Crise de la dette Moody's réfléchit à la note de la France
Elle a annoncé qu'elle se donnait trois mois pour déterminer si sa perspective «stable» était toujours justifiée au vu de la dégradation de la situation économique.
L'agence d'évaluation financière Moody's Investors Service a donné lundi un premier coup de canif à la sacro-sainte note «Aaa» de la France.
«Au cours des trois prochains mois, Moody's va surveiller et évaluer cette perspective stable (de la note du pays), au regard des progrès effectués par le gouvernement pour mettre en oeuvre» les mesures annoncées de réduction du déficit budgétaire, souligne l'agence de notation dans un communiqué.
La France bénéficie actuellement de la meilleure note possible de la part de Moody's (un «Aaa»), comme de la part de ses grandes concurrentes Standard & Poor's et Fitch Ratings. Cette note élevée lui permet d'emprunter sur les marchés dans des conditions très favorables pour financer ses déficits budgétaires.
Si la perspective de cette note devait être revue à «négative», cela impliquerait que Moody's serait susceptible de l'abaisser à moyen terme (le plus souvent à une échéance de trois à douze mois). Et la France deviendrait ainsi le nouveau grand pays, après les Etats-Unis, à perdre le précieux talisman financier.
L'agence prend bien soin de préciser que cet examen entre dans le cadre de son étude annuelle sur les comptes de la France et qu'il ne s'agit pas encore - à ce stade - d'une décision sur la note du pays. Mais elle est la première des trois grandes agences de notation à jeter ainsi une ombre sur le «Aaa» français.
Maintenir la confiance
La semaine dernière, Moody's avait encore confirmé la solidité de la note française, après l'annonce du plan de restructuration de la banque Dexia.
Outre la capacité du gouvernement français à tenir ses engagements budgétaires, Moody's indique qu'elle prendra en compte dans sa réflexion «tout nouveau développement négatif de l'économie ou des marchés financiers».
Dans son communiqué, Moody's relève que la solidité financière du gouvernement français, certes encore très élevée, «s'est affaiblie, comme c'est aussi le cas pour d'autres pays de la zone euro, car la crise économique et financière dans le monde a conduit à une détérioration de ses ratios d'endettement, qui sont désormais parmi les plus faibles des pays notés Aaa ».
Pour Moody's, il est donc «crucial» pour la France de conserver «la confiance des investisseurs sur sa capacité et sa volonté de s'attaquer à des défis imprévus».
(ats)
La France «mettra tout en oeuvre» pour conserver sa note AAA
Le ministre français de l'Economie et des Finances, François Baroin, a assuré mardi que la France mettrait «tout en oeuvre» pour conserver sa note «triple A» auprès des agences de notation, qui lui permet d'emprunter aux meilleures conditions possibles sur les marchés.
«Nous serons là pour conserver ce triple A. C'est une condition nécessaire pour protéger notre modèle social... Nous mettrons tout en oeuvre pour ne pas être dégradés», a déclaré M. Baroin, réagissant sur la chaîne France 2 à l'annonce par l'agence Moody's qu'elle pourrait revoir sa perspective sur la note française.
«Nous avons une marge de manoeuvre... Nous prendrons toutes les mesures donc il n'y a pas d'inquiétude», a répété le ministre, appelant à garder «du sang-froid».
«Tout est mis en oeuvre depuis trois ans pour ne pas être dégradés», a-t-il ajouté, mettant en avant les «réformes structurelles» comme celle des retraites ou les coupes dans la fonction publique avec le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. «Evidemment c'est difficile, mais c'est indispensable».
L'agence Moody's a donné lundi un premier coup de canif à la sacro-sainte note «AAA» de la France, la meilleure possible, en annonçant qu'elle se donnait trois mois pour déterminer si sa perspective «stable» était toujours justifiée au vu de la dégradation de la situation économique.
Si la perspective de cette note devait être revue à «négative», cela impliquerait que Moody's serait susceptible de l'abaisser à moyen terme (le plus souvent à une échéance de trois à douze mois), ce qui ferait de la France le nouveau grand pays, après les Etats-Unis, à perdre ce précieux rang.
La France est actuellement notée «triple A» par les trois grandes agences de notation, Moody's, Standard & Poor's et Fitch Ratings.
Les banques en chute après l'avertissement de Moody's sur la France
Le secteur bancaire était en forte baisse mardi matin à la Bourse de Paris, cédant entre 5,0% et 6,5% au lendemain de l'annonce par Moody's Investors Service d'évaluer d'ici trois mois la perspective de la note «triple A» qu'elle accorde pour l'instant à l'Etat français.
A 10h10 (heure suisse), BNP Paribas lâchait 5,65% à 29,34 euros Société Générale 5,36% à 19,1450 euros, Crédit agricole 2,93% à 4,9430 euros et Natixis 4,67% à 2,1830 euros. Dexia, sauvée la semaine dernière par les Etats français, belge et luxembourgeois, chutait de plus de 11%.
L'annonce de Moody's pèse a double titre sur les banques françaises car «si les agences de notations dégradent la signature française, elles feraient probablement de même pour les banques, avec ce que cela entraînerait sur leurs coûts de financement», explique Christophe Nijdam, analyste financier chez Alphavalue.
Et «si jamais la note est dégradée, Paris empruntera plus difficilement sur les marchés, ce qui logiquement pénalisera en premier lieu les grandes banques françaises», souligne Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.