Le Bélarus«Mesures proportionnées» aux sanctions de l'UE
Le Bélarus va prendre des mesures «adéquates» et «proportionnées» aux sanctions européennes.

L'Union européenne a décidé lundi d'imposer des sanctions en raison de la répression qui frappe les opposants au régime.
Bruxelles a décidé lundi d'imposer un gel des avoirs et une interdiction de visas au président du Bélarus Alexandre Loukachenko et à 157 de ses proches. Minsk a aussitôt réagi et a menacé de prendre des mesures «adéquates» et «proportionnées» aux sanctions européennes. Washington a également renforcé ses sanctions.
«Les tensions avec l'Union européenne, ce n'est pas notre choix. Toutefois, la décision de l'UE oblige le Bélarus à prendre des mesures adéquates et proportionnées (...), afin de renforcer la souveraineté du Bélarus et de préserver la stabilité» dans le pays, a ajouté le ministère biélorusse des Affaires étrangères dans un communiqué.
«Nous appelons l'Union européenne à abandonner cette logique de confrontation», précise le ministère, ajoutant que la politique de «pression sur le Bélarus n'a aucune perspective».
Outre M. Loukachenko, les ministres des Affaires étrangères de l'UE réunis à Bruxelles ont décidé de sanctionner deux de ses fils, Viktor et Dmitri, ainsi que le ministre de la Défense, Youri Zhadobin et le chef du KGB (police secrète) du Bélarus, Vadim Zaytsev.
Traitement des opposants
L'UE compte par ses sanctions pénaliser la république d'Europe orientale en raison de la répression qui frappe les opposants au régime, a indiqué un diplomate européen. Les sanctions de l'UE, déjà décidées sur le principe au début du mois, restaient suspendues à une éventuelle libération d'opposants.
Le Bélarus, souvent considéré comme la dernière dictature d'Europe, a certes libéré deux des candidats de l'opposition qui avaient défié M. Loukachenko lors de la présidentielle, mais trois dorment toujours en prison. Et ceux qui ont été libérés ne jouissent pas de tous leurs droits.
Une ONG a dénoncé lundi des méthodes dignes d'une «dictature», notamment les assignations à résident d'opposants récemment libérés. «Les dictatures font taire leurs opposants partout de la même manière», a déclaré à l'AFP Ales Beliatski, directeur de l'ONG de défense des droits de l'homme Viasna, comparant la situation dans ce domaine au Bélarus avec celle de la Birmanie.
A Minsk, des agents du KGB se sont installés dans l'appartement de l'ex-candidat à la présidentielle, Vladimir Nekliaïev, après sa libération samedi et son assignation à résidence, et chez la journaliste Irina Khalip, également libérée de prison, et épouse du candidat Andreï Sannikov toujours emprisonné.
Outre la présence de membres du KGB à leur domicile, les règles à suivre sous résidence surveillée sont très strictes. M. Nekliaïev n'a ainsi pas le droit de regarder les nouvelles à la télévision, de parler au téléphone ou d'utiliser internet, a précisé sa femme Olga.
Washington renforce ses sanctions
Mais, au lieu de libérer les opposants encore sous les verrous, le Bélarus a préféré menacer de représailles, rappelant implicitement qu'une partie du gaz russe destiné à l'UE transite par son territoire.
L'UE a renoncé en revanche à imposer des sanctions économiques supplémentaires à Minsk, comme le gel d'aides à la coopération, tel que le proposaient la Suède et la Pologne. Il n'y a pas eu de consensus sur ce point parmi les 27 représentants des pays de l'UE.
Après l'annonce faite par Bruxelles, les Etats-Unis ont annoncé lundi un nouveau train de sanctions contre le Bélarus, en signe de protestation contre les arrestations d'opposants au régime après l'élection présidentielle dans ce pays.
L'administration Obama a notamment décidé de révoquer une licence permettant les relations d'affaires entre des citoyens américains et deux filiales de Belneftekhim, la compagnie nationale bélarusse d'hydrocarbures.
Washington a également «allongé de façon importante» la liste des membres du régime interdits de visa. Les Etats-Unis préparent enfin un ensemble de sanctions financières contre «des individus supplémentaires».
(afp)