Universités: Logements pour étudiants: taux de vacance jamais vu

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UniversitésLogements pour étudiants: taux de vacance jamais vu

La crise sanitaire a laissé derrière elle des centaines de logements vides au semestre de printemps. Une situation rarissime vu la demande.

De nombreux universitaires venus de l’étranger ont quitté leurs logements précipitamment au printemps.

De nombreux universitaires venus de l’étranger ont quitté leurs logements précipitamment au printemps.

I-Stock

Des inscriptions plusieurs mois à l’avance, des listes d’attente et des plans b, voire c, qui tombent à l’eau: la quête d’un logement étudiant peut s’avérer plus compliquée que l’admission dans une faculté. Mais cette année, les Universités de Genève (UNIGE) et de Lausanne (UNIL) ainsi que l’EPFL n’ont pas rempli tous leurs appartements. Un phénomène inédit. «C’est extrêmement rare, les annulations sont généralement de l’ordre de 1%, indique Marco Cattaneo, porte-parole de l’UNIGE. Au printemps 2020, 10% des logis étaient vides.» Soit 383 baux résiliés à Genève.

Trou dans le budget

La crise sanitaire est évidemment responsable du phénomène. «Certains gouvernements ont appelé leurs ressortissants à rentrer, poursuit le communicant. Certains étudiants ne sont pas venus du tout.» Au total, les loyers non encaissés entre mars et mai représentent environ 100’000 francs pour l’UNIGE. La situation est similaire dans le canton de Vaud. Les chambres à louer se sont multipliées sur les réseaux sociaux depuis la mi-mars, plusieurs mois avant la fin du semestre. «Je me suis retrouvée avec un trou dans mon budget car ma colocataire est rentrée en catastrophe en Floride juste avant la fin du mois de mars, soupire Julie, étudiante de l’UNIL. Elle a payé un mois de plus mais impossible de la remplacer après.»

Rentrée déjà complète

La Fondation Maisons pour étudiants Lausanne (FMEL) gère les logements proposés par l’UNIL et l’EPFL. Elle comptabilise 200 départs, «chose tout à fait exceptionnelle» selon son directeur adjoint Alexandre Dayer, sur 3300 places. Le taux de vacance «a un impact sur les réserves consacrées au fond de rénovation ou d’investissement». Tout devrait néanmoins rentrer dans l’ordre rapidement puisque les logements vaudois sont déjà pleins. Le Vortex, hérité des Jeux olympiques de la jeunesse, «a été pris d’assaut, constate Alexandre Dayer. Ce véritable colisée estudiantin a été très médiatisé.» À Genève, faute de demande, l’offre pour la période juillet-août n’a pas été maintenue. Mais tout est plein pour la rentrée.

Aide d’urgence

À Genève, la Ciguë, coopérative de logements étudiants, a constaté «pas mal de personnes qui ont rejoint leur famille tout en gardant leur chambre, indique Olivier, membre. Nous avons mis en place une caisse de solidarité pour soutenir les étudiants ne pouvant pas payer les loyers» depuis la crise. L’UNIGE a également mis en place une aide financière d’urgence, 2,2 millions de francs financés par des fondations privées, destinée au règlement des loyers et à d’autres besoins, notamment alimentaires ou en équipement technique.

Démographie en baisse

Le coronavirus a un net impact sur la population des villes suisses. À Berne, le nombre de résidents a reculé depuis le début de l’année, notamment car l’arrivée de ressortissants étrangers a baissé de plus de 20%, indiquait mardi l’ATS. Contacté, le contrôle des habitants de Lausanne fait un constat similaire. Contrairement à la tendance, la population a chuté dès fin mars, pour atteindre 145’630 résidents à fin juin. «Ce sont surtout des étudiants et des travailleurs qui ont renoncé à venir, imagine Dominique Monod, chef du service. La mortalité liée au coronavirus a bien sûr un rôle à jouer dans cette statistique, mais il reste limité. Le mois le plus significatif à ce propos est avril, durant lequel on a enregistré 185 décès chez les résidents lausannois, au lieu de 90 l’an dernier.» La ville de Fribourg observe également une baisse de plus de 250 personnes entre mai et juin 2020 mais la fluctuation y est surtout liée aux mouvements des résidents en séjour temporaire. À Neuchâtel, la démographie — comme le taux d’occupation des logements étudiants — est stable. RMF

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