BrexitMay veut rassurer les résidents européens
La Première ministre britannique a détaillé lundi au Parlement son plan pour les immigrés européens, après la sortie de l'Union européenne.
«Nous voulons que vous restiez»: la Première ministre britannique Theresa May a tenté lundi de rassurer les citoyens européens installés au Royaume-Uni en leur promettant qu'il ne leur serait pas demandé «de quitter le Royaume-Uni» après le Brexit.
«Je sais que certains sont inquiets», a déclaré Mme May en détaillant devant le Parlement britannique son projet sur le statut des immigrés européens. «Mais aujourd'hui (...) je souhaite rassurer pleinement les gens en leur disant qu'en vertu de ce projet, il ne sera demandé à aucun citoyen européen se trouvant légalement au Royaume-Uni de (le) quitter au moment où le pays quittera l'UE», a assuré Mme May.
Réciprocité
Cette question très sensible concerne 3,2 millions de ressortissants de l'UE qui s'interrogent depuis le référendum sur l'UE du 23 juin 2016 sur leur avenir dans ce pays. Elle est aussi intimement liée aux droits qui seront accordés après le Brexit aux 1,2 million de Britanniques installés dans les 27 autres pays de l'UE, a rappelé Theresa May en soulignant que tout accord avec l'UE devait être fondé sur la «réciprocité».
Le règlement de cette question fait partie des dossiers érigés en priorité par l'UE dans le cadre des négociations sur le Brexit qui ont officiellement débuté il y a une semaine. Selon le projet du gouvernement dévoilé lundi, les citoyens européens conserveront leurs droits actuels jusqu'au jour de sortie de l'UE, mais devront ensuite demander l'obtention d'un statut, nouveau, de résident.
Deux catégories
Le gouvernement fait la distinction entre les personnes présentes depuis au moins cinq ans dans le pays, à une date butoir restant à définir, et les autres. Dans le premier cas, les citoyens européens pourront réclamer un statut de résident permanent, et disposer alors des mêmes droits qu'un Britannique, en terme d'accès au travail ou à la santé par exemple. Les autres devront en revanche passer par un statut de résident temporaire.
La date butoir devrait être comprise entre le lancement officiel de la procédure de divorce (mars 2017) et la sortie effective du pays (théoriquement mars 2019). Elle fera l'objet de «discussions» avec les 27, selon le gouvernement.
Incertitude maintenue
Mais pour l'heure, ce flou entretient l'incertitude pour de nombreux immigrés européens, souligne le Pr Dimitrios Giannoulopoulos de la Brunel University de Londres. «En fonction du moment où cette date butoir sera choisie à l'intérieur de cette fenêtre de deux ans, des milliers de citoyens européens pourront se trouver du mauvais côté de la ligne», dit-il.
Alors que nombre de ressortissants présents dans le pays s'inquiètent d'éventuelles lourdeurs procédurales, le gouvernement promet de «moderniser» le fonctionnement de son administration, mais aussi des délais «adaptés» pour le dépôt des dossiers.
Le projet confirme enfin, au grand dam de Bruxelles, que la Cour européenne de justice ne sera plus compétente au Royaume-Uni pour trancher les litiges sur les droits des citoyens de l'UE après le Brexit.
Barnier veut plus
«Objectif de l'UE sur les droits des citoyens : le même niveau de protection que dans le droit européen», a réagi sur Twitter le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier, en demandant aux Britanniques «plus d'ambition, plus de clarté et de garanties».
La proposition a aussi été vivement critiquée par le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn. «Ce n'est pas une offre généreuse (...) C'est la confirmation que Mme May veut utiliser les gens comme monnaie d'échange», a-t-il dénoncé.
Présentée la semaine dernière par la première ministre lors d'un sommet à Bruxelles, l'offre non détaillée alors avait été fraîchement accueillie par les dirigeants européens, comme par les citoyens européens installés au Royaume-Uni. (nxp/ats)