«Sous la peau»Nés dans le mauvais genre, ces jeunes témoignent
Un cinéaste genevois a suivi le parcours de transition de trois transgenres, avec les bouleversements qui en découlent. Superbe.
- par
- Marine Guillain
«C'est une histoire bien trop importante pour ne pas en faire un film», annonce Robin Harsch. Et il a bien raison. Après une excellente première scène où le cinéaste filme ses gosses tout petits, l'un disant sans complexe qu'il préférerait être une fille qu'un garçon, sa caméra se dirige vers trois jeunes transgenres.
C'est lorsque sa meilleure amie, à l'époque directrice de Dialogai, l'a informé que l'association allait ouvrir un centre d'accueil pour jeunes LGBTQI+ en difficulté que Robin a trouvé le coeur de son documentaire, «Sous la peau». Au Refuge, il a pu rencontrer Logan, Söan et Effie Alexandra. Tout au long du tournage, le cinéaste genevois a tenté de mettre de côté son éducation binaire pour comprendre ce que ces trois protagonistes traversaient: en famille, à l'école, dans la rue, lors de démarches administratives longues et compliquées pour changer de prénom, avec leur transformation physique et les opérations chirurgicales qu'ils et elle entreprennent.
Le fil rouge passe par le Refuge Genève et sa coordinatrice Alexia, qui accompagne ces jeunes dans les différentes étapes. Le doc renseigne aussi sur des statistiques internationales affolantes: Plus de 70% des jeunes trans ont ou ont eu des idées suicidaires, et un tiers passe à l'acte ou fait une tentative.
Une merveille de tolérance
Le parcours des trois protagonistes de «Sous la peau», emplis et emplie de lumière et de vitalité, captive. Leur discours, leur courage et leur sagesse bluffent. Il en va de même pour le point de vue tout en mesure des parents que Robin Harsch est parvenu à convaincre de témoigner. Les paroles de la mère de Söan sont complètement bouleversantes. On dit souvent que la nature fait bien les choses. C'est vrai, souvent. Mais pas dans ce cas, où si injustement, certains naissent avec une assignation de genre qui n'est pas la leur. Il faut aller voir «Sous la peau». D'abord parce que ça se passe ici, en Suisse. Ensuite, parce que ce récit est empli de délicatesse et de sincérité. Et surtout, parce que c'est une petite merveille de tolérance, aussi touchante qu'édifiante.
Sélectionné en compétition au FIFDH (qui a annoncé son annulation la semaine passée), «Sous la peau» fera l'objet de séances spéciales en présence du réalisateur et d'invités ce mardi à 20h au Zinema (Lausanne), puis le 17 mars à 20h au Cinéma Minimum (Neuchâtel), le 18 mars à 20h au Cinéma ABC (La Chaux-de-Fonds) et le 22 mars à 18h au Cinéma d'Oron (VD).

«Sous la peau»
De Robin Harsch. Sortie mercredi 11 mars 2020. ****