Morges (VD)Chantier fermé: les locataires d’un immeuble vivent l’enfer
Les travaux menés dans un bâtiment ont été arrêtés net par la commune, à cause d’irrégularités en matière de sécurité. Des habitants sont en galère depuis près d’un mois.
«C’est une catastrophe! Ça fait un mois qu’on attend des nouvelles sans en obtenir!» Toilettes et douches aménagées provisoirement dans le local à vélos du sous-sol, cuisines improvisées dans les salons et appartements pleins de poussière, c’est ce que subissent des locataires d’un immeuble de Morges (VD). Commencés en juin, les travaux de rénovation menés dans les salles de bains et cuisines, et à l’extérieur de ce bâtiment de 16 logements, ont été stoppés net par la commune, le 16 août.
«D’importantes irrégularités»
«Un bureau externe mandaté par la Municipalité a fait état d’irrégularités importantes en matière de sécurité pour les ouvriers et les locataires. Le danger était imminent», explique Laure Jaton, municipale en charge de l’urbanisme et des constructions. L’élue, qui a rarement vu de tels problèmes sur un chantier, parle d’échafaudages avec de graves défauts, de zones d’habitation et de chantier mal délimitées, d’une cage escalier encombrée et de risques d’incendie.
«La situation est vraiment difficile pour les habitants de l’immeuble. Mais au niveau du droit du bail, la commune n’a pas les compétences pour agir davantage en faveur des locataires», complète la socialiste. Six foyers doivent composer sans cuisine ou sans salle de bains. «Même les animaux de la SPA sont mieux traités!» s’insurge une locataire.
Un arrêt jugé «disproportionné»
«On n’aurait jamais pensé que l’arrêt du chantier soit si contraignant et que ça soit si long», se défend Julien Kern, directeur de la gérance Fidi SA, qui juge la mesure disproportionnée. «Le chantier aurait pu reprendre partiellement pour que le travail puisse se faire dans les trois appartements vacants, qu’on voulait mettre à la disposition des locataires lésés», poursuit celui qui parle aussi au nom des propriétaires privés de l’immeuble.
Le directeur des travaux, Killian Cordey de AK Architecture, renchérit: «On n’a reçu que jeudi un document détaillant les points reprochés, alors que ces améliorations auraient pu être faites en une demi-journée.» Il pointe une mauvaise communication entre les parties, et «la lenteur administrative n’a pas aidé».
Le chantier intérieur pourrait reprendre dans le courant de la semaine. «On a commandé un Portakabin équipé pour améliorer le confort des locataires, en renfort des logements vacants», promet Julien Kern.
Réduction de loyer et indemnités
Ces locataires bénéficient d’une réduction de loyer de 25% pendant les travaux. Mais «le fait que la gêne occasionnée dure ouvre le droit à une réduction plus importante, note Fabrice Berney, secrétaire général d’Asloca Vaud. Les locataires doivent documenter les gênes liées aux travaux, avec les horaires. Cela peut être décisif en cas de procédure. Et ils peuvent aussi ouvrir une action pour dommages et intérêts, si la situation devient invivable, et demander au bailleur d’être relogés».