Autoroute: Lorsque le changement de voie devient délicat

Les doubles changements de voie sur autoroute sont-ils autorisés? L’UPSA connaît les détails.

Les doubles changements de voie sur autoroute sont-ils autorisés? L’UPSA connaît les détails.

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AutorouteLorsque le changement de voie devient délicat

Malgré une circulation dense sur les routes suisses, les doubles changements de voie ne sont plus chose rare et représentent un risque d’accident supplémentaire. Les experts de l’UPSA savent à quoi prêter attention en cas de changement de voie et ce qui est en principe autorisé.

par
Service juridique de l'UPSA

Question d’un lecteur de «20 minutes»

J’ai déjà été confronté à plusieurs reprises à des situations dangereuses sur l’autoroute, lors desquelles des personnes franchissent deux voies lors d’une entrée ou d’une réduction du nombre de voies. Surtout à l’entrée de l’autoroute, il arrive souvent que quelqu’un passe brusquement sur la voie de gauche. Est-ce permis?

Réponse de l’équipe d’experts de l’UPSA*:

Les changements de voie peuvent conduire à des situations difficiles, en particulier aux heures de pointe, lorsque la place se fait rare sur la chaussée. Le double changement de voie que vous avez décrit n’est pas expressément interdit en soi, mais il y a quelques points à prendre en compte.

Si l’on passe de la voie d’accès à l’autoroute, la priorité doit être accordée aux véhicules qui se trouvent déjà sur l’autoroute (art. 36, al. 4, de l’ordonnance sur les règles de la circulation routière [OCR], mais cf. art. 8, al. 5). Il n’est donc pas permis de simplement actionner le clignotant et de passer. De manière générale, le conducteur qui change de voie ne doit pas s’attendre à ce que les autres lui laissent la voie libre. Le changement de voie doit se faire en toute sécurité et le reste de la circulation ne doit pas être mis en danger ou entravé (art. 34, al. 3, art. 44, al. 1, de la loi sur la circulation routière [LCR]). Sur son site Internet, l’Office fédéral des routes (OFROU) attire l’attention sur la nécessité de toujours respecter une distance suffisante, de contrôler l’angle mort et de clignoter à temps. En outre, nous savons tous que l’obligation de circuler à droite s’applique sur les routes suisses (art. 8, al. 1 OCR). Un double changement de voie sur la voie de gauche devrait donc servir à dépasser d’autres véhicules, faute de quoi on s’expose à une amende (cf. ch. 314.1 de l’ordonnance sur les amendes d’ordre).

Un double changement de voie est en principe autorisé, à condition que personne ne soit gêné ou mis en danger.

Service juridique de l’UPSA

Même si les moniteurs d’auto-école n’aiment pas que cela soit dit ou fait, dans la pratique, il ressort de ce qui précède qu’un double changement de voie est en principe autorisé. Comme nous l’avons dit, personne ne doit être gêné ou mis en danger. Par exemple, la manœuvre serait donc autorisée si les véhicules qui arrivent de derrière sont éloignés et si l’on maintient une distance suffisante par rapport aux véhicules de devant.

En revanche, un double changement de voie est notamment problématique et dangereux lorsque des véhicules se trouvent sur la voie du milieu et masquent la visibilité sur le trafic de la voie de gauche. En outre, les conducteurs sur les autres voies peuvent en principe considérer qu’un véhicule qui souhaite changer de voie s’annonce suffisamment tôt au moyen du clignotant et respecte leur priorité (cf. art. 39, al. 1, art. 44, al. 1 et art. 26, al. 1 LCR).

Un conducteur qui franchit deux voies et qui oblige les conducteurs sur la voie de dépassement à freiner fortement risque non seulement un retrait de permis, mais également une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans ou une amende.

Service juridique de l’UPSA

Les manœuvres de dépassement/changement de voie, pour lesquelles le conducteur n’était pas certain dès le départ qu’il ne gênerait ou ne mettrait pas en danger les autres usagers de la route, sont souvent considérées dans la jurisprudence comme une violation grossière des règles de circulation au sens de l’art. 90, al. 2 LCR.

Cela signifie que si, dans le scénario ci-dessus, un conducteur franchit brusquement deux voies et que les conducteurs sur la voie de dépassement doivent freiner fortement, cela peut avoir de graves conséquences. Outre le retrait de permis, il risque une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans ou une amende (art. 16a ss., art. 90, al. 2 LCR). Une condamnation pour infraction grave au code de la route peut être prononcée même si aucune personne n’a été concrètement mise en danger. En effet, les faits visés à l’art. 90 LCR sont des délits de mise en danger abstraite. Cela signifie que pour qu’une condamnation soit prononcée, seule une menace théorique, voire abstraite, doit avoir été engendrée. Il est évident que les autorités de poursuite pénale ont plus de mal à apporter la preuve que si les véhicules en aval ont dû effectivement freiner.

Conclusion: il convient donc d’éviter les doubles changements de voies, en particulier lorsque les autoroutes sont «pleines». Pour ne pas prendre de risque, il convient d’attendre brièvement avec le clignotant avant le double changement de voie et de s’assurer que la voie est réellement libre.

Envoyez vos questions par e-mail à l’adresse autoratgeber@20minuten.ch. Les questions d’actualité les plus intéressantes, ainsi que leurs réponses, seront publiées chaque semaine dans la rubrique Lifestyle de «20 minutes».

*L’Union professionnelle suisse de l’automobile (UPSA) est l'association des garagistes suisses. 4000 entreprises employant 39’000 collaborateurs (dont 9000 jeunes en formation initiale et continue) veillent à ce que nous nous déplacions de manière sûre, fiable et efficace sur le plan énergétique. Le service juridique de l'UPSA et l'équipe d'experts de l'UPSA, composée entre autres de Markus Aegerter (commerce et services), Olivier Maeder (formation) et Markus Peter (technique et environnement), veillent à ce que tout soit clair.

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