France: Loi Travail: manifs et heurts à Paris

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FranceLoi Travail: manifs et heurts à Paris

Vitrines brisées, cocktails Molotov, échauffourées avec la police: des violences ont éclaté jeudi en France, faisant une vingtaine de blessés.

Pour la 14e fois, des milliers d'opposants à la «loi Travail» ont défilé dans les rues de la capitale et d'une centaine de villes françaises pour demander le «retrait intégral» de cette loi défendue par le gouvernement socialiste contre une partie de son camp.

Pris dans les flammes de manière spectaculaire après le jet de cocktails Molotov, un membre des forces de l'ordre a notamment été brûlé à la jambe à Paris. «Au total, 15 policiers et gendarmes ont été blessés» dans toute la France, «dont deux grièvement», a précisé dans la soirée le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, faisant état de 62 interpellations.

«Depuis le début des manifestations autour de la loi travail, 620 policiers et gendarmes ont été blessés. Ces violences sont inacceptables et ont conduit les forces de l'ordre à interpeller aujourd'hui 62 individus, dont 32 ont été placés en garde à vue», a précisé Bernard Cazeneuve dans un communiqué.

16 personnes interpellées à Paris

Selon la préfecture de police de Paris, 16 personnes ont été interpellées pendant la manifestation parisienne, pour «port d'armes prohibées, rébellion, violences sur agents de la force publique et dégradations de biens publics». Parmi elles, quatorze majeurs et un mineur ont été placés en garde à vue, a précisé une source judiciaire.

Quatre manifestants ont été blessés, ainsi que huit policiers et gendarmes, dont «2 présentant des brûlures suite aux jets de cocktails Molotov».

La majorité des participants (78'000 selon la police, 170'000 selon les organisateurs, 65'000 en province et environ 13'000 à Paris selon la police) est toutefois restée pacifique.

Heurts à Nantes et Rennes

Des affrontements ont aussi eu lieu avec la police à Nantes où plusieurs milliers de personnes ont défilé, ainsi qu'à Rennes. La contestation fut déjà vive au printemps dans ces deux villes.

A Belfort, la manifestation contre la loi de la ministre du travail Myriam El Khomri s'est muée en un défilé de défense de l'usine Alstom menacée de fermeture. Elle a rassemblé 1700 personnes, selon la police.

A Marseille, les organisateurs ont revendiqué la présence de 30'000 manifestants alors que la police en dénombrait près de 3000. Depuis le début de la mobilisation contre la loi El Khomri, Marseille s'est souvent distinguée par des écarts de participation fort étonnants.

A Bordeaux, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans la confusion créée par l'arrivée d'éléments perturbateurs. Le cortège de l'intersyndicale a décidé d'écourter le défilé en cours de parcours.

Des appels à la grève ont en outre été lancés dans la fonction publique, à La Poste mais également à France télévisions.

La «der» pour Force ouvrière

Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière (FO), a fait savoir que la manifestation de ce jeudi serait la dernière pour son syndicat, qui compte poursuivre la bataille contre la loi Travail sur d'autres terrains. «Il y a d'autres manières de combattre cette loi. Il y a notamment les aspects juridiques: les services de FO travaillent sur tous les recours possibles.»

Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT, a récusé qu'il s'agisse d'un baroud d'honneur pour les opposants au texte de Myriam El Khomri. «On est encore là et on est déterminé. On va se revoir, on va discuter et on verra ce qu'on décide», a-t-il déclaré.

Ministre sereine

Myriam El Khomri s'est dite «sereine» face aux menaces de bataille juridique brandies par les syndicats opposés à sa loi, car le travail a été fait «en amont pour éviter toute difficulté», a indiqué jeudi son cabinet.

«Quand la loi a été déférée au Conseil constitutionnel, ce dernier avait la possibilité de soulever d'office des questions d'inconstitutionnalité de la loi, il ne l'a pas fait», a rappelé le cabinet.

Si les Sages ont donné leur feu vert à cette loi - malgré la censure de cinq mesures secondaires -, ils ne se sont pas prononcés sur les articles les plus contestés, soulignant qu'ils pourraient «faire l'objet de questions prioritaires de constitutionnalité».

Trop favorable aux employeurs

Depuis la présentation de son projet de réforme de la loi en début d'année, le gouvernement socialiste a fait face à une fronde sociale d'une ampleur inédite venue de son propre camp.

Le texte, censé fluidifier le marché du travail dans un pays où le chômage culmine à 10%, est jugé trop favorable aux employeurs par ses détracteurs qui ont multiplié les manifestations, souvent émaillées - comme ce fut encore le cas jeudi - de violences. (nxp/ats/afp)

(NewsXpress)

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