FranceMobilisation pour un cas présumé d'euthanasie
La question de la légalisation de l'euthanasie a rebondi en France après l'inculpation vendredi d'un médecin de Bayonne soupçonné d'avoir provoqué la mort de quatre patients âgés.
Depuis 2005, la législation française a instauré un droit au «laisser mourir», qui favorise les soins palliatifs pour soulager les douleurs des malades en fin de vie, mais n'autorise pas «l'euthanasie active».
C'est dans ce cadre qu'un médecin du service des urgences de l'hôpital de Bayonne, Nicolas Bonnemaison, a été mis en examen (inculpé) vendredi par deux juges pour «empoisonnement sur personnes particulièrement vulnérables» après des injections létales. Dénoncé par des agents de son service, cet homme de 50 ans a reconnu, par la voix de son avocat, avoir voulu «abréger les souffrances» de ces patients âgés.
Le praticien a été remis en liberté surveillée, avec interdiction d'exercer. Mais le parquet de Bayonne a fait immédiatement appel de cette décision, réclamant l'incarcération du médecin qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Forte réaction populaire
Cette affaire a provoqué des réactions passionnées entre pro et anti-euthanasie dans un pays à la population vieillissante où la question de la prise en charge et la fin de vie des personnes âgées est un sujet sensible.
Le parti UMP (droite, au pouvoir) a rappelé dès samedi que «l'euthanasie dite active constitue une pratique inacceptable en France».
«La prise en charge des patients dans les structures de soins d'urgence obéit à des règles légales, déontologiques et vertueuses que rien ni personne ne peut s'autoriser à enfreindre», a ajouté son secrétaire national en charge de la médecine d'urgence et du secours à personnes, le Dr Jean Rottner. A l'inverse, mais sans préjuger non plus des faits, l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) dénonçait dimanche «l'hypocrisie» de la loi qui, selon elle, «entretient le flou artistique» sur le rôle du médecin face à un malade mourant. «Cette affaire montre, une nouvelle fois, l'urgence d'une loi légalisant l'euthanasie», estimait le président de l'ADMD, Jean-Luc Romero.
Pendant ce temps, la défense de Nicolas Bonnemaison s'organise. Une pétition adressée au ministère de la Santé a été mise en ligne sur internet. Dimanche, elle avait recueilli plus de 5.000 signatures. Un groupe de soutien Facebook a été aussi mis en place.
La presse française s'interrogeait elle dimanche sur la démarche et la personnalité du médecin. Décrit comme un professionnel compétent et à l'écoute, il aurait pu avoir été victime d'une dépression ou d'un surmenage. (afp)