Nidwald: Non à la suppression du français à l'école primaire

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NidwaldNon à la suppression du français à l'école primaire

Les citoyens du demi-canton étaient les premiers à se prononcer en Suisse alémanique sur le maintien ou non de l'enseignement du français à l'école primaire.

Le français continuera à être enseigné à l'école primaire dans le canton de Nidwald. Les citoyens ont clairement refusé dimanche une initiative de l'UDC exigeant l'enseignement d'une seule langue étrangère à l'école primaire. Le vote est salué en Suisse romande, tout comme par la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique.

L'initiative a été rejetée par 61,72 % des votants (9165 voix contre 5684). La participation a atteint 50,17 %.

Pour l'UDC de Nidwald, les écoliers sont dépassés par l'apprentissage de deux langues étrangères à l'école primaire. Le parti est d'avis qu'il faut plutôt renforcer l'allemand et les mathématiques.

Le gouvernement nidwaldien avait apporté son soutien à l'initiative. L'exécutif proposait de repousser l'enseignement du français à la 7e année et d'augmenter le nombre d'heures d'enseignement de la langue de Molière.

Isolement

Le parlement nidwaldien avait en revanche recommandé de rejeter l'initiative de l'UDC. Selon le législatif, supprimer le français à l'école primaire aurait isolé Nidwald par rapport à ses voisins qui suivent le modèle 3/5 (anglais dès la 3e année et français dès la 5e).

Les opposants à l'initiative estiment qu'un oui aurait pu contribuer à affaiblir la cohésion nationale. L'UDC nidwaldienne a réfuté cet argument: pour renforcer la cohésion, il faudrait miser sur l'enseignement de l'histoire.

Le vote nidwaldien intervient alors que le débat est lancé depuis plusieurs années en Suisse alémanique sur l'enseignement du français à l'école primaire.

Soutien du peuple

«La clarté du score est impressionnante», a dit à l'ats la conseillère d'Etat vaudoise Anne-Catherine Lyon, présidente de la Conférence intercantonale de l'instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP). Elle a aussi relevé que chaque fois que le peuple, comme à Zurich, et maintenant à Nidwald, a dû se prononcer sur l'enseignement du français en primaire, il a toujours dit oui.

Plusieurs jeunes politiciens ont aussi salué le vote des Nidwaldiens via twitter. «Nidwald fait un choix très suisse: celui du respect des minorités. Et quelle gifle pour l'UDC», écrit le conseiller national Jean Christophe Schwaab (PS/VD).

Le co-président des Jeunes Vert-e-s Suisses, Ilias Panchard, abonde. «Le choix de Nidwald est une très bonne nouvelle pour la cohésion. Un signal clair aux prochains cantons alémaniques à se prononcer».

Yannick Buttet, conseiller national (PDC/VS), de son côté, remercie les Nidwaldiens en allemand: «Ich danke und gratuliere Nidwaldener Freunden für das heutige Abstimmungsresultat».

De surcroît, la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP) souligne que Nidwald a réaffirmé son soutien à la solution adoptée par les cantons il y a dix ans pour l'enseignement des langues. Quant à Nidwald, il relève que l«enseignement des langues continuera de s'appuyer sur la stratégie de la CDIP.

Lucerne et les Grisons

Mais la partie n'est pas encore gagnée partout. Des initiatives ont abouti dans les cantons de Lucerne et des Grisons pour exiger l'enseignement d'une seule langue étrangère au primaire. Dans plusieurs autres cantons, le plan d'enseignement prévoyant deux langues étrangères à l'école primaire est contesté.

Avec ce non, Nidwald conserve le modèle 3/5. D'autres s'en sont déjà éloignés. A Uri, la deuxième langue enseignée facultativement dès la 5e année est l'italien. A Appenzell Rhodes-Intérieures, le français n'est enseigné que dès la 7e année. L'Argovie n'applique pas encore le modèle 3/5 et la Thurgovie veut en sortir.

Les cantons qui appliquent actuellement le modèle 3/5 sont Nidwald, Lucerne, Schwyz, Obwald, Zoug, St-Gall, Appenzell Rhodes-Extérieures, Schaffhouse et Glaris. A Zurich, l'anglais est enseigné dès la 2e année.

Dans les cantons de Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Soleure, ainsi que dans les parties germanophones des cantons de Berne, Fribourg et du Valais, le français est enseigné dès la 3e année primaire. L'anglais intervient en 5e année.

Colère romande

En août 2014, la décision du parlement thurgovien de supprimer l'enseignement du français au niveau primaire a provoqué la colère des cantons romands. A fin août, la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique a confirmé par 22 voix contre 2 son attachement à l'enseignement d'une deuxième langue nationale et de l'anglais à l'école primaire.

Le conseiller fédéral Alain Berset s'est aussi immiscé dans le débat. Si l'enseignement d'une langue nationale en primaire devait être sacrifié, la Confédération interviendra. En cas de demande des cantons, le Conseil fédéral pourrait par exemple rédiger «une déclaration de force obligatoire générale du concordat Harmos sous forme d'un arrêté fédéral».

Modification de la loi

En décembre, la commission de l'éducation du Conseil national a décidé par 7 voix contre 4 et 11 abstentions de modifier la loi sur les langues. Elle estime que les écoliers devraient apprendre une deuxième langue nationale avant l'anglais. (ats)

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