BirmanieL’ONU «horrifiée» par une attaque aérienne de la junte contre un village
L’armée birmane est accusée d’avoir ignoré «les obligations juridiques claires de protéger les civils dans la conduite des hostilités», après des frappes meurtrières mardi.

L’ONU fait état d’informations selon lesquelles une centaine de villageois auraient été tués dans ces frappes.
La junte militaire en Birmanie a confirmé avoir mené une frappe aérienne qui a fait des dizaines de morts dans un village, une attaque immédiatement condamnée par la communauté internationale. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk s’est dit «horrifié» après cette attaque et l’organisation mondiale a demandé que les responsables soient traduits en justice.
«Il semble que des enfants qui dansaient, ainsi que d’autres civils, lors de la cérémonie d’ouverture d’un centre du village de Pazi Gyi, dans le district de Kanbalu, fassent partie des victimes», a indiqué Volker Türk dans un communiqué.
Au moins 50 morts et des dizaines de blessés ont été signalés par BBC Burmese, The Irrawaddy et Radio Free Asia, mais le bilan pourrait s’élever à 100 morts selon un secouriste d’un groupe rebelle armé contacté par l’AFP. «Il y avait une cérémonie d’ouverture d’un bureau de la Force de défense du peuple (PDF)… (mardi) matin vers 8 heures dans le village de Pazi Gyi. Nous avons attaqué cet endroit», a confirmé le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun.
«Violences atroces»
Selon lui, certains des morts étaient des combattants anti-coup d’État en uniforme et il a reconnu «qu’il pourrait y avoir des personnes portant des vêtements civils», mais n’a pas cité de bilan. «D’après les informations que nous avons obtenues sur le terrain, les personnes tuées ne le sont pas uniquement à cause de notre attaque. Il y avait des mines plantées par les PDF autour de cette zone», a-t-il déclaré.
Washington s’est dit «profondément préoccupé» par ces attaques, qui «soulignent une fois de plus le mépris du régime pour la vie humaine et sa responsabilité dans la terrible crise politique et humanitaire qui sévit en Birmanie depuis le coup d’État de février 2021», a déclaré dans un communiqué le porte-parole du Département d’État, Vedant Patel.
«Les États-Unis appellent le régime birman à cesser ces violences atroces, à permettre un accès humanitaire sans entrave et à respecter les véritables aspirations démocratiques et inclusives du peuple birman», a-t-il ajouté. Des témoins contactés par l’AFP ont également fait état d’une centaine de morts. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux (dont l’AFP n’a pas pu confirmer l’authenticité) montrent des corps éparpillés dans des maisons en ruines.
«Des enfants» feraient partie des victimes
Le bilan pourrait s’élever à cent morts, selon un secouriste d’un groupe rebelle armé, qui a indiqué à l’AFP la présence de femmes et d’enfants parmi les victimes. Volker Türk a accusé l’armée birmane d’avoir une fois de plus ignoré «les obligations juridiques claires (…) de protéger les civils dans la conduite des hostilités» et d’avoir fait preuve d’un «mépris flagrant pour les règles du droit international qui s’y rapportent».

Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Turk.
Dans un tweet, le ministère allemand des Affaires étrangères a également condamné mardi soir «le raid aérien de l’armée birmane qui a tué des dizaines de civils, dont des enfants». «Nos pensées vont aux victimes et aux familles. Nous exigeons que le régime cesse toute violence contre la population immédiatement», a ajouté le texte.
Le Gouvernement d’unité nationale (NUG), un organe fondé par d’anciens députés du parti d’Aung San Suu Kyi pour beaucoup en exil et qui fédère un parti de l’opposition à la junte, a dénoncé un «nouvel exemple de l’usage aveugle de la force extrême contre des civils innocents».
La Birmanie est plongée dans le chaos depuis que les militaires ont pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État il y a deux ans. La région de Sagaing, proche de Mandalay, la deuxième ville du pays, oppose une farouche résistance à la junte, et d’intenses combats s’y déroulent depuis des mois. Volker Turk a estimé qu’il y avait «des motifs raisonnables de croire que l’armée et les milices qui lui sont affiliées sont responsables d’un large éventail de violations des droits humains et d’abus depuis le 1er février 2021».