Egypte: Mohamed Morsi fait le ménage à la tête de l'Etat

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EgypteMohamed Morsi fait le ménage à la tête de l'Etat

Le président égyptien a mis à la retraite Hussein Tantaoui, son ministre de la Défense, et nommé un vice-président. Il a également annulé la déclaration accordant de larges pouvoirs à l'armée.

Hussein Tantaoui avait été le chef d'Etat de facto après la révolte qui a renversé Hosni Moubarak

Hussein Tantaoui avait été le chef d'Etat de facto après la révolte qui a renversé Hosni Moubarak

Le chef de l'Etat égyptien Mohamed Morsi a créé la surprise dimanche. Il a annoncé l'annulation d'une «déclaration constitutionnelle» accordant de larges pouvoirs à l'armée et la mise à la retraite du maréchal Hussein Tantaoui, dernier homme fort de l'ère Moubarak.

D'après son porte-parole, M. Morsi a également nommé un vice- président, le juge Mahmoud Mekki, qui sera seulement la deuxième personne à occuper ce poste en plus de 30 ans.

«Le président a décidé d'annuler la déclaration constitutionnelle adoptée le 17 juin» par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), a annoncé le porte-parole du président, Yasser Ali, dans une déclaration télévisée.

Vers la fin de l'emprise de l'armée?

Les Frères musulmans, dont est issu le président Morsi, avaient dénoncé cette «Déclaration constitutionnelle complémentaire» comme «un coup d'Etat institutionnel» des militaires, visant à limiter les prérogatives présidentielles, en s'arrogeant notamment le pouvoir législatif.

La «déclaration», adoptée le jour de la fin du second tour de l'élection présidentielle, avait provoqué une crise politique entre l'armée et les islamistes dans ce pays le plus peuplé du monde arabe.

Avec le pouvoir législatif, les généraux gardaient un droit de veto sur toute nouvelle loi ou mesure budgétaire et se réservaient aussi un droit de regard sur la rédaction de la future Constitution, le texte fondamental en vigueur sous M. Moubarak ayant été suspendu.

Toutes ces mesures devraient donc desserrer l'emprise des généraux sur le président Morsi, issu des rangs civils pour la première fois depuis six décennies.

Mekki actif lors de la fronde des juges

Le maréchal Tantaoui a été remplacé au ministère de la Défense par le général Abdel Fattah al-Sissi, le chef des renseignements militaires. Il n'était toutefois pas encore clair si le maréchal, ministre de la Défense de Hosni Moubarak pendant une vingtaine d'années, restait toujours chef du CSFA.

«Le maréchal Hussein Tantaoui est admis à faire valoir ses droits à la retraite à compter de ce jour», a déclaré le porte-parole de la présidence dans un communiqué.

Le général Mohamed al-Assar, promu vice-ministre de la Défense, a de son côté assuré que la décision du chef de l'Etat avait été prise après des consultations avec l'intéressé et le CSFA.

Le chef d'état-major de l'armée et numéro deux du CSFA, Sami Anan, a également été destitué, et remplacé par le général Sedki Sobhi. Agé de 64 ans, ce dernier a longtemps été considéré comme très proche des Etats-Unis, qui financent en grande partie l'armée égyptienne.

MM. Tantaoui et Anan ont toutefois tous deux été nommés conseillers auprès du président Morsi, selon les médias officiels.

Le nouveau vice-président, Mahmoud Mekki, est pour sa part un magistrat qui a joué un rôle dans la fronde des juges en 2005 contre la fraude électorale pendant le scrutin présidentiel. Des élections qui s'étaient soldées par une victoire écrasante de Hosni Moubarak, finalement renversé par une révolte populaire le 11 février 2011.

La nouvelle du limogeage du maréchal Tantaoui a été accueillie avec joie par des milliers de sympathisants islamistes dimanche soir. Ils ont fêté l'événement sur l'emblématique place Tahrir au Caire.

Violences dans le Sinaï

Ces manoeuvres politiques interviennent alors que le pays est confronté à des violences dans le Sinaï. Les forces de sécurité égyptiennes ont tué dimanche six hommes armés lors d'un raid dans un village de cette péninsule égyptienne présenté comme une opération antiterroriste, ont indiqué des témoins.

L'armée continue de renforcer sa présence dans le Sinaï avec de nouveaux envois de chars et de blindés pour tenter de capturer ou tuer les activistes responsables, selon les autorités, de l'attaque qui a tué seize gardes-frontières égyptiens le 5 août dernier.

Le gouvernement s'est engagé à reprendre en main le Sinaï, région sensible, proche d'Israël et de l'enclave palestinienne de Gaza, en proie à un fort regain d'insécurité depuis la chute du président Moubarak.

(ats/afp)

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