Présidentielle française Marine Le Pen sort ses chiffres et les griffes
Marine Le Pen a dévoilé jeudi le chiffrage de son projet présidentiel: elle a promis à la fois beaucoup de dépenses et le désendettement du pays.
A bientôt trois mois du premier tour, la présidente du Front national veut entrer dans une «nouvelle phase» de sa campagne, en abattant ses cartes pour mieux attaquer le «flou» de ses adversaires, François Hollande (PS), Nicolas Sarkozy (UMP), et le centriste François Bayrou.
Deux heures durant, au siège du parti d'extrême droite, à Nanterre, Marine Le Pen et deux de ses conseillers économiques ont ainsi abreuvé les journalistes de chiffres et de longues démonstrations techniques visant à crédibiliser le projet.
Au chapitre des hausses de dépenses à horizon 2017, les secteurs régaliens sont en force ( 8,5 milliards d'euros pour la justice, 1,2 milliard pour la sécurité), mais aussi la recherche (32 milliards), la famille (32,4 milliards) ou le pouvoir d'achat (64,6 milliards).
Comme en 2007, le FN promet 200 euros net de hausse de tous les salaires inférieurs à 1,4 fois le salaire minimum (environ 1500 euros net par mois), grâce à une exonération de cotisations sociales du même montant, prise en charge par l'Etat. Autre promesse, un «salaire parental» pour élever ses enfants, soit un «revenu équivalant à 80% du salaire minimum (SMIC) pendant 3 ans à partir du 2e enfant».
Côté économies et recettes, toujours à horizon 2017, Marine Le Pen mise sans surprise sur l'immigration: en supprimant l'aide médicale d'Etat (AME, réservée aux étrangers sans ressources), et les allocations familiales, en expulsant systématiquement tout clandestin et en réservant les emplois aux Français, les économies attendues approchent 41 milliards.
Suppression de la contribution au budget de l'UE
Le FN veut également ramener à zéro la contribution de la France au budget de l'UE et promet 74 milliards grâce à une taxe de 3% sur les importations aux frontières nationales. La lutte contre les fraudes sociales et fiscales a l'objectif ambitieux de rapporter 67,2 milliards.
Mais la clé de voûte du projet reste la sortie de l'euro, puis le retour au franc et la possibilité de monétiser une partie de la dette, c'est-à-dire de fabriquer de la monnaie à hauteur de 100 milliards d'euros par an. Ce modèle permettrait, selon le FN, d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2018 et de résorber 50% du «capital-dette» à horizon 2025.
Marine Le Pen a balayé tout risque d'inflation malgré la mise en route de la «planche à billets». De même qu'elle a rejeté tout risque de rétorsions économiques d'autres pays en réponse au protectionnisme français.
Quant à la faisabilité des mesures, notamment par rapport aux traités européens qu'il faudrait renégocier dans une Europe à 27, «nous renégocierons» les «contraintes mortelles qui sont le fondement de l'Europe de Bruxelles», «et si nous ne pouvons les renégocier, nous (les) dénoncerons», a lancé Marine Le Pen.
Sondage: Marine Le Pen talonne Nicolas Sarkozy
Le candidat socialiste à la présidentielle française François Hollande domine toujours la course à l'élection présidentielle. Mais Marine Le Pen, en troisième position, talonne le président sortant Nicolas Sarkozy, selon la première vague des intentions de vote quotidiennes de l'Ifop/Fiducial diffusée jeudi.
Au second tour, M. Hollande l'emporterait largement sur le président sortant avec 57%, contre 43%. Au premier tour, le candidat du PS est crédité de 27% des intentions de vote, Nicolas Sarkozy de 23,5% et la présidente du Front national de 21,5%, selon cette enquête effectuée pour le magazine «Paris Match».
Le président du MoDem (centriste) François Bayrou est en quatrième position avec 13%, devant le candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon à 6,5%, l'écologiste Eva Joly (3,5%) et l'ex- premier ministre Dominique de Villepin (2%). Les autres candidats ne dépassent pas 1%.
Si l'on compare les résultats de ce sondage à ceux de l'enquête Ifop pour le «Journal du Dimanche» du 8 janvier, Marine Le Pen, qui était à 19%, progresse de 2,5 points et François Bayrou, alors crédité de 12%, d'un point. Nicolas Sarkozy, qui obtenait 26%, enregistre le principal recul (-2,5) et François Hollande, alors à 28%, perd un point.
Du 12 janvier jusqu'au second tour de l'élection présidentielle, les résultats de l'enquête Ifop/Fiducial d'intentions de vote en continu pour le premier et le second tour du scrutin présidentiel seront diffusés chaque soir à 18h00 sur le site de «Paris Match».
Afin de diffuser quotidiennement un rapport de force électoral issu d'un échantillon national représentatif, tous les jours sont interrogées en ligne 300 à 350 personnes inscrites sur les listes électorales. (ats)