L'OréalNestlé veut résilier le pacte avec les Bettencourt
Nestlé ne reconduira pas en 2014 le pacte d'actionnaires qui lie le groupe à la famille Bettencourt au sujet de leurs participations dans le groupe français de cosmétiques l'Oréal
Le pacte prévoit un droit de préemption jusqu'à l'échéance d'avril 2014 si l'un des deux signataires, Nestlé ou la famille Bettencourt, venait à vendre ses parts dans L'Oréal. Il interdit toutefois à Nestlé (29,4% de l'Oréal) ou à la famille Bettencourt (un peu plus de 30%) d'accroître leur part dans L'Oréal jusqu'à 6 mois après le décès de Liliane Bettencourt, fille du fondateur du numéro un mondial des cosmétiques, Eugène Schueller.
Dans une interview à paraître jeudi dans le journal alémanique «Handelszeitung», Peter Brabeck dit que «le droit de préemption ne sera pas prolongé, c'est clair». Il explique cette décision par le fait que cette clause a entraîné par le passé une moins-value, «à laquelle nous n'avons en tant qu'investisseurs aucun intérêt».
Le président du conseil d'administration de Nestlé reste toutefois vague sur les intentions du groupe . «Nous voulons avoir toutes les options sur la table, y compris un statu quo.» Et d'ajouter qu'«il n'y aura pas beaucoup de changements en 2014. Seule la valeur intrinsèque de notre participation augmentera, parce que le droit de préemption aura disparu».
Statu quo au moins provisoire
Une hausse de la participation de Nestlé, de même qu'une vente de la part détenue par le groupe vaudois, ne semblent pour l'heure pas à l'ordre du jour. «En vertu du pacte actuel, nous ne pouvons pour l'heure pas nous renforcer (dans l'Oréal). Nous avons trois personnes au conseil d'administration (et) bien représentés», a dit M. Brabeck.
La semaine dernière, la famille Bettencourt a pour sa part réaffirmé qu'elle n'entendait pas céder sa participation dans le groupe de cosmétiques.
L'Oréal a dégagé en 2012 un bénéfice net de 2,87 milliards d'euros (3,5 milliards de francs), pour un chiffre d'affaires de 22,46 milliards. Nestlé a pour sa part dégagé un bénéfice net de 10,6 milliards de francs pour des ventes de 92,2 milliards. Son trésor de guerre bien garni - avec notamment 62 milliards de francs de fonds propres fin 2012 - lui permettrait des investissements conséquents.
Saga Bettencourt
La fortune de Liliane Bettencourt (90 ans), estimée à 17 milliards d'euros, fait l'objet d'une lutte féroce au sein du clan familial, une affaire qui est aussi devenue une véritable saga politico-judiciaire en France.
L'affaire avait été initiée en 2007 par une plainte de Françoise Meyers, fille de Liliane Bettencourt. Elle a depuis mis en cause nombre de personnalités éminentes du monde politique et judiciaire français, à commencer par l'ancien président Nicolas Sarkozy, qui auraient profité de la sénilité de la milliardaire pour lui soutirer de l'argent. (ats)