de vaccin uniquement pour les personnes gravement immunodéprimées. Sur son site, il précise qu’il est «improbable» qu’une recommandation de 3e dose pour le reste de la population adulte soit formulée encore cette année.
De quoi agacer les proches de personnes décédées, certains experts tout comme une partie du monde politique. Dominique de Quervain, ancien membre de la taskforce de la Confédération, a critiqué les autorités, dimanche sur Twitter: «Ça doit être pesant pour les personnes âgées en bonne santé de craindre de bientôt faire partie de l’augmentation des cas graves, que la Suisse attende avant de recommander la 3e dose.»
Même son de cloche auprès du conseiller national Martin Bäumle (PVL/ZH): «Une partie des 52 personnes décédées depuis septembre malgré avoir été vaccinées pourrait encore être en vie si l’OFSP avait déjà recommandé la 3e dose pour les plus de 65 ans.» Martin Bäumle exige désormais que des tests d’anticorps soient effectués afin de découvrir à qui une 3e dose serait le plus bénéfique. «Cela devrait déjà se faire depuis un moment. On serait déjà en train de revacciner les plus de 65 ans chez qui la protection vaccinale a entre-temps diminué.»
«Les autorités n’agissent pas préventivement»
Andreas Faller, ancien vice-directeur de l’OFSP, pointe pour sa part un problème de communication: «On a l’impression que les autorités ne font que de réagir au lieu d’agir préventivement.» Selon lui, il est inacceptable de prétendre que les données sont insuffisantes pour recommander une 3e dose. «On parle de ce rappel de vaccin depuis des mois. Et malgré tout, l’OFSP n’a jamais clairement communiqué la manière dont il récolte les données concernant les variations de la protection vaccinale.» Et d’ajouter: «Il a été prouvé scientifiquement que la protection du vaccin diminue avec le temps. Pfizer a annoncé en début d’année déjà qu’il faudra une 3e dose. Je ne vois pas où est le problème et pourquoi on ne fait pas des tests d’anticorps pour y voir plus clair. Cela permettrait de déterminer la protection vaccinale au sein de la population et justifier l’approbation d’une 3e dose.»
Pas une protection à 100%
Lukkas Jaggi, porte-parole de Swissmedic, explique pourquoi ça prend autant de temps. «La demande concernant l’approbation d’une 3e dose est en cours de traitement. Nous y travaillons dessus le plus rapidement possible. Elle dépend des mêmes critères de sécurité que les demandes d’approbation de nouveaux médicaments: il nous faut des données provenant d’études contrôlées.» En d’autres termes: l’approbation d’une 3e dose dépend des études cliniques et des données fournies par les producteurs du vaccin. Lukkas Jaggi souligne que les vaccins à ARNm ont été développés pour protéger les personnes vaccinées des formes graves du Covid-19. Ils ne garantissent pas une protection à 100%. Selon lui, il n’est donc pas étonnant que des personnes vaccinées contractent le virus. Et il tient à préciser que la protection vaccinale est suffisante à l’heure actuelle.
Contacté, l’OFSP rappelle qu’il prendra une décision quand il sera en possession de suffisamment de données fiables. Selon des informations de «Blick», cela pourrait être le cas plus vite que prévu: «L’approbation est à deux doigts d’être validée», affirme ainsi une personne initiée souhaitant rester anonyme.