Suisse«Niet» à l'égalité des sexes au Conseil fédéral
L'initiative parlementaire verte réclamant une représentation équitable des sexes au sein du gouvernement n'a pas trouvé grâce aux yeux d'une commission du National.
- par
- Christine Talos

En 2011, le Conseil fédéral comptait 4 femmes et trois hommes, sans oublier la chancelière fédérale, considérée souvent comme le 8e ministre.
La majorité de la Commission des institutions politiques du National vient de rejeter l'initiative parlementaire Verte «Pour une représentation équitable des sexes au sein du Conseil fédéral». Cette initiative, déposée par la conseillère nationale Maya Graf (Verts/BL) demande que l'Assemblée fédérale tienne compte d'une représentation équitable des sexes lors de l'élection du Conseil fédéral, en plus de celle des diverses régions et communautés linguistiques.
Le texte a été rejeté par 16 voix contre 9, a indiqué la commission dans un communiqué paru jeudi. Si elle ne s'oppose aucunement à une meilleure représentation des femmes au sein du gouvernement, la commission estime qu'il s'agit là d'une revendication sociétale qui n'a pas sa place dans la Constitution, contrairement à la représentation des régions et des communautés linguistiques, qu'elle considère comme des facteurs essentiels pour la cohésion nationale, écrit-elle.
Plus de candidatures féminines
Pour la majorité de la commission, les partis doivent s'appliquer à présenter plus de candidatures féminines et à les soutenir efficacement, ceci afin que les femmes soient mieux représentées au Conseil fédéral.
Dans la foulée, la commission a également refusé par 18 voix contre 5 une autre initiative verte parlementaire, qui exige que chaque parti présente des listes de candidats au Conseil national comptant au moins un tiers d'hommes et un tiers de femmes.
La majorité considère que les partis doivent être libres de composer leurs listes comme ils le souhaitent afin de pouvoir trouver une solution optimale en tenant compte de leurs besoins ainsi que de la situation dans leur canton. Selon elle, accorder aux femmes de bonnes places dans les listes électorales est parfois plus efficace que de les inscrire en grand nombre sur ces listes.
Pour la minorité, l'expérience a montré que tous les partis ne font pas volontairement des efforts suffisants pour assurer une représentation équilibrée des sexes sur leurs listes. La part des femmes se monte actuellement à 33% au Conseil national et à 15% au Conseil des Etats.
«La bonne volonté ne suffit pas»
Ce double rejet a fait réagir l'auteur de initiative. Pour Maya Graf, la déception est grande. «Si, au Conseil fédéral, la population féminine est sous-représentée, comment sommes-nous supposés atteindre l'égalité ailleurs ? La bonne volonté seule ne suffit pas pour représenter équitablement les sexes. Il faut donc inscrire ce nouveau critère noir sur blanc dans la Constitution», a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Le Parti socialiste a également réagi et se fâche: le PS ne montre absolument aucune compréhension face à l'attitude du camp bourgeois. «Une fois de plus, la majorité bourgeoise montre le peu de cas qu'elle fait des légitimes aspirations des femmes. (...) Les partis de droite combattent toutes les propositions en faveur de davantage d'égalité des sexes», critique la conseillère nationale Valérie Piller Carrard (FR).
Pour le PS, la concordance ne s'arrête pas aux langues et aux régions : dans un pays moderne, qui prend l'égalité des sexes véritablement au sérieux, alors les sexes doivent eux aussi être équitablement représentés au sein du gouvernement.